Baisse du prix du gaz : pourquoi vos factures d'énergie restent toujours aussi élevées ?
Le prix du gaz sur les marchés mondiaux poursuit sa baisse et vient de retrouver les niveaux d’avant 2022,tandis que de son côté, le bouclier tarifaire sur le gaz est maintenu pour les particuliers et quelques petites entreprises jusqu’au 30 juin 2023. De quoi imaginer une baisse providentielle des factures finales pour des milliers d’abonnés. Seulement, si la tendance baissière est encourageante, celle-ci doit encore perdurer pour que les particuliers puissent en bénéficier. Quelques explications.
Baisse du prix du gaz : retour à un tarif d’avant guerre en Ukraine
Le prix du gaz poursuit la baisse entamée à la fin de l’année 2022. Dès la mi-décembre le prix de vente sur les marchés de gros avait déjà diminué de moitié par rapport à l’été précédent. Durant la période estivale, le prix d’achat avait en effet atteint des records, avec une moyenne d’environ 300 euros le mégawattheure à la fin du mois d’août 2022.
Depuis, l'évolution positive des prix s’est maintenue durant le premier trimestre 2023. La dernière semaine de mars 2023, le prix du mégawattheure (MWh) était d’environ 40 euros, retrouvant ainsi les niveaux connus avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Cette baisse continue du prix du gaz est liée à plusieurs facteurs :
- Les températures ont été clémentes cet hiver et ont permis une réduction des besoins en gaz.
- Les efforts de sobriété énergétique ont permis une diminution de la demande des particuliers.
- Enfin, il faut souligner l’augmentation des stocks de gaz en Europe et notamment en France durant l’automne-hiver 2022. Ainsi que la diversification des fournisseurs pour pallier la baisse des importations de gaz russe.
La baisse est donc une excellente nouvelle pour les fournisseurs d’énergie ainsi que pour l’État. En effet, les premiers peuvent ainsi reconstituer les stocks de gaz à des prix plus raisonnables, du moins à l’heure actuelle. De son côté, l’État, qui a décidé de renouveler le bouclier tarifaire pour le gaz depuis le 1er janvier 2023 (jusqu’au 30 juin 2023), est ainsi en mesure de réduire les compensations distribuées aux fournisseurs d’énergie.
Les prix du gaz actuels sont protégés par le bouclier tarifaire avec un plafonnement de la hausse des prix à 15% TTC. Cette mesure est directement appliquée sur les factures finales de gaz reçues par les particuliers. L’État est responsable des pertes connues par les fournisseurs d’énergie et se charge donc de les dédommager. Ainsi, la chute du prix du gaz devrait directement générer une différence moins conséquente entre les coûts d’approvisionnement et le prix de vente aux particuliers.
Les particuliers ne ressentiront pas la baisse immédiatement
Qu’en est-il des factures de gaz des ménages français ? Malgré une évolution favorable des prix du gaz, les factures des ménages français n’ont pas pu bénéficier cet hiver de tarifs plus cléments. La première raison est le contexte d’approvisionnement du gaz par les fournisseurs d’énergie.
Les stocks de gaz actuels ont été remplis au moment où le prix de vente du gaz sur les marchés de gros était bien plus élevé. Les fournisseurs d’énergie qui ne veulent pas vendre à perte maintiennent des tarifs élevés pour compenser les achats effectués antérieurement. Le prix de revente est calculé en fonction du prix d’achat moyen sur les six derniers mois. Or, la baisse des prix du gaz n’a pu être observée qu’à la fin de l’année 2022. Le gaz actuellement vendu dépend donc d’une période "mixte", oscillant entre prix du gaz extrêmement élevés et tarifs allant progressivement vers des niveaux plus bas.
Il est également important de prendre en compte le cas des 50% de ménages en France ayant souscrit à une offre à prix fixe. Sur ce type d’offre, le prix du kilowattheure HT est celui négocié en début de contrat, il demeure identique durant toute la durée d’engagement. Ces contrats fixes durent en moyenne entre 1 et 4 ans et peuvent être renégociés à leur échéance. Si ce type d’offre a l’avantage de ne pas présenter de hausses soudaines, à l’inverse, impossible de bénéficier des baisses, du moins pas à court terme.
Ainsi, les factures des particuliers ne bénéficieront pas pour l'heure des nouvelles tendances du marché de gros du gaz. En revanche, elles éviteront une hausse plus élevée que celle prévue en début d’année. Du moins si la situation mondiale demeure stable.
Que représente le prix du gaz payé par les particuliers ?
Il est également intéressant de décortiquer la composition du prix du gaz sur la facture finale des particuliers. On s’aperçoit alors que le prix appliqué sur les marchés de gros ne représente que 35% de la facture finale reçue par les ménages. Le prix que paye un particulier est composé de trois facteurs, qui peuvent jouer sur son montant :
- Le prix d’achat brut ;
- L'acheminement du gaz ;
- La fiscalité.
En résumé, même avec des fluctuations de prix du gaz, il demeure d’autres coûts immuables à assumer dans la consommation énergétique.
Si la composition du prix affiché sur les factures finales des particuliers ne changera pas, les conditions de vente du gaz, elles oui. Mis à part les fluctuations des marchés mondiaux, la France a fait le choix de mettre un terme le 30 juin prochain au tarif réglementé du gaz (TRVG). Environ un quart des consommateurs français bénéficient encore d’une offre de gaz au TRV.
Cette échéance ne fera ni baisser, ni augmenter le prix du gaz en France, mais devrait pousser certains consommateurs à changer d'offre d'énergie. Là encore, les consommateurs qui souscriront une offre fixe ne subiront pas les fluctuations mensuelles ou trimestrielles du prix du gaz.