Lignes haute tension

Augmentation des tarifs du 1er août 2015 : pourquoi la hausse des factures EDF ne s'arrêtera pas

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Votre facture d'électricité va encore grimper, après la hausse du 1er août 2015. L'augmentation, en moyenne, de 2,5% des tarifs de l'offre phare d'EDF ne devrait en effet pas être la dernière, en raison d'un rattrapage tarifaire rendu nécessaire par les moindres hausses imposées par l'Etat ces dernières années.

Les tarifs réglementés ont augmenté de 2,5% le 1er août

C'est désormais une habitude pour les clients d'EDF : chaque année, ils voient les prix de leur électricité augmenter un peu plus. Depuis le 1er août 2015, le tarif réglementé dit "bleu" — qui concerne les particuliers et les petits professionnels (moins de 36 kVA), a subi une hausse moyenne de 2,5 %, sur décision de la ministre de l'Ecologie et de l'Energie Ségolène Royal. Les tarifs jaunes et verts, qui concernent les professionnels à partir de 36 kVA, ont également augmenté, respectivement de 0,9% et 4%.

Une hausse de 8% un temps envisagée

Un choix qui, a priori, ne satisfait ni les principaux acteurs du marché ni les consommateurs. L'Etat a pourtant considérablement atténué la "douloureuse" réclamée par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Mi-juillet, ce régulateur indépendant avait calculé que la hausse des tarifs réglementés bleus (pour les particuliers et petits professionnels) devrait être comprise entre 3,5 % sur deux ans ou 8 % sur un an. La commission expliquait l'importance de cette augmentation par la nécessité de compenser l'insuffisance des hausses au cours des trois dernières années. En définitive, la hausse, pour les particuliers, n'est que de 2,5% ce 1er août, mais le rattrapage tarifaire est étalé sur 3 ans...

Tension sur les prix de l'électricité

En 2014, une nouvelle méthode de calcul des tarifs de l'électricité a été instaurée, imposant des hausses couvrant automatiquement un certain nombre de coûts définis par avance, comme la production, l'acheminement ou encore une marge raisonnable pour les acteurs du marché. Le système précédent reposait sur les coûts comptables d'EDF et l'État a régulièrement minimisé les hausses, ce qui a conduit le Conseil d'État à demander des hausses rétroactives.

Les Français paient la facture des gels tarifaires de ces dernières années

Sans l'effet de rattrapage, les tarifs réglementés auraient en fait baissé de 0,9% en moyenne pour les particuliers et de 1,6% pour les petits professionnels (tarifs bleus pros). Les gouvernements de droite comme de gauche, soucieux d'éviter ces augmentations très impopulaires, avaient toutefois décidé de hausses moins importantes que demandées ces dernières années : ce fut le cas en 2011 de François Fillon (1,7 % au lieu de 5%), ou encore de Jean-Marc Ayrault (2% en 2012 alors que la CRE avait calculé qu'une hausse de 5,7% était nécessaire pour couvrir les coûts d'EDF). Des limitations qui n'ont fait que reporter les augmentations aux années suivantes et qui essuient les critiques des fournisseurs privés.

Voir notre article de juillet 2014 "Augmentera, augmentera pas : cafouillage sur la hausse des tarifs réglementés d'EDF"

EDF, les fournisseurs alternatifs et les Français défavorisés

Ces limitations artificielles des hausses ne font que des perdants à moyen terme : EDF, pour qui le manque à gagner est conséquent, les Français, qui se retrouvent à payer l'addition avec quelques années de décalage et les fournisseurs alternatifs. Ces derniers estiment que les choix gouvernementaux sur les prix de l'électricité les défavorisent. En imposant des hausses du tarif réglementé qui ne correspondent pas à la véritable valeur de l'électricité, les abonnés ont été incités à préférer les tarifs d'EDF et non ceux proposés par les fournisseurs alternatifs, déjouant ainsi le principe de libre concurrence qui régit le marché de l'énergie depuis 2007. Regroupés dans l'Association Nationale des Opérateurs Détaillants en Énergie (ANODE), ils attaquent systématiquement chaque hausse décidée par le gouvernement devant le Conseil d'Etat, qui leur donne raison en imposant une augmentation rétroactive des tarifs réglementés.

A partir de décembre 2015, la donne s'inversera toutefois : ce sera à la Commission de régulation de l'énergie de décider des hausses des tarifs réglementés, après avis du gouvernement. Mais le gouvernement laissera-t-il vraiment le dernier mot au régulateur ?

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