Ouverture de l’internet mobile à Cuba : quels sont les pays où son accès est restreint ?

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On connaît Cuba aux milles couleurs, avec ces voitures rétros et ces cigares aux doux arômes. Des images idylliques de cartes postales que rapportent les voyageurs avec eux après un séjour sympathique. Mais avant que cette île redevienne touristique, elle est passée par différents stades dont de nombreuses dictatures et des relations en dents de scie avec les Etats-Unis. Histoire complexe donc, non sans conséquence sur l'économie, la communication et la manière de vivre des cubains. L'arrivée de la 3G avec l'entreprise Etecsa devrait modifier légèrement la donne mais ce n'est qu'un début. Cuba n'est bien sûr pas le seul Etat à instaurer des limites sur l'installation et l'utilisation d'internet, plus d'une trentaine d'Etats sont concernés...

Comment se porte internet dans les pays victimes de restrictions ?

Cuba fait partie de la trentaine de pays dans le monde qui restreignent le plus l'accès à internet. Certains jouent sur le coût des abonnements et appliquent en même temps des limites directement à la source afin de restreindre l'accès à certains sites. Les raisons principales qui expliquent ces interdictions sont politiques, parfois religieuses et destinées à limiter les libertés de la presse. Même si officiellement les gouvernements de ces pays disent que ces restrictions d'accès sont mises en place pour des raisons de sécurité : contrer l'espionnage, le terrorisme, les cyber-attaques etc.

D'après le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en 2018 et d'autres classements réalisés par les VPN (Virtual Private Network), ces dix pays sont les plus cités en termes de restrictions des télécommunications :

Le drapeau de la Corée du Nord avec Kim Jong Un, le président du pays.
Kim Jong Un, Président de la Corée du Nord
  1. La Corée du Nord prend la première place du classement. Environ 7% de la population dispose d'une connexion internet sur son smartphone mais il s'agit d'une connexion à un intranet ultra contrôlé par le gouvernement nord-coréen. Pas question de pouvoir consulter des sites comme Facebook ou la presse internationale en ligne, la plupart des sites sont ceux édités par le gouvernement.
  2. La Chine est le deuxième pays à limiter le plus les libertés de communiquer de ces citoyens. Le pays qui compte, paradoxalement, le plus d'internautes au monde : 512 millions de chinois connectés. Parmi les limitations les plus courantes, on retrouve : le blocage des adresses IP de ses utilisateurs, des filtres de recherche et une orientation contrôlée vers des informations pro-gouvernement chinois. Facebook n'existe pas en Chine, c'est donc Wechat le leader des réseaux sociaux sur place. Les utilisateurs risquent la prison s'ils contournent ces restrictions. D'ailleurs, en juillet 2017, le gouvernement a annoncé l'interdiction des VPN, principal outil pour contourner la censure.
  3. L'Erythrée, un Etat du nord-est de l'Afrique, est le deuxième à conduire une des politiques les plus virulentes à l'égard des journalistes locaux et internationaux. Seul 1% de la population se sert d'internet.
  4. L'Ethiopie est le quatrième pays dont l'accès à internet est le plus inégal et restreint mais surtout l'un des plus faibles. Sur place, le montant d'un abonnement s'élève à 91 euros en moyenne et est l'un des plus élevés de la planète, il est bien au-dessus du salaire moyen d'un éthiopien et donc inaccessible.
  5. L'Arabie Saoudite prend la 5ème place de la liste et est le premier pays à censurer internet pour des motifs religieux. Dans cet Etat, la liberté d'expression n'a pas sa place et l'emprisonnement du blogueur Raif Bawadi depuis six ans maintenant en est la principale illustration. Là-bas, une liste noire des sites internet est entre les mains du ministère de l'intérieur, tous les accès internet passent d'abord par eux, sont validés puis peuvent être utilisés par les Saoudiens.
  6. L'Iran arrive sixième dans la censure d'internet et est l'un des pays les moins bien classés sur les libertés de la presse : une trentaine de journalistes y sont enfermés.
  7. La Syrie prend la septième place de la liste. Elle contrôle fermement l'accès aux sites d'informations et par exemple les cyber-cafés doivent déclarer quotidiennement les utilisateurs qui se connectent par leur biais.
  8. La Tunisie prend la huitième place. Là-bas, le serveur est central et contrôlé par le gouvernement.
  9. Le Vietnam arrive neuvième et certes permet l'accès à Google et Yahoo mais d'un autre côté, il interdit les recherches qui s'opposent au communisme ainsi que les sites internet qui peuvent y être attachés. Les emails envoyés et reçus sont contrôlés.
  10. Enfin, on retrouve souvent le Myanmar parmi les pays usant le plus souvent de la censure. Le gouvernement restreint entre autres, l'accès à de nombreux sites internet, filtre les emails envoyés et reçus par les utilisateurs et restreint les droits des journalistes.

Bien sûr cette liste peut continuer, nous n'avons par exemple pas cité la Russie qui, comme la Chine, a interdit l'accès aux VPN utilisés couramment pour contourner la censure installée par Vladimir Poutine. On pourrait aussi parler d'un Etat plus surprenant, l'Australie. depuis 2015, une loi votée sur la rétention des métadonnées oblige les fournisseurs d'accès à internet à conserver les métadonnées téléphoniques, Internet et e-mail de leurs clients pendant une période de deux ans. Bien sûr, l'Australie ne restreint pas l'accès à internet comme les pays cités plus haut et les journalistes y ont leurs libertés d'expression mais cette législation peut poser question, tout comme la fin de la neutralité du net sous le régime de Donald Trump aux Etats-Unis.

Où se situe la France au regard des restrictions internet ?

L'Hexagone fait partie des Etats les plus développés pour la liberté d'expression. Elle est 33ème sur les 176 Etats classés par RSF (Reporters sans frontières) sur la liberté des médias. Cependant, plusieurs classements effectués par Reporters sans frontières et l'ONG américaine Freedom House ont montré que la France subissait des restrictions plus sévères quant à l'accès de certains contenus du web ces dernières années. En effet, depuis 2013 et la loi française sur la programmation militaire, relative aux données de connexion, l'ONG française a montré ses inquiétudes quant à la surveillance d'internet et l'interdiction de certains sites. Le dernier cas récent de blocage d'un site par la justice est celui de democratieparticipative.biz pour propos racistes et homophones entre autres allant donc à l'encontre des valeurs de la démocratie. L'Union Européenne de manière plus générale vise à une grande liberté d'application d'internet pour ses citoyens-utilisateurs, d'où la fin du roaming en 2017.

Internet à Cuba : quelle est la situation ?

Une personne sur deux a facilement accès à internet dans le monde grâce à l'ADSL et au développement de la fibre optique, et parmi elles, huit personnes sur neuf se connectent sur leurs smartphones grâce aux réseaux 3G, 4G et bientôt 5G. A Cuba, Etat insulaire pourtant non loin de la Floride, seulement 25% de la population utilise internet, la plupart du temps dans des lieux publics, au bureau et seuls 5% des foyers sont équipés d'un accès d'après les données d'Amnesty International. Le quotidien connecté des 11,2 millions de Cubains ressemble plus à des points wifi éparpillés à un dollar de l'heure : dans des dizaines de parcs publics sur l’île, à l'intérieur ou juste devant les centres de télécommunications Etecsa et dans les hôtels. A vue d’œil cela peut sembler pas mal, et puis pourquoi venir apporter le capitalisme et la modernisation des télécommunications dans cet Etat encore protégé serait-on tenté de dire ?

Qu'est-ce que Etecsa?La société de télécommunications est créée en 1994, autrement dit encore sous le régime dictatorial communiste de Fidel Castro. La société est publique, entièrement gérée par le gouvernement qui peut en restreindre l'accès comme bon lui semble malgré les évolutions du web à l'extérieur de l'île.

Deux problématiques se posent dont la première correspond aux inégalités entre les habitants face à internet. S'il y a peu de foyers cubains équipés d'un abonnement internet, c'est parce que ces derniers coûtent très chers. Les souscriptions vont en effet de 60€/mois à 150€/mois, soit plus du double du salaire moyen d'un habitant de l’île qui s'élève à 30 dollars par mois, la plupart préfère donc s'en passer. La deuxième problématique est celle des restrictions de libertés imposées par le gouvernement, celle de communiquer en fait partie. Indirectement cela constitue aussi une barrière pour l'emploi alors qu'internet permet justement le développement de nombreux secteurs d'activités. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'Etecsa est la seule compagnie téléphonique sur l’île.

L'arrivée de la commercialisation du réseau 3G à Cuba annoncée officiellement le 6 décembre par Etecsa sur son site internet devrait permettre d'ouvrir l'accès à internet à une plus grande partie de la population. Mais le tarif des abonnements demeure assez élevé, à ce propos, Omar Everleny Perez, du centre d'Etude de l'économie cubaine déclarait la semaine dernière sur RFI :

Ceux qui auront accès à l'internet mobile sont les Cubains qui peuvent obtenir des pesos convertibles, des CUC, qui est une monnaie forte (par opposition aux pesos cubains non convertibles, l'autre monnaie utilisée dans le pays. NDLR). Donc c'est une mesure qui n'exclut pas en tant que tel, mais dans la pratique elle exclut par son coût. Concrètement, si vous voulez acheter un abonnement mensuel avec 4 gigas d'internet, il vous faut débourser 30 CUC, et ça c'est le salaire d'un Cubain, d'un Cubain plutôt aisé.

Cependant, des entreprises géantes telles que Google, Huawei ou encore Twitter sont sur le qui-vive pour implanter leurs installations. Miguel Diaz-Canel, le nouveau Président de Cuba depuis avril dernier a ouvert pour la première fois de l'histoire gouvernementale du pays un compte du petit oiseau bleu, laissant entrevoir un peu plus de libertés.

Le VPN, une bonne alternative à la censure mais pas toujours

Comme son nom l'indique ce Virtual Private Network ou réseau virtuel privé permet de se connecter à internet de manière anonyme, à travers une autre adresse IP (numéro d'identification de votre ordinateur) que la sienne, sur un ordinateur à distance. Cela est très utile si par exemple vous souhaitez regarder du contenu uniquement accessible dans un autre pays : séries, médias locaux.

Un ordinateur et un téléphone portable enchaînés

En France, les VPN sont légaux. Ces outils sont nombreux et plus ou moins complexes selon l'utilisation qui en est faite. Parmi les plus connus, vous retrouverez TunnelBear, NordVPN ou Cyberghost. Attention, la plupart de ces outils sont payants, la version gratuite étant très limitée. Ainsi les abonnements oscillent entre 5€ et 12€ par mois.

Dans les pays qui ont adopté une restriction de l'utilisation du web, les gouvernements ne sont pas nés de la dernière pluie et peuvent, grâce à leurs technologies, savoir qui est l'utilisateur. Cependant, il leur sera difficile de voir les sites consultés. En Chine et en Russie, leur utilisation est désormais interdite, les gouvernements ayant pu constater un bond de l'utilisation de ces outils qui a permis de contourner la censure pendant un certain temps. Il est déconseillé de se risquer à de telles manœuvres dans les pays les plus fortement censurés, au risque de passer par la case prison.

Si vous partez en vacances à l'étranger et que vous n'êtes pas certain de l'état des connexions internet sur place, vous pouvez consulter notre article sur le sujet et les solutions apportées par les opérateurs français.

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