Électricité : pourquoi EDF va devoir baisser et remonter la production de ses centrales sans arrêt

Par Lucas Villiard

Rédacteur énergie

Alors que l'Agence internationale de l'énergie annonce un nouveau record historique de consommation de charbon, tiré notamment par une reprise surprenante aux États-Unis, la France tente d'adapter son vieux parc nucléaire à la flexibilité des renouvelables. RTE prévient : nos réacteurs vont devoir "danser" comme jamais auparavant pour éviter la saturation. En parallèle, l'État durcit le ton sur les économies d'énergie avec des objectifs CEE ambitieux, tandis que l'intelligence artificielle s'impose comme le nouvel ogre vorace du réseau électrique. Selectra décrypte l'actualité énergie de ce 17 décembre 2025.

France : Adaptation du réseau et fin de l'urgence

• L'IA, nouvel ogre énergétique : L'Autorité de la concurrence tire la sonnette d'alarme. La consommation des centres de données en France pourrait atteindre 28 TWh en 2035 (soit 4 % de la consommation nationale). L'institution pointe trois enjeux majeurs : l'accès critique à l'énergie, la nécessité de faire de la "frugalité" un critère concurrentiel et l'urgence de standardiser la mesure de l'empreinte carbone de l'IA. Lire l'avis de l'Autorité
• CEE : Cap sur la 6ème période : Le ministère de la Transition écologique a dévoilé les contours de la période 2026-2030 (P6) des Certificats d'Économies d'Énergie. L'obligation annuelle est fixée à 1 050 TWhc, un objectif élevé qui s'accompagnera d'un renforcement drastique des contrôles pour assainir un marché miné par les fraudes. La 5ème période se clôture quant à elle sur un dépassement des objectifs. Détails de la P6
• Clap de fin au Havre : C'est officiel, le terminal méthanier flottant du Havre, symbole de la crise gazière de 2022, ferme ses portes. Inutilisé depuis août 2024, il ne répondait plus aux critères légaux de sécurité d'approvisionnement, selon un décret publié au Journal Officiel. Voir le décret
• Rénovation des bâtiments publics : Le Conseil supérieur de l'énergie examine demain deux textes clés définissant les objectifs de consommation et les niveaux de performance à atteindre pour les organismes publics, précisant la méthode de calcul pour les années à venir. Consulter le projet de décret

Europe : Régulations climatiques et protectionnisme vert

• Taxe carbone étendue : La Commission européenne envisage d'élargir son mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) dès 2028. Sont visés les produits finis riches en acier ou aluminium, comme les voitures, les réfrigérateurs et les composants industriels, pour éviter les fuites de carbone via l'importation de produits transformés. Le projet de texte
• Empreinte carbone du bâtiment : Bruxelles impose le calcul "cycle de vie". Dès 2028, tous les bâtiments neufs de plus de 1 000 m² devront afficher leur empreinte carbone complète (construction, usage, démolition) dans leur DPE, poussant l'usage de matériaux bas carbone comme le bois. La nouvelle méthodologie
• Reporting allégé ? : Le Parlement européen a validé un accord sur le reporting de durabilité des entreprises qui supprime l'obligation d'établir des plans climatiques formels, une mesure de simplification administrative qui fait grincer des dents côté ONG. Lire le communiqué
• Méthane importé : La Commission veut certifier le méthane des énergies fossiles importées. Des experts alertent cependant : une certification nationale (type États-Unis) serait inefficace. Seule une approche par bassin de production ou un système "trace-and-claim" permettrait de réduire réellement les fuites (jusqu'à 250 000 tonnes évitées/an). L'étude d'impact

Marchés Mondiaux : Le fossile fait de la résistance

• Record de charbon : La transition attendra. L'AIE annonce que la consommation mondiale de charbon atteindra un pic historique de 8,85 milliards de tonnes en 2025 (+0,5 %). Si l'UE réduit sa consommation de 3 %, les États-Unis surprennent avec une hausse de 8 %, portés par le contexte politique et les prix du gaz. Rapport AIE
• GNL, la demande repart : Les experts anticipent une hausse des importations de GNL en Europe (entre 157 et 218 milliards de m³) et en Asie pour 2026. Cette reprise de la demande maintient une pression constante sur les prix mondiaux du gaz. Analyse Montel