J-5 avant une nouvelle hausse des prix de l’électricité : à quoi faut-il s’attendre ?

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Après les prix du gaz au 1er janvier 2023, c’est au tour des prix de l’électricité d’augmenter, à compter du 1er février. Grâce à l’action du gouvernement et l’intervention de son fameux bouclier tarifaire, il faudra compter sur une hausse de “seulement” 15%. Mais cette augmentation sera t’elle la même pour tous les Français ? Doivent-ils s’attendre à voir de nouveau leurs factures s’envoler au cours de l’année 2023 ?

Une augmentation de 99% évitée

Depuis le 1er janvier 2023, les tarifs réglementés du gaz ont augmenté de 15%. En février, ce sont ceux de l'électricité qui leur emboîteront le pas, dans la même proportion. Une augmentation somme toute “raisonnable” si l’on se réfère à la proposition d’évolution des prix de l’électricité pour 2023, formulée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) quelques jours auparavant. En tenant compte de différents paramètres (prix de l’énergie sur les marchés, coût du transport…), l’institution a en effet fait connaître, le 19 janvier dernier, sa “proposition d'évolution des tarifs réglementés de vente d'électricité”.

“Au 1er février 2023, la CRE propose une hausse du niveau moyen des TRVE de + 99,22 % TTC par rapport aux TRVE gelés en vigueur depuis le 1er février 2022.”

Des prix “gelés” donc depuis un an, grâce au dispositif de bouclier tarifaire mis en place par l’État en vue de préserver - autant que faire se peut - le pouvoir d’achat des Français, dans un contexte de crise énergétique et de hausse des prix de l’énergie, à l’échelle hexagonale, mais également européenne.

Une stratégie qui a porté ses fruits puisque, selon la Cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, “la France est le pays qui a le mieux protégé les ménages en Europe avec le bouclier tarifaire”. Force est de constater que le taux d’inflation hexagonal n’est pas parmi les plus démesurés. Selon les données de Trading Economics, en décembre dernier, celui-ci se maintenait sous le seuil des 6%, plus exactement 5,9%. Plus faible donc qu’en Allemagne (8,6%), aux Pays-Bas (9,6%), au Royaume-Uni (10,5%) ou encore en Italie (11,6%), à la même période.

Déjà 10,5 milliards d'euros pour le bouclier tarifaire

Une réussite qui a poussé le gouvernement à adopter la même stratégie pour cette année 2023, en renouvelant une fois de plus son bouclier sur les prix de l’énergie. Une différence de taille toutefois : la hausse ne sera cette fois plus maintenue sous la barre des 4%, comme ce fut le cas en 2022, mais bien des 15%, conséquence du coût du dispositif. En effet, 10,5 milliards d'euros auront été nécessaires pour plafonner à 4 % l'augmentation des tarifs de l'électricité sur l’année 2022.

En novembre dernier, le gouvernement indiquait par ailleurs avoir mis pas moins de 110 milliards d'euros sur la table depuis 2021, afin de faire face aux effets de l'inflation. Une facture qui pourrait en réalité monter jusqu'à 170 milliards en cumulé d'ici à 2027, selon les documents budgétaires partagés par Bercy en novembre dernier.

Toutefois, à en croire la Première ministre Elisabeth Borne, lors de l’annonce de la prolongation du bouclier tarifaire en septembre dernier, cette hausse de 15% du prix de l’électricité devrait, en théorie, demeurer la seule augmentation pour toute l'année 2023. Traditionnellement, les prix de l'électricité évoluent jusqu’à deux fois par an (en février et en août). Côté électricité, le bouclier tarifaire devrait courir tout au long de l’année 2023.

Une nouvelle hausse des prix en juillet 2023 ?

Un bémol toutefois en ce qui concerne le gaz. Le gouvernement précise en effet que le projet de loi de finances 2023 prolonge le bouclier jusqu'au 30 juin 2023. Cette date marque la disparition du tarif réglementé du gaz - prévue depuis 2019 - auquel s’applique le bouclier tarifaire. En cause, un dispositif jugé contraire au droit européen. Alors que de nombreuses voix s’élèvent en faveur du report de cette suppression, à commencer par celle de l’Association nationale de consommateurs et usagers (CLCV), l'exécutif ne semble pas prompt à remettre à plus tard cette décision actée de longue date.

Néanmoins, si aucune annonce officielle n’a été faite à ce sujet, l’option d’un “indice de référence” sur le prix du gaz semble envisageable, en remplacement du bouclier tarifaire. Celui-ci serait mis en place par la CRE et pourrait servir de base à la poursuite du bouclier tarifaire jusqu'à la fin de l'année. Une éventualité qui n’exclut toutefois pas une nouvelle hausse des tarifs du gaz au mois de juillet 2023.

Quoi qu’il en soit, aucun rattrapage n’a été annoncé en 2024 pour les ménages et le manque à gagner pour les énergéticiens sera bien pris en charge par l'État. Autrement-dit, s’il n’est à ce jour pas possible d’estimer le prix de l’énergie pour 2024, une certitude demeure : l’amortissement des tarifs de 2023 ne se fera pas sentir sur les factures des Français au cours de l’année suivante.

À quelle facture d’électricité s’attendre pour 2023 ?

De son côté, le gouvernement estime que cette augmentation se répercutera de la façon suivante sur la facture d’énergie des Français :

  • Une augmentation moyenne des factures de l'ordre de 25 € par mois pour les ménages qui se chauffent au gaz. L'augmentation serait d'environ 200 € par mois sans bouclier tarifaire ;
  • Une augmentation moyenne de l'ordre de 20 € par mois pour les ménages se chauffant à l'électricité, au lieu de 180 € sans bouclier tarifaire.

Mais il est à noter que cette hausse de 15% des prix de l’électricité demeure une hausse moyenne. Il se peut ainsi qu’elle soit moins importante pour certains ménages, ou plus conséquente pour d’autres. Pour Caroline Keller, des services du médiateur national de l’énergie “tout dépendra du type de contrat souscrit”. À titre d’exemple, le tarif bleu d’EDF (ou tarif réglementé) peut être souscrit en option base, ou en option heures pleines, heures creuses. Il existe également une option Tempo, ainsi qu’une option EJP (si elle ne peut plus être souscrite, elle bénéficie toutefois encore à bon nombre de Français depuis la fin des années 90).

De fait, au cours de l’année 2022, l’augmentation moyenne de 4% sur les prix de l’électricité a été moins importante pour les clients ayant souscrit l’option Heures Pleines/Heures Creuses (3 à 3,5% en moyenne) que pour les foyers bénéficiant de l’option de base (6% à 9% selon la puissance de compteur électrique). Enfin, les ménages abonnés à l’offre Tempo, ont quant à eux pu bénéficier d’une diminution des factures d’électricité.

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