Le gaz vert dans les bons tuyaux de l’industrie
GRTgaz, la filiale d’Engie (ex GDF-Suez) qui détient la majorité des gazoducs français, a injecté du gaz bio produit en Saône-et-Loire dans ses conduits jeudi 17 septembre. Le projet a nécessité dix ans de préparation et devrait être le premier d’une longue lignée.
Jour d’inauguration sur le réseau de gaz français. Jeudi 17 septembre, GRTgaz, filiale d’Engie contrôlant la majorité des gazoducs français, a procédé à l’injection de biométhane dans le réseau. Le gaz vert a été produit dans l’usine de traitement des déchets ménagers locaux de Chagny, en Saône-et-Loire, une première.
Une production équivalente à la consommation de 2500 logements
Le site produira chaque année 28 gigawatts-heures par an, soit la consommation de 2500 foyers chauffés au gaz. Mais le biométhane n’aura pour l’instant qu’un seul acheteur : l’industriel Terreal, dont l’usine de tuiles se trouve d'ailleurs à quelques kilomètres de la zone de production du gaz vert . “Nous cuisons nos produits à 1000 degrés, notre consommation est énorme”, explique François Amzulesco, directeur de l’innovation chez Terreal. L’entreprise explique avoir fait le choix du biogaz il y a dix ans, lorsque la nécessite de réduire les émissions de CO2 s’est imposée aux industriels.
Le plus gros projet de production de gaz bio de France
Dix ans de préparation, 44 millions d’euros investis : le biométhane de Chagny est le résultat d’un travail de longue haleine. La quantité de gaz produite reste toutefois modeste comparée aux besoins de la population et de l’économie. La demande est pourtant là : Carrefour et Ikea utilisent déjà du biométhane pour leur véhicules, la ville de Bourg-en-Bresse impose déjà une part de 3% de gaz bio dans sa fourniture annuelle. 14 installations de production sont aujourd’hui opérationnelles en France. Plus petites que celle de Saône-et-Loire, elles injectent leur gaz vert dans le réseau de Grdf, dont les conduits sont plus réduits.
Investisseurs et riverains méfiants envers le biométhane

Une site de retraitement des déchets produisant du gaz bio, à Lübeck, en Allemagne. A partir de 2016, de nombreux sites similaires devraient voir le jour en France.
L’intérêt des industriels et des fournisseurs pour le biométhane rencontre toutefois deux obstacles : le scepticisme des banques et les oppositions de riverains. Les financiers rechignent à apporter des financements malgré les 400 projets à l’étude chez le gestionnaire du réseau de gaz. Quant aux habitants voisins des sites de production, ils craignent les odeurs intempestives dégagées par les amas de déchets et les émanations de gaz. Grdf estime toutefois que “trois à cinq projets se concrétiseront sur son réseau chaque année d’ici 2016”.