Le gouvernement chamboule le DPE : 850 000 logements sauvés des passoires énergétiques
Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) vient de subir un sérieux coup de pouce grâce à une nouvelle réforme présentée par le gouvernement. Cette décision, qui pourrait changer la donne pour des milliers de propriétaires, vise à rendre le DPE plus favorable aux logements chauffés à l’électricité. Mais qu’est-ce que cela implique concrètement ?
DPE : Pourquoi cette réforme et pour qui ?
Le gouvernement a annoncé, de par un communiqué de Matignon qu’à partir de 2026, le calcul du DPE va être ajusté pour faire sortir environ 850 000 logements de la catégorie des passoires thermiques. Cela concerne principalement les logements chauffés à l’électricité, longtemps désavantagés par rapport à ceux utilisant des énergies fossiles comme le gaz.
Concrètement, cette réforme modifie un paramètre crucial du DPE : le coefficient de conversion de l’électricité, qui passera de 2,3 à 1,9. Ce simple ajustement permet de mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire. En d'autres termes, les logements utilisant l’électricité, jugés jusqu'ici trop gourmands en énergie, seront désormais traités de manière plus équitable.
Qu’est-ce que ça change pour les propriétaires ?
Pour les propriétaires de logements chauffés à l’électricité, cette réforme est une excellente nouvelle. En effet, ces derniers verront leurs logements sortir des catégories DPE F ou DPE G, souvent synonymes de travaux de rénovation coûteux. Avec ce réajustement, 850 000 logements risquaient de se voir qualifier de passoires thermiques ; une réalité qui, grâce à cette réforme, n’aura plus lieu d’être.
Le changement, bien qu’efficace sur le papier, profite surtout aux propriétaires, qui auront ainsi moins de contraintes. Les petits logements de moins de 40 m², souvent chauffés à l’électricité, éviteront ainsi de se retrouver sur la liste des logements « à interdire à la location » d’ici 2028. Pour ces propriétaires, c'est un soulagement en attendant la date limite de janvier 2028.
Et pour les locataires, alors ?
Si cette réforme réjouit les propriétaires, elle risque de décevoir les locataires. En effet, l'ajustement du DPE ne concerne que le calcul technique de la performance énergétique, sans affecter réellement les factures d'électricité des occupants. Pour eux, rien ne change. Ils continueront de faire face à des factures d’énergie élevées, même si la réalité de l’énergie décarbonée se profile à l’horizon.
De plus, cette réforme risque de freiner les efforts de rénovation énergétique dans les logements de petite taille, car les propriétaires, désormais « protégés » par cette nouvelle norme, pourraient être moins incités à réaliser des travaux de rénovation énergétique pour améliorer l’isolation ou la consommation d’énergie de leur bien.
La transition énergétique en question
Si la réforme semble être une réponse pragmatique pour soutenir les propriétaires, elle soulève aussi des interrogations sur l’avenir de la transition énergétique en France. En l’assouplissant pour les logements électriques, le gouvernement risque de donner un signal contradictoire : en effet, alors que la transition énergétique pousse à une réduction de la consommation d’énergies fossiles, cette réforme semble encourager l’utilisation de l’électricité, malgré les inégalités qu’elle engendre en termes de coûts pour les locataires.
Les experts, comme Nicolas Goldberg expert en énergie pour Colombus consulting, affirme auprès de l’AFP, que si cette réforme peut être bénéfique pour les petits logements et leurs propriétaires, elle pourrait aussi décourager des investissements en rénovation énergétique, une démarche essentielle pour atteindre les objectifs climatiques à long terme.
Conclusion : Une réforme utile mais pas parfaite
La nouvelle réforme du DPE, qui entrera en vigueur en 2026, est sans doute un pas dans la bonne direction pour simplifier le parcours des propriétaires de logements chauffés à l’électricité. Mais, au-delà des 850 000 logements sauvés de la catégorie des passoires thermiques, il reste à voir si cette mesure pourra vraiment contribuer à la transition énergétique tout en prenant en compte l’impact réel sur les locataires.
En attendant, le débat est lancé sur la manière de rendre plus efficaces les politiques de rénovation énergétique. Un équilibre devra être trouvé pour que les propriétaires et locataires puissent réellement bénéficier de la transition vers un avenir énergétique plus vert et durable.