Le prix du fioul bat tous les records

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En octobre 2015, les prix du fioul ont atteint un niveau de faiblesse jamais vu depuis 2009. Une aubaine pour les Français qui utilisent cette énergie pour leur chauffage. 

Le prix du fioul au plus bas depuis 5 ans

Le prix du fioul, contrairement aux autres énergies de chauffage, a la particularité de varier au quotidien, pouvant ainsi évoluer à la hausse comme à la baisse d’un jour à l’autre. Après avoir subi une baisse record au mois d’août, le prix remonte brutalement en septembre pour dégringoler de plus belle en octobre, où il atteint son niveau le plus bas depuis plus de 5 ans. Ainsi, le fioul passe sous la barre des 640 euros les 1000 litres de fioul ordinaire ; il faut remonter jusqu’à décembre 2009 pour trouver un prix aussi bas.

Evolution du prix du fioul depuis un an.

Evolution du prix du fioul depuis un an. Des tarifs aussi bas qu'en 2009.

Les prix du fioul sont bas en août : le nombre de commandes explose

La situation était véritablement inédite pour un mois d’août. Le prix du fioul est en effet passé sous la barre des 670 euros les 1000 litres vers la fin de l’été, représentant une formidable aubaine pour les Français se chauffant au fioul domestique. Cette chute des prix représentait en effet une économie de plus de 200 euros par rapport à l’an dernier pour une commande de 1000 litres.

Comparaison prix du fioul mois d'août

Comparaison des prix du fioul au mois d'août depuis 2010.

Les consommateurs de fioul ont ainsi été nombreux à profiter de cette chute des prix pour faire le plein de leur cuve en prévision de l’hiver. Les commandes de fioul domestique se sont en effet multipliées en août, une tendance qui se vérifie sur le site de commande FioulReduc, où le niveau d’activité au mois d’août était équivalent à celui d’un mois de décembre. Cette baisse des prix a surpris tout le monde, y compris les distributeurs de fioul, provoquant une augmentation temporaire des prix et un rallongement des délais de livraison. L’afflux de commandes était tel que le spectre d’une pénurie généralisée de fioul a plané pendant un temps sur la France. Heureusement, le professionnalisme et la réactivité de la filière fioul ont rapidement permis un retour à la normale, et les réapprovisionnements ont pu être rapidement effectués.

Trois raisons pour expliquer cette chute des prix

Cette spectaculaire chute des prix du fioul est provoquée par un fort déséquilibre de l’offre et de la demande sur le marché du pétrole brut. Rappelons que le fioul est un produit raffiné du pétrole, son prix dépend donc en partie de l’évolution des cours de l’or noir.

En effet, le prix du baril de Brent (pétrole de la mer du Nord) a été divisé par deux en un an, passant de 100 dollars en août 2014 à 50 dollars cet été. Il faut remonter à 2008, au lendemain du troisième choc pétrolier, pour retrouver une chute aussi significative.

Le ministre des Affaires étrangères iraniennes Mohammad Javad Zarif et John Kerry.

Le ministre des Affaires étrangères iraniennes Mohammad Javad Zarif et son homologue américain John Kerry, lors des négociations sur le nucléaire iranien.

Une augmentation de l'offre

Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette chute des prix. Tout d’abord, les États-Unis produisent désormais une grande quantité du pétrole issu du schiste, alimentant une production mondiale de pétrole déjà en surabondance. En parallèle à cela, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) conserve son niveau de production et ne souhaite pas le réajuster pour conserver ses parts de marchés auprès des pays consommateurs de brut.

D’autre part, l’Iran, qui fut un temps l’un des plus gros exportateurs de pétrole avant l’embargo, pourrait reprendre ses activités suite à l’accord sur le nucléaire iranien conclu le 14 juillet avec les grandes puissances occidentales. En effet, cet accord pourrait lever l’embargo international dont le pays faisait l’objet, et autoriserait la République islamique d’Iran à inonder à son tour le marché en pétrole, dans les 6 mois suivants la levée des sanctions.

Demande en berne et dollar en hausse

De l’autre côté, la demande mondiale en pétrole dans le monde est en berne. Bien qu’elle soit toujours croissante, elle reste néanmoins largement en deçà des prévisions des analystes. La Chine, premier consommateur de pétrole au monde, voit sa production industrielle atteindre son plus bas niveau depuis quinze mois cet été. Le pays consomme par conséquent beaucoup moins de pétrole.

Par ailleurs, le renforcement du dollar par rapport aux autres monnaies freine la spéculation sur cette matière première. En effet, le pétrole brut étant négocié en dollars, il revient plus cher pour les investisseurs munis d’autres devises, comme l’euro, lorsque le dollar est plus fort. Ils délaissent alors l’or noir et se tournent vers d’autres valeurs spéculatives.

Selon le Directeur général de l’Agence internationale de l’Énergie, le pétrole a de grandes chances de rester proche des 45 dollars le baril pendant encore plusieurs trimestres, si aucun ajustement de production n’intervient entre-temps.

Les prix vont-ils continuer de baisser ? Malgré la volatilité des cours, les prix du pétrole, et par conséquent du fioul, devraient rester bas cette année. Il est néanmoins difficile de prévoir l’évolution des cours du fioul, car il dépend de nombreux facteurs géopolitiques. Cependant, selon les analystes, le déséquilibre entre l’offre et la demande promet de s’éterniser si aucun ajustement des niveaux de production n’est décidé.
À l’approche de l’hiver, cette baisse des prix est une excellente nouvelle pour les dix millions de Français qui se chauffent au fioul domestique, et qui pourront ainsi bénéficier d’une facture d’énergie plus légère cet hiver.

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