1 jeune sur 4 en dépression… pourtant voir un psy reste mission impossible

1 jeune sur 4 en dépression… pourtant voir un psy reste mission impossible

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La santé mentale des jeunes Français est plus que jamais au centre du débat. Une nouvelle enquête menée par la Mutualité française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram révèle que 25 % des 15-29 ans présentent des symptômes dépressifs. Face à cette réalité inquiétante, une question devient centrale : comment faciliter l’accès aux soins psychologiques ? Entre le dispositif Mon Soutien Psy pris en charge par l’Assurance maladie et les forfaits proposés par certaines mutuelles, des solutions existent… mais elles restent souvent limitées et inégalement accessibles.

1 jeune sur 4 en dépression : le cocktail explosif de la solitude et de la précarité

Premier constat de l’étude : la solitude est partout. Près d’un jeune sur deux se sent exposé à l’isolement, un score nettement supérieur à celui de leurs aînés. L’effet est amplifié par certains facteurs comme… l’absence d’activité sportive ou culturelle. D’après le rapport, 51 % des jeunes sans activité physique régulière jugent leur vie sociale peu active, contre seulement 24 % chez ceux qui en pratiquent une !

La géographie joue aussi un rôle majeur. Dans les grandes villes, 27 % des jeunes sont touchés par la dépression, contre 20 % dans les zones rurales. Le coût de la vie, l’éloignement familial et le rythme effréné fragilisent particulièrement les étudiants venus de campagnes ou de petites villes. En zone rurale, l’isolement est d’un autre ordre : 77 % des jeunes ont déjà renoncé à des activités faute de transports, et ceux qui renoncent souvent affichent un taux de dépression supérieur à la moyenne (39 %).

Outre-mer, les chiffres explosent : 39 % des jeunes ultramarins souffrent de dépression, avec un pic à 52 % en Guyane. L’étude pointe un cocktail explosif : précarité sociale, maillage institutionnel insuffisant, offre culturelle réduite et faibles opportunités économiques.

Enfin, le genre reste un facteur de vulnérabilité : 27 % des jeunes femmes, contre 22 % des hommes, sont concernées, avec un écart particulièrement marqué avant 22 ans. Pression scolaire plus marquée, charge mentale et violences sexistes expliquent en partie cette différence.

Mon Soutien Psy : 12 séances gratuites… mais des psys trop rares

Face à une santé mentale fragilisée, le gouvernement mise sur le dispositif Mon Soutien Psy, censé lever le frein financier à la consultation. Depuis juin 2024, il permet de bénéficier de 12 séances par an chez un psychologue conventionné. Chaque séance (à 50 €) est remboursée à 100 % :

Autre avancée récente : plus besoin d’ordonnance médicale pour prendre un premier rendez-vous ! La séance initiale sert d’évaluation et lance le parcours.

💡 BON À SAVOIR Le dispositif est ouvert dès 3 ans, avec accord parental pour les mineurs.

Mais deux limites majeures persistent :

  • Un accès restreint : les psychologues conventionnés sont peu nombreux, et surtout, concentrés en centre-ville. Résultat : des “déserts psychologiques” en zones rurales...
  • Un nombre de séances insuffisant : pour des troubles lourds et un suivi régulier, 12 rendez-vous annuels restent encore peu.

Hors dispositif : 50 à 100 € la séance… et des mutuelles limitées

Hors Mon Soutien Psy, l’Assurance maladie ne rembourse rien. C’est donc aux mutuelles de prendre le relais, via des forfaits psy dédiés.

Par exemple :

  • AXA rembourse jusqu’à 65 € par séance, dans la limite de 6 séances/an.
  • Groupama : 50 à 60 € remboursés, 3 séances/an.
  • Direct Assurance : 30 € par séance, 3 séances/an.

Ces aides permettent de réduire la facture, mais elles restent symboliques face au coût réel d’un suivi. Les séances hors dispositif oscillent entre 50 et 100 €, et les forfaits mutuelles plafonnent souvent à 3 à 5 séances par an. Concrètement, un étudiant ou un jeune actif qui a besoin de consultations mensuelles se retrouve très vite avec un reste à charge conséquent.

Assurance maladie et mutuelle santé : un duo encore trop fragile ?

Aujourd’hui, le duo Assurance maladie et organismes complémentaires a permis de franchir un cap : un socle universel avec Mon Soutien Psy, complété par des forfaits mutuelles pour les non-conventionnés. Mais dans les faits, le système reste inégalitaire :

  • Trop peu de psychologues conventionnés pour répondre à la demande ;
  • Des forfaits mutuelles trop bas pour un suivi sérieux ;
  • De fortes disparités territoriales, notamment en campagne et en Outre-mer.

🔎 CONCLUSION Même si l’accessibilité progresse, l’offre est toujours limitée. Sans plus de praticiens conventionnés et sans forfaits plus ambitieux côté mutuelles, une partie des jeunes continuera de renoncer aux soins. Et dans un contexte où 25% d’entre eux présentent des symptômes dépressifs, l’accès aux soins ne devrait plus être une option.

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