Ségur de la santé : de quoi s’agit-il ?
Le 25 mai 2020 était lancé le « Ségur de la santé », soit une grande concertation entre le gouvernement et des représentants du secteur pour reconsidérer et réformer le système actuel, dont les défaillances ont été mises en lumière durant la pandémie de Covid-19. Selectra fait le point sur l’origine de ce terme, mais aussi sur les deux premières semaines de discussions.
- En bref : « Ségur de la santé » : comment réformer le système ?
- Le Ségur de la santé, en référence à l’avenue où se trouve le ministère de la Santé, a débuté le 25 mai 2020 ;
- Les discussions se répartissent en quatre thèmes centraux, soit quatre groupes de travail : la gestion des acteurs de la santé en France, la transformation et revalorisation des métiers de soignants, la simplification des organisations, et la politique d’investissement et de financement du secteur, rapporte Ouest France.
- Les deux premières semaines se sont avérées compliquées, puisqu’un syndicat, déçu, a choisi de se retirer des négociations ;
- Des rassemblements ont déjà eu lieu pour protester contre le manque de moyens concrets évoqués durant cette concertation, vue par certains comme un simple acte de communication. De plus, un appel citoyen a été lancé en vue d’une journée d’action prévue le 16 juin 2020.
Ségur de la santé : qu’est-ce que c’est ?
Depuis quelque temps, dans les médias, l’on a pu voir apparaître un terme qui en a intrigué plus d’un : « Ségur de la santé ». Ce dernier s’ouvrait le lundi 25 mai 2020, et les personnes qui ont pris la peine de chercher le terme « Ségur » dans le dictionnaire n’ont pas trouvé de définition. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que celui-ci vient du nom de l’avenue sur laquelle se trouve partiellement le ministère de la Santé, dans le 7e arrondissement de Paris. La grande consultation baptisée « Ségur de la santé » a donc simplement été nommée en référence à sa situation géographique.
L’autre mot qui aurait pu faire référence à cet événement est « Grenelle ». Adopté en mai 1968 pour désigner les grands rendez-vous se déroulant au ministère des Affaires sociales à l’époque, ces consultations et accords entre le gouvernement français, le patronat et les organisations syndicales avaient alors été baptisés de la même manière que le « Ségur de la santé » aujourd’hui. Désormais cependant, « Grenelle » est entré dans le langage courant et désigne l’ensemble des grandes consultations sociétales et politiques, à l’instar du Grenelle de l’environnement.
Pour désigner les négociations entre différents partis – gouvernement, acteurs sociaux, société civile, etc. – dans le cadre de cette concertation sur la santé en raison de la crise du Covid-19, le ministère a donc décidé de choisir un terme distinct. Pour Philippe Moreau Chevrolet, professeur en communication politique à Sciences Po, « c’est devenu un truc de communication politique, explique-t-il à franceinfo. Quand on ne sait pas quoi faire pour donner de l’importance à un événement, on l’appelle le Grenelle de quelque chose. Comme ça a été beaucoup fait, il faut inventer autre chose. C’est aussi probablement, comme toujours en communication politique, refaire la même chose mais différemment. »
Il reste à savoir si cette consultation satisfera les attentes de ses participants. Les Grenelles – ou ici, le Ségur – sont souvent des moments privilégiés mais dont la finalité déçoit la plupart du temps. Et les enjeux du « Ségur de la santé » sont importants, alors que le pays connaît une crise sanitaire et économique depuis plus de trois mois. Il va y être question de la gestion des hôpitaux, des salaires des personnels soignants, de la qualité des soins et de la prise en charge des patients, mais aussi de la dette – un sujet qui revient constamment et générateur de nombreux débats.
« Ségur de la santé » : un démarrage compliqué
Deux semaines après l’annonce du « Ségur de la santé », où en sommes-nous ? Il s’avère que la situation est déjà fort complexe. En tout, quatre groupes de travail sont déployés pour se pencher notamment sur la question de l’organisation, des salaires et du temps de travail. Et les discussions ont vite tourné au vinaigre, puisqu’en l’espace de quinze jours, un syndicat majeur de la profession s’est retiré. Pour ses représentants : trop peu de moyens et d’espace pour la négociation. « Pendant la crise, le président Macron a fait toute une série de promesses. Mais depuis le début des discussions, on ne voit rien venir. Le gouvernement fait des annonces mais arrive ensuite au Ségur les mains dans les poches. C’est inadmissible », expliquait ainsi Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé.
Il poursuit : « Comme nous le craignions, à la place de négociations [...], on nous a présenté un concept de réunion “brainstorming” national. Dans ces conditions, le Ségur fait partie intégrante du problème, et pas de la solution. Y rester, ce serait cautionner le stratagème du gouvernement. »
La question du manque de moyens dans le domaine de la santé n’est pas nouvelle, elle fait l’objet de revendications de la part des personnels soignants depuis longtemps. Le manque de propositions chiffrées est notamment remis en cause. Et il semblerait qu’à ce stade, personne ne soit réellement convaincu de la sincérité du gouvernement pour changer les choses, soit vraiment créer une amélioration du système de soins et des conditions de travail des personnels soignants.
Les quatre groupes de travail ont en tout sept semaines pour identifier des pistes en ce sens, une durée qui semble trop limitée pour certains. Une affaire à suivre, donc.
Un appel à la solidarité citoyenne a déjà été lancé par les soignants une journée d’action prévue 16 juin 2020. Parmi leurs revendications : plus de lits disponibles, une revalorisation des salaires, plus d’effectifs dans les différents services.