Grève des agents du nucléaire : doit-on s’attendre à des coupures d’électricité ?

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Alors que certaines centrales nucléaires sont à l’arrêt, comme celle de Cruas-Meysse, en Ardèche, la dernière tentative de négociation salariale entre employés et direction d’EDF s'est soldée par un échec. On apprend ainsi qu’un préavis de grève national intersyndical (CFE-Énergie, CGT, CFDT, FO) court depuis lundi 15 janvier. Quelles conséquences pour les consommateurs ?

Un préavis de grève déposé

Après la centrale de Cruas-Meysse, la grève des agents du nucléaire en France s'est étendue à la centrale EDF du Bugey, dans le sud-est du pays, où des actions empêchent désormais le redémarrage de l'unité 5, d'une capacité de 880 MW, ont indiqué des responsables syndicaux mercredi. Une action qui fait suite à l’échec cuisant des négociations salariales entamées début janvier et qui pourrait bien s’étendre davantage d’ici la fin du mois.

La direction direction d’EDF s’est bornée à une augmentation de 1,5 % de la masse salariale, en complément des 2 % d'augmentation générale au niveau de la branche, ont indiqué à l'AFP les deux premiers syndicats de l'entreprise. “La direction nous a joué un simulacre de négociations”, a déclaré Amélie Henri, secrétaire nationale de la CFE-CGC, premier syndicat d'EDF, qui réclame 4 % de mesures individuelles.

D’ultimes échanges houleux entre salariés et direction qui se sont donc soldés par le dépôt d'un préavis de grève des quatre organisations syndicales représentatives (CFE-Énergie, CGT, CFDT, FO).

“Un appel à la grève est programmé le mardi 30 janvier pour rappeler à la direction que sans des salariés au travail, il n'y a pas de production de richesse.”

Extrait du communiqué de l'intersyndicale

“Ce sont les agents qui décident localement” de “reprendre en main l'outil de travail par des baisses de charge (baisses de production), ou par des blocages d'activité”, a déclaré Thomas Plancot, secrétaire syndical central CGT au sein d'EDF. “Ce sera décidé dans les assemblées générales par le personnel”, vraisemblablement “la semaine prochaine”, a-t-il ajouté. “Il y a déjà des actions qui s'organisent sur les sites”, a indiqué à l'AFP Amélie Henri, secrétaire nationale de la CFE-CGC d'EDF, qui a notamment évoqué l'usine marémotrice de la Rance (Ille-et-Vilaine), “qui se prépare”. Une situation qui promet donc d’enfler dans les semaines à venir et qui semble toutefois loin de trouver son dénouement. Pour Bastien Martin-Cisteron, représentant CGT du site du Bugey, rien ne sera signé à moins de 100 euros de plus sur les salaires nets mensuels.

Faut-il craindre des pénuries d’électricité ?

Si la grève survenue à l’automne 2022 avait fait craindre de lourdes pénuries d’électricité, la situation est sensiblement différente à l’aube de cette année 2024. En effet, depuis cette période de crise énergétique européenne, la capacité disponible du parc nucléaire hexagonal a fortement augmenté et avoisine désormais les 85% grâce aux travaux qui ont été menés, selon des données publiques extraites par l'AFP. La France a d’ailleurs repris sa place de première exportatrice d'électricité en Europe en 2023, loin devant la Suède et la Norvège, grâce notamment à la remontée du parc nucléaire, touché en 2022 par une baisse de production historique, selon des données communiquées mercredi par le cabinet d'analyse S&P Global Commodity Insights.

Si la situation n’est donc pour l’heure pas alarmante compte tenu de la situation du parc nucléaire français, il faudra toutefois trouver une solution rapidement avant que d’autres réacteurs, mais aussi des barrages hydrauliques ou des centrales thermiques (qui assurent un peu moins de 8 % de la production d’électricité), ne fassent à leur tour faire l’objet de débrayages, menacent les syndicats.

“Ça impacte toujours, de mener des actions sur l'outil de travail, parce que forcément les retards sur les arrêts de tranche, cela a un coût et les baisses de charge, cela a aussi un coût pour l'entreprise qui ne peut pas les utiliser sur le marché”, a estimé Thomas Plancot. Il concède toutefois que “pour obtenir quelque chose, il faudra que ce soit sur la durée”. Les augmentations générales et individuelles accordées par EDF SA permettent “une progression moyenne de 4,14 % des salaires pour l'année 2024”, a affirmé la direction, dont des mesures individuelles d'augmentations de +1,5 %. Sur ce dernier point, la CFE-CGC réclame 4 %, et la CGT 2,3 %.

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