ligne haute tension

EDF : la cession d'actifs du réseau de transport retardée

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EDF a l'intention de vendre 49% des parts de sa filiale RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en charge de 105 000 kilomètres de lignes haute tension et très haute tension, pour couvrir ses investissements dans de nouvelles activités de production. Mais face à l'opposition des syndicats, le projet a pris du retard.

Les discussions pour fixer la structure de l'opération, qui associent EDF, RTE et différentes instances de l'Etat, auraient dû aboutir fin juin. La question est désormais de savoir si le processus pourra aboutir avec le mois de septembre, qui marquera le début d'une longue période pré-électorale durant laquelle ce type de projet peut être mis en veilleuse. Pourquoi le projet pose-t-il tant de difficultés ?

EDF à la recherche de liquidités

Pour Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, l'opération est vue avant tout comme une cession d'actifs "non stratégiques". Le fournisseur historique souhaite en effet ménager une distance avec sa filiale, afin d'éviter tout soupçon de conflit d'intérêt avec les activités de fourniture d'électricité de la maison-mère. Plus crucial, EDF espère ainsi dégager des liquidités en vue d’investir dans la mise en place de la centrale nucléaire d’Hinkley Point en Grande-Bretagne, et les énergies renouvelables.

Les syndicats craignent des dérives libérales

Mais le projet de cession suscite la vive opposition des syndicats, CGT en tête, qui y voient "une ineptie libérale". Les syndicats craignent en effet que cette opération ne soit que la première pierre d’un processus où RTE serait réduit à une version « light », constituée d'un petit noyau d’activités. Dans ce scénario « à l’anglo-saxonne », le gestionnaire de réseau se contenterait de chercher à rentabiliser ses activités, quitte à en négliger sa mission de service publique. Par ailleurs, les syndicats ne souhaitent pas que la cession d’une partie de RTE permette de financer le développement de la centrale de Hinkley Point, jugé trop coûteux, et considèrent qu’EDF devrait tirer parti du Brexit pour abandonner le projet.

Sur le long terme, certains observateurs soulignent au contraire que cette ouverture de capital peut s’avérer utile, si des gestionnaires de réseau d’autres pays font partie des nouveaux actionnaires. Dans cette optique, les participations croisées des gestionnaires de réseau en Europe pourraient favoriser la standardisation des infrastructures, pour améliorer la sécurité énergétique sur le continent.

Un montant estimé à 3 milliards d'euros

Selon l’évaluation du cabinet Syndex, la part de RTE dont EDF souhaite se séparer se valorise à 3 milliards d’euros maximum, ce qui correspond à la valeur que souhaitent en tirer ses dirigeants. Pour les syndicats, le sujet du prix de vente est une préoccupation en soi. Selon le prix de vente qui sera conclu, les nouveaux actionnaires privés pourront demander en compensation un retour sur investissement plus ou moins élevé. Or le gestionnaire de réseau a devant lui de lourds investissements pour le développement des réseaux de transport, dans le cadre de la transition énergétique. Parmi ces objectifs stratégiques, on compte notamment le déploiement des réseaux intelligents, le raccordement de nombreux parcs d’éoliennes maritimes et les installations de stockage d’électricité.

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