L’assurance part-elle à la conquête du tourisme spatial ?

L’assurance part-elle à la conquête du tourisme spatial ?

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Comme elles couvrent déjà le lancement de satellites dans l’espace aujourd’hui, les compagnies d’assurance pourraient bien proposer à l’avenir une assurance voyage spatiale destinée aux particuliers. Si ce secteur est actuellement dominé par des milliardaires avec des clients presque aussi riches qu’eux, les changements de ces dernières années amènent leur lot de questionnements pour le futur.

Le tourisme spatial : une activité réservée à quelques privilégiés ?

Le monde a longtemps rêvé de l'espace, avec les années, celui-ci s’est imposé comme une réalité. Si le fait d’aller vivre sur Mars fut autrefois le fantasme enfiévré d’auteurs de science-fiction, cela incarne désormais une possibilité. Mais au-delà des projets de colonisation, une autre éventualité est moins abordée : le tourisme spatial.

Fin octobre 2019, Virgin Galactic, l’agence de voyage dans l’espace créée en 2004 par l’homme d’affaires britannique Richard Branson, est entrée en bourse à New York. C’est une première, et elle semble marquer un tournant significatif. Selon l’entreprise, l’on pourra réserver les premiers vols commerciaux dès 2020. Les derniers vols d’essai seront réalisés d’ici là. Le seul autre concurrent sur ce marché est à ce jour Blue Origin, société créée en 2000 par l’homme le plus riche de la planète, Jeff Bezos, lequel a aussi fondé Amazon.

Des envies d’ailleurs ? Ces prochaines années, les voyages spatiaux commerciaux à destination des particuliers pourraient bien représenter l’avenir du secteur touristique. Mais quelle place pour les assurances ?

Les deux entreprises proposent un voyage suborbital d’une heure trente, précise Europe 1, à 100 kilomètres d’altitude. Pour Virgin Galactic, le départ se fera au Nouveau-Mexique, aux États-Unis, dans un astroport déjà construit appelé le « Spaceport America ». Selon les informations de la station de radio française, quelque 600 candidats – parmi lesquels des stars comme Lady Gaga ou Ashton Kutcher – de 58 pays différents seraient déjà inscrits, dont une dizaine de Français. Prix du voyage ? 250 000 dollars – soit environ 227 000 euros, rien que ça. Le constat est donc clair : le tourisme spatial sur orbite est pour l’instant la réalité de quelques privilégiés.

Néanmoins, selon le Rapport sur les investissements à long terme publié fin 2018 par la banque suisse UBS, les prix pourraient baisser à l’avenir. Pourquoi ? Car ce marché grandissant devrait attirer quantité d’investisseurs.

Pour autant, on compte environ 200 000 dollars pour un voyage suborbital – soit 181 000 euros, 25 millions pour un voyage orbital – soit environ 23 millions d’euros –, à 400 kilomètres de la Terre. Enfin, pour un aller-retour sur la Lune, le prix des billets explose, puisqu’il faudra compter 250 millions de dollars – soit 227 millions d’euros. D’ici une décennie, ces voyages pourraient représenter un marché annuel d’au moins 20 milliards de dollars, soit environ 18 milliards d’euros. « La plupart de ces produits et technologies de tourisme spatial en sont encore à leurs débuts, de sorte que pour une entreprise commerciale, fixer un prix est exercice d’équilibre délicat. Les acteurs doivent convenir d’un chiffre suffisamment bas pour être accessibles à un nombre suffisant de consommateurs, mais suffisamment élevés pour que le service puisse être commercialement viable », expliquait Loizos Heracleous, professeur de stratégie à la Warwick Business School.

Mais alors, si l’on est prêt à partir dans l’espace pour le visiter, quel rôle pour les assurances dans ces voyages d’une nouvelle dimension ? Le taux de mortalité dans l’espace est estimé à 1 %, précise Europe 1, ce chiffre est donc loin d’être négligeable pour les acteurs du marché assurantiel.

En 2011, Allianz Global Assistance signait déjà un partenariat avec l’International Space Transport Association – ISTA – pour proposer des offres d’assurance voyage et d’assistance médicale destinées aux touristes de l’espace.

Gérer le risque dans l’espace : le défi des futurs assureurs du tourisme spatial

L’économie de l’espace, ce n’est donc pas que le tourisme spatial. C’est aussi tout ce qui y est rattaché, comme l’hôtellerie et l’assurance, par exemple. Pour cette dernière, tant que les risques seront élevés, le coût des polices d’assurance devrait l’être tout autant. Pour rassurer les assureurs, il est donc crucial pour les entreprises de tourisme spatial de réaliser un certain nombre de lancements et de vols d’essai afin que les compagnies soient apaisées face au niveau de risque qu’impliquent de tels voyages. Dans le milieu professionnel, dès 2008, l’une des solutions évoquées était aussi de convenir de tarifs subventionnés par l’État pour aider en ce sens. Cependant, il y a plus de dix ans déjà, la mise en place de ce nouveau marché, bien que complexe, semblait tout à fait réalisable. Il convient aux compagnies de voyage spatial et d’assurance de travailler main dans la main afin d’optimiser les tarifs et de minimiser les risques.

Marcher sur la Lune, bientôt accessible à tous ?

Afin de décider des tarifs à pratiquer dans le secteur, tout porte à croire que les assureurs sont en train de regarder du côté de ceux proposés dans le cadre du lancement de satellites, se situant entre 2,5 % et 10 % de la valeur assurée, précisait Neil Stevens à Reuteurs en 2014, expert en assurance spatiale et membre du conseil consultatif du Satellite Finance Network au Royaume-Uni. Cependant, « embarquer dans un vol spatial est un changement significatif quant au risque », expliquait-il alors.

Beaucoup d'éléments restent à considérer donc, avant que les futurs passagers de l’espace puissent profiter de trois à six minutes en apesanteur et d’une vue digne du film Gravity (2013) sur la courbure de la Terre et des étoiles. Pourtant, désormais, nos rêves d’ailleurs semblent bel et bien à portée de main... ou de fusée !

Évidemment, aux côtés de Jeff Bezos et Richard Branson, se positionnant en futurs conquérants de l’espace, on retrouve Elon Musk. Avec sa société Space X, le chef d’entreprise ne cache pas ses ambitions.

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