Électricité : + 76,5 € par an pour ceux qui refusent le compteur Linky, dès le 1er août 2025
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a annoncé l'instauration, à compter du 1er août 2025, de nouveaux frais à la charge des ménages refusant l'installation du compteur Linky à leur domicile. Ces frais s'ajoutent à ceux déjà en vigueur. Voici comment la CRE justifie cette mesure et quel sera désormais le montant dû par les foyers concernés.
Nouveaux frais pour les ménages sans compteur Linky
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a publié, le 6 février 2025, sa nouvelle délibération portant sur le « TURPE 7 HTA-BT ». Parmi l'ensemble des dispositions adoptées, la CRE instaure une nouvelle composante tarifaire pour les foyers non équipés d'un compteur Linky.
Ainsi, dès le 1er août 2025, les ménages dont le logement est doté d'un compteur d'ancienne génération se verront appliquer un coût supplémentaire qui sera reflété sur leur facture d'électricité.
Pourquoi instaurer de nouveaux frais pour les ménages qui refusent le compteur Linky ?
Le déploiement du compteur Linky, qui s'est achevé fin 2021, a profondément transformé la manière dont la consommation électrique est relevée et facturée. Grâce à sa capacité de transmettre automatiquement les index et d'enclencher à distance diverses opérations comme un changement de puissance souscrite ou une mise en service, il a permis de réduire drastiquement le nombre de visites physiques de la part des techniciens d'Enedis.
Avant l'installation des compteurs Linky, la relève à pied était la norme : un agent se déplaçait périodiquement pour effectuer les relevés du compteur, vérifier son état et éventuellement modifier la puissance sur place. Autant dire que la mise en place du nouveau dispositif a supprimé la plupart de ces déplacements, entraînant un gain de temps et d'argent, tant pour le gestionnaire de réseau Enedis que pour les usagers.
Toutefois, 2,1 millions de consommateurs disposent encore d'un compteur ancienne génération qui ne communique pas à distance. La présence de ces compteurs historiques, certains datant des années 60, implique le maintien d'infrastructures dites « résiduelles ».
Concrètement, cela signifie que des équipes doivent continuer à parcourir le territoire pour effectuer des relevés manuellement, s'assurer régulièrement du fonctionnement de l'appareil et administrer l'envoi d'anciens signaux tarifaires, ceux qui activent ou désactivent, par exemple, les heures creuses et heures pleines sur de vieux compteurs. Un tel dispositif n'est plus nécessaire pour l'immense majorité des foyers équipés en Linky, mais reste obligatoire pour les quelque 5 % de ménages n'ayant pas fait le pas.
Cette double gestion du réseau (partiellement automatisée pour les compteurs communicants et toujours manuelle pour les compteurs d'ancienne génération) avait déjà engendré un surcoût estimé à 52 millions d'euros sur la période 2002 - 2024. La CRE n'entend plus faire payer à l'ensemble des utilisateurs, au motif que ces dépenses résultent désormais d'un choix assumé de la part d'environ 2 millions de clients.
À compteur du 1er août 2025, la CRE prévoit donc d'intégrer une « composante additionnelle pour comptage non communicant » sur la facture des clients ne disposant toujours pas de Linky. Derrière cette mesure, la CRE adopte une logique de responsabilisation : l'idée n'est pas de « punir » ceux qui préfèrent conserver leur ancien compteur, mais bien de leur faire assumer les coûts liés au service qu'ils continuent de mobiliser.
Quel montant et pour qui ?
En France, 95 % des ménages, soit 37 millions de foyers, sont équipés d'un compteur Linky. Il reste donc 5 %, c'est-à-dire 2,1 millions de foyers, qui disposent encore d'un compteur d'ancienne génération et qui sont ainsi concernés par les surcoûts prévus par la CRE.
Parmi ces 2,1 millions de foyers non équipés, ceux qui refusent explicitement l'installation du compteur Linky devront s'acquitter d'un surplus de 7,78 € tous les deux mois, soit 46,70 € TTC par an. Ce montant couvre les frais liés au maintien de leur ancien compteur.
Cependant, la CRE prévoit une exemption pour les cas dans lesquels le client n'a pas pu être être raccordé à un compteur Linky pour des motifs purement techniques et indépendants de sa volonté. Cette exemption devrait concerner 180.000 ménages.
Par ailleurs, parmi les usagers non équipés d'un compteur Linky, 500.000 n'ont pas transmis de relevé de consommation à Enedis au cours des 12 derniers mois. Ils devront donc s'acquitter d'un supplément de 4,97 € tous les deux mois, soit 29,80 € TTC par an. Ce surcoût pour les clients « silencieux » vise à couvrir les opérations de vérification indispensables afin de garantir que la consommation estimée n'entraîne pas d'erreurs de facturation.
Au total, pour un ménage qui a refusé l'installation d'un compteur Linky chez lui et qui n'a pas communiqué son relevé de compteur à Enedis sur les 12 derniers mois, devra payer 76,5 € supplémentaires chaque année ! Ce montant risque d'augmenter d'année en année.
Différences de prix entre les ménages avec ou sans compteur Linky
Depuis la généralisation des compteurs Linky en 2021, de plus en plus de prestations d'Enedis entrainent un surcoût pour les ménages ayant refusé l'installation du compteur nouvelle génération.
Prestation | Avec un compteur Linky | Sans un compteur Linky |
---|---|---|
Première mise en service | 28,34 € (en 24h) | 28,35 € (en 10 jours) |
Mise en service standard | 1,74 € (en 24h) | 31,83 € (en 5 jours) |
Changement de puissance | 4,21 € (en 24h) | 42,81 € (en 10 jours) |
Changement d'option tarifaire | 0 € (en 24h) | 42,81 € (en 10 jours) |
Réduction de puissance suite à un impayé | 3,86 € | 60,47 € |
Coupure de courant suite à un impayé | 42,55 € | 60,47 € |
Tarifs Enedis en TTC, février 2025. Les délais correspondent à des jours ouvrés.