Cession de centrales thermiques : Engie précise sa stratégie pour une nouvelle donne énergétique
L'énergéticien Engie négocie la cession d'activités de production d'énergie thermique, et amorce une stratégie de rotation vers les énergies vertes annoncée pour la première fois il y a deux ans.
Le groupe Engie va céder une partie de ses centrales thermiques aux Etats-Unis, pour l'essentiel des centrales à gaz, pour l'équivalent de 10 GW soit 10 petits réacteurs nucléaires. Les négociations, qui seraient "bien avancées" selon une source proche du groupe citée par Les Echos, pourraient aboutir à un accord pour un prix de 3 à 5 milliards de dollars.
Des centrales seraient aussi concernées en Europe, où Engie dispose de 20 GW de capacités de production thermiques. Sur le continent, les centrales à charbon sont concernées en priorité, mais les centrales à gaz sont aussi touchées, ces installations s’avérant aujourd’hui peu rentables du fait de la concurrence des centrales à charbon. Engie semble donc s’engager sur la même voie que les énergéticiens allemands E.ON et RWE, qui s’appliquent depuis plusieurs années à revendre leurs actifs thermiques et nucléaires devenus moins rentables suite à la montée des énergies renouvelables.
L'application de la nouvelle stratégie "verte"
Cette annonce s'inscrit dans la nouvelle stratégie d'Engie, qui cherche désormais à se tourner vers les énergies vertes et les services à l'énergie au détriment des énergies fossiles. Au mois d'août, le groupe avait engagé des discussions pour la cession de centrales au charbon en Asie, un signal par la suite renforcé par l'annonce qu'Engie n'investirait plus dans le charbon à l'avenir. Parallèlement, en septembre, le groupe s'était porté acquéreur de TSC Group Holdings, une entreprise australienne de solutions énergétiques.
Pour Engie qui était hier encore avant tout un géant du gaz, les motivations à l'origine de ce changement de cap sont d'abord économiques. Dans les économies matures telles que l'Europe et les Etats-Unis, les énergies vertes sont subventionnées par les Etats sous la forme de contrats d'achat, lesquels procurent à leurs propriétaires une meilleure visibilité sur la durée. Les centrales à énergies fossiles, en comparaison, peuvent présenter des risques élevés liés aux variations des prix des combustibles et aux coûts d'exploitation.
Certains bureaux d’analyse prévoient une rotation de porte-feuille de l’ordre de 10 à 15 milliards d’euros en faveur d’actifs “verts”. Engie n’a fait aucune annonce à l’heure actuelle sur la façon dont le groupe compte dépenser le cash résultant des cessions. Il est cependant possible qu’il débourse entre 5 et 6 milliards d’euros pour faire passer de 33,7% à 100% ses parts dans Suez, un groupe spécialisé dans les services à l’environnement.