Huawei banni d'Android de Google : quelles conséquences pour les utilisateurs ?
Persuadé de la mauvaise foi de Huawei sur des questions d'espionnage international, Donald Trump a cette fois signé un décret d'urgence nationale, le 15 mai, interdisant aux entreprises de nouvelles technologies américaines, dont Google, de travailler avec des sociétés de télécommunications présentant un risque pour la sécurité... Nous faisons le point sur la situation.
Huawei directement visé par le décret américain : les relations entre Huawei et Google compromises
La guerre économique entre les Etats-Unis et la Chine continue, avec encore une fois, Huawei au milieu. Oui, de nouveau, c'est le fabriquant chinois de smartphones, qui est le plus durement touché par les réticences des Etats-Unis vis-à-vis de l'étendue commerciale de la Chine. Voici les principales étapes du décret américain signé par Donald Trump :
- Le numéro 2 dans les ventes de smartphones a perdu la licence lui permettant d'utiliser Android et les services de Google associés, autrement dit le constructeur chinois ne pourra plus se servir ni proposer aucun service de Google sur ses smartphones : le Google Play Store (magasin d'applications de Google présent sur tous les smartphones Android), Youtube, Youtube Music Premium (l'application de musique en streaming lancée par Youtube l'été dernier), Gmail, Google Maps etc.
- Le gouvernement américain a pour l'instant donné un sursis de trois mois à l'entreprise chinoise, ce qui signifie que les utilisateurs d'un smartphone et/ou d'une tablette Huawei pourront effectuer les mises à jour nécessaires au bon fonctionnement et à la sécurité de leurs appareils pendant cette période.
- Ce sursis exclut en revanche l'installation de la nouvelle version Android Q qui devrait arriver dans les prochains mois.
- Une fois cette période passée, Android deviendra en quelque sorte obsolète sur les smartphones Huawei, et cela dans le monde entier. A noter qu'en Chine, Google (comme Facebook) n'est plus présent depuis 2011 mais Android détient plus de 90% des parts de marché sur les systèmes d'exploitation là-bas
Huawei banni d'Android de Google : quelles sont les conséquences pour les utilisateurs dans l'Union Européenne et en France ?
Sauf mesures contraires qui seraient prises à posteriori (tout est possible), comme il l'a été précisé plus haut, la cessation des activités entre Google et Huawei aura lieu sous 90 jours et ce pour tous les utilisateurs de Huawei dans le monde entier. Ces conséquences importantes sont justifiées par le fait que Huawei utilise massivement Android en Chine ainsi qu'à l'international.
Dans l'Union Européenne et donc en France, les utilisateurs de Huawei se servent des différentes générations d'Android installées automatiquement sur leurs terminaux. Mais ce n'est pas tout, contrairement à la Chine, les Européens (comme les américains) utilisent aussi naturellement tous les services proposés par Google, installés sur les appareils Huawei. La perte de cette licence pourrait signer l'arrêt définitif de l'installation d'Android, ses mises à jour et de toutes les applications Google. Il est possible que les conséquences soient plus graves de l'autre côté de l'Atlantique que dans l'Union européenne mais il est encore trop tôt pour préciser tous les effets de cette décision.
Pour celles et ceux qui se demandent s'il faut revendre son smartphone Huawei ou Honor (son autre filiale de smartphones) pour se tourner vers une marque concurrente, cela semble prématuré. En effet, des accords plus précis entre la Chine et les Etats-Unis et les marques impliquées pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines et modifier encore la situation actuelle.
Vous souhaitez effectuer des économies sur vos abonnements télécoms -forfaits mobiles et ou box internet- ?
Contactez Selectra pour qu'un conseiller vous oriente parmi les offres partenaires les plus compétitives, en fonction de votre éligibilité
Union Européenne : quelles sont les conséquences du décret anti-Huawei sur la construction des infrastructures en 4G et 5G ?
En France, Huawei est surtout connu par le grand public comme un constructeur de smartphones très populaire mais c'est aussi le plus grand constructeur et fournisseur d'infrastructures de réseaux, aussi bien pour les réseaux mobiles (3G, 4G...) que les réseaux fixes en fibre optique.
Cette deuxième fonction a été plus amplement dévoilée dans les médias notamment après le scandale en août dernier sur les risques d'espionnage de Huawei en Australie à travers ses matériels de réseaux (voir également les détails dans la chronologie des événements en bas de l'article).Jusqu'à présent, l'Union Européenne, et particulièrement le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, n'ont pas interdit à Huawei de travailler sur les infrastructures de réseaux européens. En effet, les trois pays considèrent qu'il est presque impossible de continuer la développement de la 4G et d'évoluer vers la 5G sans les interventions de Huawei. Le décret signé par l'administration pourrait changer la donne et accentuer la méfiance générale à l'égard du fournisseur de réseaux. Toutefois, pour Sébastien Soriano directeur de l'Arcep, régulateur des télécoms interrogé en conférence de oresse le 21 mai, il ne devrait pas y avoir de changements sur le calendrier pour la 5G en France (prévu pour commencer en 2020).
En France, une loi de prévention "Huawei" est en préparationAfin de répondre aux interrogations sur la sécurité (en matière d'espionnage) des réseaux de télécommunications dans l'Hexagone, l'Assemblée Nationale a choisi de plancher sur une loi protégeant la défense et la sécurité nationale dans les télécoms. Pour l'instant, cette législation devrait servir de pilier de protection mais n'interdit rien.
Huawei tient à rassurer ses utilisateurs en créant un système d'exploitation et d'un magasin d'applications "maison"
Non loin de vouloir se laisser faire, Huawei a répondu sans attendre aux Etats-Unis, notamment pour rassurer ses utilisateurs de smartphones et fans très nombreux (à titre indicatif en 2018, Huawei a vendu 200 millions de modèles dans le monde). Le fabriquant chinois avait déjà évoqué l'année dernière sa volonté de développer son propre système d'exploitation afin de se détacher peu à peu d'Android.
Ce rebondissement entraînerait la sortie d'un système d'exploitation "maison" Huawei beaucoup plus rapide que prévu. La marque chinoise aurait déposé le nom Hongmeng dans cet optique. L'outil abouti pourrait arriver dès la rentrée prochaine ou au printemps 2020 d'après les informations du journal chinois Caijing. Idem pour le magasin d'applications Huawei qui remplacera le GooglePlay Store.
A noter qu'il existe depuis avril dernier, selon le site d'informations américain Bloomeberg une application préembarquée de Huawei, l'AppGallery, sur les nouveaux modèles de smartphones Huawei et Honor, en plus de GooglePlay Store. Cette bibliothèque numérique "Made in Huawei" donne accès aux applications comme Youtube, Facebook ou encore WhatsApp. Il est en revanche impossible de savoir pour combien de temps les applications de Google seront présentes sur ce magasin d'applications.
Huawei n'a plus le droit de pré-installer les applications Facebook, Messenger, Instagram et WhatsappNouveau rebondissement dans l'affaire Huawei, le groupe a décidé, en suivant les directives des Etats-Unis (et en survolant le sursis de 90 jours) d'empêcher Huawei de pré-installer toutes ses applications : Facebook, Messenger, Instagram et Whatsapp sur tous les smartphones sortis d'usines. Mais cela ne concerne pas ceux qui sont déjà sur le marché tient à rassurer Huawei. De même, si ces applications ne seront plus automatiquement installées sur les nouveaux terminaux de la marque chinoise, les utilisateurs peuvent continuer à les télécharger via le Google PlayStore.
Vous souhaitez vous renseigner sur les forfaits avantageux du moment accompagné d'un smartphone ?
Pour économiser, le plus simple est d’acheter son mobile avec un nouveau forfait. Pour choisir un forfait partenaire adapté, appelez le 09 71 07 90 69 (rappel gratuit).
Souscrire par téléphoneDécret américain d'urgence nationale : une décision générale contre l'espionnage dans les télécommunications
Cela fait un moment que l'administration de Donald Trump a le géant chinois des télécommunications Huawei dans le collimateur, craignant, entre autres, la suprématie économique de l'Empire du Milieu et les risques d'espionnage. Le dernier événement en date n'est autre que la signature d'un décret américain d'urgence nationale signé par le président américain le 16 mai dernier à Washington. Cette décision interdit toute relation entre les entreprises américaines et les sociétés chinoises dans le domaine des télécommunications. Donald Trump a expliqué sa position en ces termes :
Les adversaires étrangers exploitent de plus en plus les failles de sécurité par les biais de technologies de communication, ce qui pourrait avoir des effets potentiellement catastrophiques (et donc représenterait une menace pour les Etats-Unis. Ndlr).
Ce décret général s'adresse donc aux entreprises américaines spécialisées dans les technologies liées à la téléphonie mobile telles que Qualcomm et Intel mais aussi bien entendu Google.
Cité en une dans tous les médias, Google est le premier acteur américain concerné par ce décret comme nous l'avons détaillé plus haut.Ces sociétés américaines n'ont donc plus le droit d'avoir des relations commerciales futures avec Huawei en premier lieu mais aussi, potentiellement, avec d'autres sociétés chinoises impliquées de près ou de loin dans des problématiques d'espionnage.
Si l'escalade des attaques économiques entre la Chine et les Etats-Unis ne cesse pas, il est tout à fait envisageable de voir d'autres géants américains comme Amazon ou Netflix appliquer des mesures similaires sur les smartphones de marque chinoise. En fait, cette situation n'a pas vraiment de limites aux Etats-Unis et par conséquent au sein de l'Union Européenne qui utilise à très grande échelle des services autant chinois qu'américains en matière de télécommunications.
- Petite chronologie pratique des scandales chinois dans les télécommunications au niveau international (sources Wikipédia, Le Monde, Le Figaro)
- Dès 2008, avec l'arrivée de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, des suspicions d'espionnage planent sur Huawei et plus généralement sur les entreprises chinoises implantées aux Etats-Unis dans les télécommunications. Méfiance donc mais aucune sanction concrète n'est prise à leur égard.
- En 2012, l'Australie interdit la construction par Huawei d'un câble de fibre optique dans le Pacifique les soupçonnant d'espionnage.
- Après une mise en garde du FBI et de la NSA, les Etats-Unis décident en avril 2018 de fermer définitivement la porte aux ventes de smartphones Huawei et ZTE sur leur territoire.
- En août 2018, les Australiens interdisent à Huawei et ZTE de construire des réseaux 5G dans leur pays, toutefois ils peuvent continuer à développer les réseaux 4G déjà bien implantés sur leur territoire.
- En décembre 2018, la fille du PDG de Huawei et directrice financière du groupe, Meng Wanzhou, est arrêtée au Canada à la demande de la justice américaine puis libérée après règlement d'une caution de 10 millions de dollars. Meng Wanzhou serait soupçonnée d'avoir violé des sanctions américaines contre l'Iran.
- Le 16 janvier 2019, la justice américaine ouvre une enquête criminelle contre Huawei d'après les informations du quotidien américain Washington Post. Huawei est accusé de vols commerciaux et technologiques.
- En mars 2019, Huawei répond aux accusations des américains et porte plainte directement contre les Etats-Unis, pour eux les attaques des Etats-Unis ne sont pas justifiées.
- Les députés français votent la loi "Huawei", elle doit maintenant être adoptée par le Sénat.
- Le 15 mai 2019, Donald Trump signe un décret interdisant aux réseaux de télécomunications des Etats-Unis de se fournir en équipements auprès de sociétés étrangères jugées à risque. Quelques jours plus tard, Google annonce la fin de ses relations avec Huawei avec un sursis de 90 jours.