Grève du 18 septembre : EDF perd 4 réacteurs nucléaires. Quels sont les risques de coupure ?

Grève du 18 septembre : EDF perd 4 réacteurs nucléaires. Quels sont les risques de coupure ?

Publié le
min de lecture

Le mouvement de grève de ce jeudi 18 septembre a un impact direct sur la production d'électricité en France. Particulièrement suivie dans le secteur de l'énergie, la grève a contraint EDF à annoncer une baisse de charge importante sur son parc de production, équivalente à la mise à l'arrêt de quatre réacteurs nucléaires. Un mouvement social, porté par des revendications salariales et un rejet du projet de budget du gouvernement. Quels sont les risques de coupure ?

Article trop long ? Demandez un résumé à l'IA :

4 000 MW en moins sur le réseau : l'impact concret de la grève

Ce n'est pas une simple perturbation, mais un véritable coup de frein sur la machine électrique française. À la mi-journée, EDF a officiellement déclaré une perte de puissance disponible de 4 000 mégawatts (MW) sur son parc de production. Pour donner un ordre de grandeur, cela représente l'équivalent de la production de quatre réacteurs nucléaires de taille moyenne, sur les 57 que compte le pays.

Cette baisse de charge, qui est une réduction volontaire de la production par les salariés grévistes, ne s'est pas limitée au nucléaire. Elle a touché un mix de centrales stratégiques pour le réseau :

  • Centrales nucléaires : Saint-Alban (Isère), Flamanville (Manche) et Saint-Laurent (Loir-et-Cher).
  • Centrales thermiques au gaz : Blénod (Moselle) et Martigues (Bouches-du-Rhône).
  • Parc hydraulique : Une perte de puissance de 110 MW a également été signalée.

EDF a prévenu que cette "baisse de production est susceptible de se prolonger jusqu'à la fin du mouvement social annoncé", faisant peser une incertitude sur la disponibilité du parc électrique dans les jours à venir.

État de la production nucléaire en France [DIRECT]

À l'heure actuelle, on compte 42 réacteurs fonctionnant parfaitement en France. 12 réacteurs sont à l'arrêt et 3 sont partiellement disponibles.

Disponibilité des réacteurs nucléaires en France
Réacteurs nucléaires disponibles
Disponibles à 100 %
Réacteurs nucléaires partiellement disponibles
Partiellement disponibles
Réacteurs nucléaires à l'arrêt
A l'arrêt
42312

Dernière mise à jour : 18 septembre 2025 - Source RTE

État des réacteurs nucléaires français et planning de redémarrage des centrales nucléaires

Les arrêts de tranches de réacteurs ne sont pas toujours prévus.

  • Maintenance programmée : le réacteur est en partie ou complètement mis à l'arrêt tous les 12 ou 18 mois pour être rechargé en combustible. De plus, il y a une obligation d'inspection technique tous les 10 ans, durant laquelle l'ensemble du réacteur est entièrement à l'arrêt. Enfin, des inspections courantes peuvent donner lieu à des mises à l'arrêt pour travaux.
  • Maintenance forcée : ce type d'arrêt survient lors d'événements internes et/ou externes imprévus. Par exemple, la cause d'une maintenance forcée peut être liée à une panne, à des mouvements sociaux ou aux conditions météorologiques.

CentraleRéacteurPuissanceEtatDébut de la maintenanceFin de la maintenance
BELLEVILLE 1 1310 MW disponible - -
BELLEVILLE 2 1310 MW disponible - -
BLAYAIS 1 910 MW disponible - -
BLAYAIS 2 910 MW disponible à 810 MW 01/02/2025 07/02/2025
BLAYAIS 3 910 MW disponible - -
BLAYAIS 4 910 MW disponible - -
BUGEY 2 910 MW disponible à 806 MW 28/01/2025 21/02/2025
BUGEY 3 910 MW disponible - -
BUGEY 4 880 MW disponible - -
BUGEY 5 880 MW disponible - -
CATTENOM 1 1300 MW disponible - -
CATTENOM 2 1300 MW disponible - -
CATTENOM 3 1300 MW indisponible 30/01/2025 16/02/2025
CATTENOM 4 1300 MW disponible - -
CHINON 1 905 MW indisponible 01/02/2025 27/04/2025
CHINON 2 905 MW disponible - -
CHINON 3 905 MW disponible - -
CHINON 4 905 MW disponible - -
CHOOZ 1 1500 MW disponible à 1380 MW 23/01/2025 05/02/2025
CHOOZ 2 1500 MW disponible - -
CIVAUX 1 1495 MW indisponible 04/01/2025 24/02/2025
CIVAUX 2 1495 MW disponible - -
CRUAS 1 915 MW disponible - -
CRUAS 2 915 MW indisponible 01/02/2025 29/04/2025
CRUAS 3 915 MW indisponible 04/08/2024 24/03/2025
CRUAS 4 915 MW disponible - -
DAMPIERRE 1 890 MW disponible - -
DAMPIERRE 2 890 MW disponible - -
DAMPIERRE 3 890 MW disponible - -
DAMPIERRE 4 890 MW disponible - -
FLAMANVILLE 1 1330 MW indisponible 06/12/2024 17/04/2025
FLAMANVILLE 2 1330 MW disponible - -
GOLFECH 1 1310 MW disponible - -
GOLFECH 2 1310 MW disponible - -
GRAVELINES 1 910 MW disponible - -
GRAVELINES 2 910 MW indisponible 01/02/2025 05/05/2025
GRAVELINES 3 910 MW disponible - -
GRAVELINES 4 910 MW disponible - -
GRAVELINES 5 910 MW disponible - -
GRAVELINES 6 910 MW disponible - -
NOGENT 1 1310 MW disponible - -
NOGENT 2 1310 MW disponible - -
PALUEL 1 1330 MW disponible - -
PALUEL 2 1330 MW disponible - -
PALUEL 3 1330 MW indisponible 01/11/2024 13/02/2025
PALUEL 4 1330 MW disponible - -
PENLY 1 1330 MW disponible - -
PENLY 2 1330 MW indisponible 03/10/2024 25/04/2025
ST ALBAN 1 1335 MW disponible - -
ST ALBAN 2 1335 MW disponible - -
ST LAURENT 1 915 MW indisponible 31/01/2025 28/07/2025
ST LAURENT 2 915 MW disponible - -
TRICASTIN 1 915 MW indisponible 25/01/2025 24/04/2025
TRICASTIN 2 915 MW disponible - -
TRICASTIN 3 915 MW disponible - -
TRICASTIN 4 915 MW disponible - -
FLAMANVILLE 3 1620 MW indisponible 24/01/2025 03/02/2025

Une mobilisation importante chez les électriciens et gaziers

L'impact sur la production s'explique par un mouvement social très suivi. Chez EDF, le plus gros employeur du secteur, la direction a relevé un taux de 17% de grévistes sur les effectifs totaux de l'entreprise.

La mobilisation est encore plus importante chez Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution. La CFE-Énergie, deuxième syndicat de la branche, a fait état d'un taux de grévistes de plus de 27% sur les effectifs totaux, un chiffre confirmé par la direction et qualifié de "taux important" par une source syndicale. 

Cette forte participation montre que le mouvement est bien plus large que la seule grève du 10 septembre, qui était alors portée uniquement par la CGT.

Salaires, budget : les raisons d'une double colère

Cette journée de grève est le point de convergence de deux mouvements distincts, ce qui explique son ampleur.

  1. Le contexte national : L'appel a été lancé par une intersyndicale unie (regroupant l'ensemble des syndicats) pour protester contre le projet de budget du gouvernement.
  2. Le contexte sectoriel : Dans les industries électriques et gazières, la CGT est déjà en grève depuis le 2 septembre. Ses revendications sont ciblées : une hausse des salaires pour contrer l'inflation et un abaissement de la fiscalité sur l'énergie, qui pèse lourdement sur les factures des Français. La CGT a d'ailleurs revendiqué une "grosse mobilisation" sur ses bastions, notamment les terminaux méthaniers et les sites de stockage de gaz.

Faut-il craindre des coupures d'électricité ?

Pour l'instant, non. Une baisse de charge, même de l'ampleur de quatre réacteurs nucléaires, ne signifie pas un risque de coupure immédiate pour les consommateurs. Le rôle de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, est précisément d'assurer l'équilibre entre la production et la consommation en temps réel.

Pour compenser cette perte, RTE peut mobiliser d'autres leviers, comme l'augmentation de la production des centrales non grévistes, l'utilisation des barrages hydrauliques ou l'importation d'électricité depuis les pays voisins.

Cependant, si le mouvement social venait à se prolonger ou à s'intensifier, notamment en cas de vague de froid, la tension sur le réseau électrique pourrait devenir bien plus forte.

Avez-vous trouvé cet article utile ? 0% des 0 votes trouvent l'information utile.

L'INFO QUI FAIT BAISSER VOTRE FACTURE

  • Alertes Baisse des Prix en temps réel
  • Nouvelles Aides de l'État décryptées pour vous
  • Bons Plans Exclusifs de nos experts

Rejoignez des milliers de Français et recevez gratuitement l'essentiel de l'actu énergie sur votre canal préféré.

Partagez cet article !