Peut-on croire encore à la baisse du tarif bleu au 1er février 2025 ?

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Le TURPE : tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricitéLa Commission de Régulation de l'Energie vient d'annoncer que l'augmentation annuelle du tarif d'utilisation des réseaux d'électricité (TURPE) aurait lieu en novembre tout en proposant son report au 1er février 2025 pour les clients du tarif bleu. Les nuages s'amoncellent sur cette date fatidique de baisse annoncée du tarif réglementé, qui risque de fondre comme neige au soleil à cause des taxes.

Une baisse annoncée

Après les hausses successives du tarif réglementé liées à la crise de l'énergie (+57% par rapport à 2021 quand même), la tendance 2025 devait être à la baisse. Bruno Le Maire l'avait répété à plusieurs reprises. Il avait raison : le prix de la fourniture, qui compte pour environ 40% du prix TTC va baisser car il suit, en décalage, le prix du marché. Il va même baisser fortement. Sauf peut-être pour l'option Tempo, dont la CRE disait récemment qu'elle devrait se renchérir progressivement (source).

Le TURPE dans cette histoire

Evolution du TURPE 2024Tous les ans, au 1er août, on actualise le tarif qui finance Enedis et RTE (et leurs confrères locaux dits "ELD"), les gestionnaires de réseaux. Ces entreprises qui ont un monopole de service public connaissent elles aussi l'inflation et requièrent donc un alignement annuel de leurs recettes, réglementées. En raison de la baisse de la consommation, le coût du réseau, exprimé en € par kWh, est en hausse, nettement plus que l'inflation.

Mais au 1er août 2024, annoncer une hausse des prix de l'électricité n'est pas passé politiquement et le gouvernement démissionnaire a donc décidé d'ajourner celle-ci, laissant les gestionnaires de réseau sur leurs tarifs de l'année précédente. La Commission de Régulation de l'Energie, faisant son travail, propose donc une nouvelle fois d'appliquer l'augmentation annuelle au 1er novembre 2024. Mais cette fois-ci, elle propose de ne pas l'appliquer sur le tarif réglementé. C'est-à-dire que les 40% de foyers clients d'une offre de marché connaîtraient probablement cette hausse (environ 2% TTC) dès novembre, mais pour les clients du tarif réglementé, majoritaires, la hausse attendrait le 1er février 2025. Il est probable qu'EDF soit prié de financer le "bridge" de 3 mois.

Le fameux 1er février 2025

Ce 1er février 2025, le tarif réglementé connaîtra de nombreuses modifications :

  • hausse annoncée de l'accise sur l'électricité de 21€/MWh à 32€/MWh, ce qui représenterait environ 5% d'augmentation sur le prix du kWh TTC
  • baisse annoncée de la part fourniture. Les chiffres ne sont pas encore publics, mais on peut attendre une baisse de 15% du prix du kWh TTC
  • inclusion (enfin) de l'augmentation du TURPE d'août 2024, ce qui représenterait environ 2% d'augmentation sur le prix du kWh TTC

Tout bien considéré, cela resterait une baisse, et significative, puisque d'environ 8% (la CRE parle de 10%).

Mais c'est sans compter le plan laissé par le gouvernement démissionnaire sur le bureau de Michel Barnier. Révélé par Libération le 6 septembre dernier sous le nom de "taxe EDF", ce projet permettrait de trouver 2 à 3 milliards d'euros, en taxant les producteurs d'énergie. Si ce plan était appliqué, l'ARENH devrait prendre en compte ce coût supplémentaire d'EDF, et le tarif réglementé augmenterait sans doute par ricochet. D'après nos calculs, 2 à 3 milliards, ça ne fait pas loin de 8%... de quoi effacer la baisse promise du tarif bleu ?

Un mal pour un bien ?

Les optimistes verront une non-baisse comme une non-augmentation, faisant gagner aux foyers le montant de l'inflation (environ 1,5% en 2024). Des prix de l'électricité élevés, c'est aussi une incitation au développement de l'autoconsommation. En effet, le solaire ne s'est jamais aussi bien porté que depuis la crise de l'énergie, avec un retour sur investissement très raccourci. Du côté du gouvernement, l'annulation d'une baisse est plus acceptable politiquement que l'instauration ou l'augmentation d'un impôt direct.

Et cette actualité tombe dans la foulée de la publication d'un rapport de la Cour des Comptes sur la fiscalité de l'énergie (43% de taxes en moyenne quand même !) appelant à utiliser d'avantage cette dernière comme levier de politique climatique. Mais l'électricité est-elle vraiment l'énergie prioritaire à taxer ?

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