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Irrégularités de l'EPR de Flamanville : des écarts constatés chez Creusot Forge dès 2005

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L'Autorité de sûreté nucléaire connaissait, dès 2005, les problèmes de qualité du site de Creusot Forge, selon des courriers révélés par France Inter.

L'ASN et EDF savaient depuis plus de dix ans

Alors que les résultats des tests de résistance de la cuve de l'EPR de Flamanville devraient bientôt être publiés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), une lettre adressée à EDF du 16 décembre 2005 indique qu'elle avait eu connaissance d'irrégularités de qualité et de surveillance de la part du forgeron de la cuve presque un an avant la fabrication de celle-ci.

Dans un second courrier de relance début 2006, elle requérait une inspection du site. C'était à l'issue de celle-ci que, suivant l'avis de l'ASN, Areva avait décidé de racheter les usines de Creusot Forge et de Creusot Mécanique pour un montant de 170 millions d'euros. Si 200 millions ont été investis depuis sur le site, les améliorations ne semblent être intervenues qu'à partir de 2008, date à laquelle le destin de la cuve était déjà scellé à celui du forgeron.

Des conséquences sur la sûreté de l'EPR

Alors que la cuve était posée fin janvier 2014, des essais menés par Areva sur la composition du couvercle d'une cuve semblable à celle de l'EPR révélaient en certains endroits un taux de carbone proche de 0,3% contre les 0,2% attendus. Ceci pourrait réduire ses capacités de résistance. Ces résultats avaient été publiés par l'ASN en avril 2015.

Un risque financier pour EDF

Suite à cette révélation, la question se pose de la qualité des nombreuses autres pièces sorties de Creusot Forge depuis 60 ans et qui sont aujourd'hui utilisées dans des installations nucléaires. Depuis 2014, EDF et Areva poursuivent un audit sur près de 6000 dossiers et 4000 essais. L'ampleur du dysfonctionnement qu'ils risquent de trouver pourrait leur coûter cher. L'acquisition par EDF de la filiale Areva NP, qui a été pensé comme le plan de sauvetage d'Areva, est en effet notamment conditionnée à « la finalisation et la conclusion satisfaisante des audits qualité dans les usines du Creusot ». Areva NP avait alors été valorisée à 2,5 milliards d'euros.

Pour rappel, la dernière estimation du coût de l'EPR est de 10,5 milliards d'euros, contre les 3,3 milliards d'euros qui avaient été estimés à sa conception en 2004. Entre temps, les nombreuses malfaçons et accidents du travail dissimulés ont rallongé la durée de construction et lourdement alourdi la facture.

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