Coupures d’électricité : votre ville sera-t-elle plongée dans le noir cet hiver ?

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Le plan national de sobriété énergétique propose 15 mesures phares pour réduire la consommation d’énergie de 10% d’ici 2024. A ce plan s’ajoutent les initiatives locales prises par des communes pour participer à cet effort. Beaucoup d’entre elles ont décidé de s’attaquer aux éclairages dispensables. Monuments, centres villes, boutiques… la chasse à la lumière nocturne inutile est au menu. Au point que certaines communes ont déjà opté pour l’obscurité.

Eteindre les éclairages publics : une économie simple et rapide

“L’éclairage public est le deuxième poste de consommation d’énergie des communes après les bâtiments, avec 12% des consommations et 18% des coûts d’énergie. Cela représente 31% des dépenses d’électricité”, expliquait le gouvernement, lors de sa présentation du plan national de sobriété énergétique début octobre. À partir de ces données, les autorités ont invité l’ensemble du territoire à réduire l’éclairage la nuit, ou à minima, à installer des méthodes d’éclairage économe, comme les ampoules LED dans les commerces ou bâtiments publics.

Éteindre les lumières, surtout quand elles ne sont pas indispensables. Cet éco-geste est devenu une priorité absolue, au même titre que la baisse du chauffage. L’outil Ecowatt, la météo de l'électricité, le martèle aussi directement sur sa plateforme. L’éclairage extérieur, publicitaire et dans les bâtiments publics doit être diminué. Par anticipation tout d’abord, mais aussi en tant que mesure d’urgence nécessaire en cas de saturation du réseau électrique.

Plusieurs grandes villes françaises ont d’ores et déjà choisi d’appliquer cette recommandation. Clermont-Ferrand, Lyon ou encore Strasbourg ont déjà mis en place une politique allant dans ce sens.

Lyon expérimente depuis ce jeudi 3 novembre et jusqu’au début du mois de janvier, “une extinction de l’éclairage public, 4 jours par semaine, entre 2h et 4h30 du matin”. Clermont-Ferrand de son côté, a éteint l'éclairage public de minuit à 6 h du matin depuis le 26 octobre. Strasbourg qui avait déjà plongé ses bâtiments publics dans l’obscurité, réduit progressivement l’éclairage public entre 1h et 5h du matin jusqu’à la mi-décembre. Elle ne maintient seulement les lumières que sur les grands axes de la ville à titre de sécurité.

Un éco-geste largement suivi sur le territoire français

Ce ne sont pas seulement les grandes villes qui font le choix d’éteindre les lumières. Plusieurs communes et villes intermédiaires font également le pari de l’économie d’éclairage.

La ville de Guéret dans la Creuse tente une expérience de ce genre sur les six prochains mois. Elle a voté l’extinction des lumières pour participer à la sobriété énergétique nationale. Les éclairages publics dans les rues du centre-ville sont éteints de 2 heures à 6 heures du matin. Quant aux éclairages des artères principales de la ville, ils seront éteints de 23 heures à 6 heures du matin.

Moissac, une commune de plus de 12 000 habitants dans le Tarn-et-Garonne, fait le même pari. “L’éclairage public sera éteint de 23h à 5h30 sur certains secteurs pendant la période hivernale. Le cœur de ville et les grands axes ne sont pas concernés par cette mesure. De plus, l’intensité de certains points lumineux sera réduite. Ces actions permettront de réaliser 21 000 € d’économies”, a prévenu le maire de la commune à travers une vidéo postée sur le site de la mairie.

Les élus n’hésitent pas à brandir l’argument de l’économie financière, en complément du geste pour l’écologie. La mairie de Clermont-Ferrand, par exemple, espère ainsi économiser 300.000 euros par an avec cette économie entreprise dès le mois d’octobre. Guéret table de son côté sur un gain financier entre 80.000 et 145.000 euros par an.

Pas d’illuminations de noël ?

Si l’éclairage quotidien des routes et des rues a été sérieusement réduit, on peut imaginer que les événements festifs prévus pour décembre seront réévalués. Avec la fin de l’année qui approche, on pense forcément aux illuminations de noël. Faudra-t-il également se faire à l’idée d’un noël dans le noir ?

La question avait déjà été abordée par Strasbourg, ville emblématique des festivités de fin d’année, grâce à son marché de noël, une tradition depuis le XVIe siècle. Mais aussi pour ses illuminations ou encore son sapin géant d’une trentaine de mètres et ses guirlandes lumineuses impressionnantes. Strasbourg promet qu’elle ne touchera pas à ses illuminations mais compte bien les adapter. Les cabanons du marché de noël seront illuminés à la LED et seulement de 16h à 20h. Le fameux sapin ne sera illuminé qu’entre 16h et 23h. Le marché de noël s’achèvera le 24 décembre au soir, alors que les années précédentes, il durait un peu plus longtemps pour le plaisir des touristes. Les illuminations, quant à elles, seront éteintes une semaine plus tôt, soit dès le 8 janvier 2023.

Lyon aussi, qui est réputée pour sa célèbre fête des Lumières qui a lieu chaque 8 décembre, devra-t-elle rogner sur les événements culturels ? “Les illuminations de fin d’année seront maintenues mais leur amplitude horaire sera adaptée à 23h (au lieu de minuit). La période d'illumination sera, quant à elle, réduite d'une semaine pour s’arrêter le 8 janvier”, prévient la métropole lyonnaise qui prône une adaptation mais pas une suppression totale.

Mieux contrôler les éclairages à défaut de les supprimer

L’extinction généralisée à des secteurs urbains ne convainc pourtant pas tout le monde, certains évoquant notamment la crainte d’une augmentation de l’insécurité. Dans ce contexte, plusieurs initiatives ont vu le jour, afin de développer des méthodes permettant non pas d’éteindre complètement les éclairages publics, mais plutôt de les contrôler et de les optimiser.

À Marseille, Le collectif “Les Amis de la Terre des Bouches-du-Rhône” ont développé une application appelée “extinction nocturne”. L’outil permet de collecter des informations et des données sur les éclairages nocturnes comme des boutiques illuminées de nuit ou des espaces peu ou prou fréquentés. Le but est de sensibiliser les responsables de ces lieux afin qu’ils modulent voire suppriment les éclairages nocturnes en les prévenant qu’ils peuvent eux aussi participer à l’effort collectif.

“En cette période d'appel à la sobriété énergétique, il nous semble important de pouvoir évaluer la consommation énergétique de ces éclairages, de sensibiliser les usagers et d'alerter les autorités compétentes”, expliquent “Les Amis de la Terre des Bouches-du-Rhône”.

Autre proposition du côté de la Bretagne avec la ville de Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor et son initiative “J’allume ma rue”. Depuis le 5 octobre ce dispositif permet aux habitants d’allumer les lampadaires de 14 rues du quartier Saint-Michel avec leur smartphone.

Lors de leur passage dans la rue sélectionnée, les passants peuvent se rendre sur le site j'allume.fr, qui les géolocalise, et demander que la voie soit éclairée le temps de leur passage. Le dispositif déclenche les lampadaires pour une durée de cinq minutes. Ainsi il est possible de réduire l’éclairage, tout en donnant l’option de sécurité aux habitants qui auraient besoin de lumière.

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