Hinkley Point

EDF rassure sur les délais de livraison de ses EPR anglais

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Auditionné hier par les députés britanniques, Vincent de Rivaz, PDG de la filiale britannique du groupe français (EDF Energy), a assuré que le projet de réacteurs nucléaires à Hinkley Point serait mené à bien, dans les délais et le budget impartis. La livraison des EPR anglais, vivement contestée, a déjà fait l’objet de moult débats de part et d’autre de la Manche. Alors, l’Entente cordiale va-t-elle durer ?

Un soutien "catégorique" au projet

Le Palais de Westminster

Le Palais de Westminster à Londres

Devant la Commission de l’énergie et du changement climatique du Parlement de Westminster, le PDG d’EDF Energy s’est voulu "catégorique" : oui, le projet d'EPR dans la centrale nucléaire de Hinkley Point verra le jour. Mais la tâche était ardue : difficile en effet de convaincre un parterre de parlementaires britanniques, résolument sceptiques au projet. C’est que la livraison des EPR a été de nombreuses fois retardée, en raison notamment des problèmes rencontrés par la construction d'autres EPR dans l’Hexagone et en Finlande. Un retard qui avait suscité des débats passionnés dans l’opinion publique et la presse outre-Manche.

Faisant fi des critiques, le groupe français a souhaité montrer une "ténacité" et un "enthousiasme" sans faille. Pour Vincent de Rivaz, il ne fait aucun doute que la livraison des EPR sera assurée dans les délais et le budget impartis : "nos équipes sont prêtes pour construire Hinkley Point selon le calendrier et le budget prévus", a-t-il répété. EDF ambitionne une mise en service dès 2025 – contre 2017 initialement - tandis que le lancement de la construction des EPR devrait avoir lieu "à la mi-mai" au plus tard. Une opération gigantesque au budget global de 18 milliards de livres sterling (soit 22,7 milliards d’euros). L’électricien français aurait déjà dépensé 2,4 milliards de livres (soit 3 milliards d’euros).

L’intérêt économique au cœur des débats

Hinkley Point

Hinkley Point B au Sud-Ouest de l'Angleterre

Le PDG d’EDF Energy a également tenu à rassurer les députés britanniques, inquiets de la situation financière du groupe français et des répercussions potentielles sur le bon déroulement du projet. "Nous ne pouvons pas être davantage engagés et confiants. Une solution sera trouvée bientôt. Début mai, c’est très raisonnable", a estimé Vincent de Rivaz. Une seule condition : le plan de financement doit encore être arrêté par l’État français, actionnaire d’EDF à 84,5%. Mais la filiale britannique du groupe peut compter sur le soutien d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie qui, la veille de l’audition au Parlement britannique, a indiqué : "nous avons un client (...) et donc nous avons une discussion avec le gouvernement britannique. Ce que nous devons apprécier – c’est tout le travail des prochaines semaines."

Le contribuable britannique "ne paierait absolument rien d’ici à la mise en service" prévue pour 2025 et pourra profiter d’une "électricité abordable et bas-carbone", a tenu à souligner le responsable d’EDF Energy, rappelant que les EPR anglais ne représentent que 15% de l’ensemble des investissements du groupe français. Des propos soutenus par Zhu Minhong, présent lors de l’audition et directeur de la filiale du chinois CGN qui co-finance l’opération : "nous tenons nos engagements vis-à-vis du Royaume-Uni et apporterons notre expertise", a-t-il déclaré.

Pour assurer la fiabilité financière du projet, certains élus britanniques ont même été jusqu’à demander le retrait de l’État français – pourtant actionnaire. Mais c’est sans compter que derrière les débats économiques se cache un autre sujet : la question de la souveraineté britannique et la campagne pour le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, prévu en juin prochain. Car au-delà du lancement des EPR, le projet revêt une dimension hautement politique et nationale.

Littéralement, le réacteur EPR signifie "Réacteur pressurisé européen". Ce type de réacteur troisième génération a été conçu par Areva NP, branche réacteurs d'Areva rachetée par EDF. Selon le groupe nucléaire français, les EPR offriraient un niveau de sûreté incomparable. En Angleterre, la construction de quatre réacteurs au total est prévue : deux à Hinkley Point C et deux autres à Sizewell C dans le Suffolk.

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