GrDF confronté à une baisse du nombre de ses clients

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Voilà un élément contre intuitif qui agace la direction de GRDF. A Houston (Texas), capitale mondiale de l’énergie, la CERA Week s’est clôturée il y a quelques jours. Organisée tous les ans par le Cambridge Energy Research Associates, la CERA Week est un cycle de conférences et tables rondes. Cette année, les orateurs n’ont pas tari d’éloge sur le gaz, dont le marché devrait croître de 1,6% par an jusqu’en 2035. Paradoxe : en France, depuis 6 ans, le nombre de clients raccordés au réseau de distribution de gaz baisse. Un sujet d'inquiétude grandissant pour GRDF, le principal gestionnaire du réseau de distribution de gaz naturel en France.

200 000 clients en moins en 5 ans

GRDF, principal gestionnaire du réseau de distribution de gaz naturelGRDF, filiale de GDF Suez et gestionnaire de 196 000 km de conduites du réseau de distribution de gaz en France a perdu 200 000 clients depuis 2008. Un chiffre qu’il faut cependant relativiser : sur la période 2000-2007, ce sont en moyenne 150 000 clients qui frappaient chaque année aux portes du gestionnaire. Une période maigre qui succède donc à un véritable engouement pour le gaz… De plus, en 2013, GRDF n’a plus perdu que 5 000 clients. Le groupe est donc tout proche de stabiliser le nombre de consommateurs rattachés à son réseau. C’est précisément l’ambition de Sandra Laguimina, Directrice générale de GRDF : « Nous allons essayer d'arrêter d'en perdre. L'an dernier, nous en avons encore perdu 5 000, l'objectif est de repasser en positif ». Pour autant, le chauffage au gaz reste apprécié des Français. Les clients demandant à être « déraccordés » du réseau relèvent en fait d'une typologie particulière. En effet, l’essentiel des clients partis n’utilisaient le gaz qu’à des fins de cuisson et n’avaient donc que des consommations très faibles de gaz. A contrario, le nombre de clients utilisant le gaz pour le chauffage continue d’augmenter chaque année. Il reste que, finalement, GRDF dessert maintenant 10,9 millions clients alors qu’il distribuait du gaz à 11,1 millions de consommateurs en 2008.

Autre sujet d’inquiétude : les nouveaux clients chauffage consomment nettement moins qu’il y a quelques années : la mise en place de règlementation thermique dans l’industrie du bâtiment, la meilleure isolation des appartements neufs et l’amélioration des chaudières permettent de substantielles économies d’énergies. « Un client chauffage consommait par le passé autour de 20 mégawattheures par an », explique M. Lemaistre, Directeur général adjoint de GRDF. Il en consomme maintenant « moins de la moitié ».

Réduire de 30% la consommation française d’hydrocarbures

La perte de clients traditionnels de GRDF est un souci cependant moindre par rapport au défi de la transition énergétique. En effet, d’ici 2030, la consommation d’hydrocarbure devrait baisser de 30%. Quels seront alors les leviers de croissance de cette société aux 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires ?

Plusieurs voies pourraient apporter au groupe un supplément d’activité. En premier lieu, les énergies du futur sont fort heureusement pour GRDF, parfois à chercher dans le gaz. C’est le cas du biométhane obtenu par la décomposition de déchets agricoles et ménagers et dont le développement, en France, est financé par la Contribution au Service Public du Gaz (CSPG). Mme Lagumina est bien consciente de ce que le gaz est en fait au cœur de la transition énergétique, et rappelle à qui veut l’entendre la vocation commerciale de l’entreprise qu’elle dirige : « nous ne sommes pas une ONG », plaisante-elle. GRDF estime ainsi qu’en 2030, jusqu’à 50 TWh de biométhane circulera dans son réseau, alimentant la consommation de 3 millions de foyers.

Un autre moteur de croissance se situe dans le développement des véhicules au gaz. La Commission européenne entend les promouvoir, et a fixé un objectif de 10% d'énergies renouvelables dans les transports en 2020. Ce chiffre ambitieux ne sera pas atteint sans le recours au Gaz Naturel pour Véhicule (GNV). En Europe, 1,1 million de véhicules sont déjà motorisés au GNV : leur émission de CO2 est de 30% inférieure à celle de véhicules de mêmes catégories, sans rejet de particules nocives. Malgré la popularité des transports en commun au gaz dans certaines agglomérations de l’hexagone (Paris, Lille, Toulouse etc.), dans son ensemble, l’Union européenne reste en retard dans le développement de cette technologie, utilisée par 18 millions de véhicules dans le monde.

Le gaz : une énergie bon marché pour le chauffage ?

 

Enfin, GRDF communique et tente de convaincre les Français de l'intérêt du chauffage au gaz naturel, un mode de chauffage relativement écologique et plutôt bon marché sur le long terme.

En janvier 2014, un kWh de gaz naturel coutaît ainsi 7,39 centimes tandis qu'un kWh de propane coûtait 14,03 centimes d'euros et qu'un kWh d'électricité était facturé 14,86 centimes.

Source des données : Site de GRDF

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