Étudiants : une famille sur deux n’a pas les moyens de financer un logement hors de sa région

Étudiants : une famille sur deux n’a pas les moyens de financer un logement hors de sa région

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La crise du logement étudiant en France est une réalité, et ses conséquences sont lourdes. Une enquête récente a mis en lumière les nombreuses problématiques rencontrées par les jeunes durant leurs études supérieures. De la question de la géographie à celle des ressources des familles : le sujet touche à de multiples aspects de leur vie.

  • En bref : Logement étudiant : que dit l’enquête réalisée par l’IFOP ?
  • Une famille sur deux n’est pas en situation de financer un logement étudiant hors de la région/de l’académie de ce dernier ;
  • Une grande disparité existe entre les zones urbaines et rurales ;
  • Près de la moitié des jeunes sondés disent regretter leur choix d’études ;
  • La crise du logement requiert des mesures venant à la fois du secteur public et du secteur privé.

Logement étudiant : un problème géographique et économique

On le sait, le logement et l’assurance constituent les deux budgets majeurs des étudiants. Comme tout le monde, les jeunes sont soumis aux changements économiques et législatifs durant leur parcours universitaire, et il n’est pas toujours simple de poursuivre ses études en bénéficiant d’une stabilité financière. La gestion du budget est l’un des éléments les plus importants de la vie étudiante. Les obstacles rencontrés en chemin sont nombreux.

Sauf exception, la recherche d’un logement représente une étape obligatoire dans le cadre d’études dans l’enseignement supérieur. Une étude publiée fin novembre de la fondation Jean-Jaurès et de l’association Chemins d’Avenirs, réalisée par l’IFOP, mettait en lumière des informations pertinentes quant à la situation, lesquelles aident à mieux comprendre les difficultés rencontrées par certains. L’enquête s’est concentrée sur les étudiants, « leurs choix d’orientation et leur rapport à l’avenir. »

Tout d’abord, l’étude révèle que près d’une famille sur deux – 48 % des sondés – en France n’a pas les ressources financières pour se permettre un logement hors de la région d’origine des étudiants. La hausse importante des prix des loyers dans les grandes villes en est la principale cause, mais cela est aussi accentué par la disparité économique existant entre les jeunes urbains et ruraux, explique l’enquête :

Le logement a un rôle clé dans l’orientation des étudiants.
  • 46 % des sondés qui vivent en centre-ville pensent qu’ils ne rencontreront pas de difficultés, contre 56 % pour ceux vivant dans des zones rurales ;
  • 31 % des jeunes interrogés ont expliqué que la distance entre leur potentiel lieu d’étude et leur domicile familial les a poussés à renoncer à une formation ;
  • 52 % des jeunes disent prendre en compte le lieu de résidence familial pour leur choix d’orientation ;
  • 66 % des sondés expliquent qu’ils n’ont pas été suffisamment informés en ce qui concerne l’orientation pour leurs études ;
  • 49 % des jeunes interrogés pour l’enquête IFOP déclarent regretter leur choix d’études.

Face à ces constats, la question même de l’assurance habitation devient évidemment secondaire pour beaucoup de famille. Il existe une véritable crise du logement en France, et du fait de leur situation, les étudiants font partie des populations les plus directement impactées. « Vous avez un champ des possibles largement ouvert pour les uns et fortement réduit pour les autres », explique l’étude.

L’enquête a été réalisée entre les 10 et 15 octobre 2019 auprès d’un panel de 1 000 personnes représentatives de la population française. Les sondés avaient entre 17 et 23 ans et ont répondu à un questionnaire autoadministré en ligne.

Logement étudiant : une crise d’ampleur en besoin de solutions de fond

La coautrice de l’étude, Salomé Berlioux, aussi présidente de l’association Chemins d’avenir, précise que « la question de bouger va se poser pour les jeunes ruraux à l’heure de faire leur choix d’orientation, à 15 ou à 18 ans. Alors que les jeunes urbains pourront rester chez leurs parents au moment de leurs études supérieures. » De plus, « à résultat académique équivalent à l’échelle nationale, les jeunes des territoires ruraux et des petites villes vont souvent avoir tendance à s’autocensurer au moment d’imaginer leur avenir ailleurs. Car lorsqu’on n’a pas l’habitude de fréquenter un autre territoire que le sien, cela fait peur. »

Cette disparité financière a pour conséquence d’isoler des jeunes qui le sont déjà de par leur situation géographique. Elle creuse les inégalités. Et cela ne semble pas vraiment sur le point de s’arranger. Fin décembre 2019, 200 logements étudiants de la résidence Saint-Martial à Limoges ont été fermés, suite à la décision du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires – ou CROUS – de ne pas renouveler son bail. Il en était locataire depuis 25 ans. La raison : les loyers étaient devenus trop chers pour les étudiants.

De nombreux défis s’imposent au gouvernement si celui-ci souhaite agir pour résoudre la crise du logement étudiant. La réforme des aides personnalisées au logement – ou APL –, reportée au 1er avril (au lieu du 1er janvier) par le gouvernement en cette fin d’année, devrait normalement leur bénéficier en particulier. Pour autant, l’on sait aussi que 600 000 personnes pourraient également perdre leurs droits. De plus, l’annonce de la volonté gouvernementale de baisser les prix des loyers des résidences universitaires ne suffit pas, puisqu’ils ne représentent qu’une infime partie du problème. La question du secteur privé, de son rôle, est centrale.

En attendant que de véritables mesures soient déployées pour améliorer la situation, les étudiants font preuve d’imagination et optent pour des solutions alternatives : échange de chambres, colocation, location chez des retraités, et même la sous-location, alors que celle-ci est de manière générale interdite.

Précarité des étudiants : un sujet d’importanceLa précarité des étudiants est plus que jamais un sujet crucial de société. Le 8 novembre 2019, de désespoir suite à la suppression de sa bourse d’études, un jeune lyonnais tentait de s’immoler par le feu. Les contestations des étudiants concernant le coût de la vie en France se sont multipliées ces derniers mois.

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