Électricité : fin du tarif réglementé dès 2026 ? Le gouvernement a tranché
Réclamée par l'Autorité de la Concurrence et soutenue par de nombreux fournisseurs alternatifs, la suppression du tarif réglementé d'électricité a alimenté de vifs débats. Ce dossier divise les partisans d'une concurrence accrue, qui préconisent sa disparition, et ceux qui estiment que ce dispositif offre une protection indispensable aux consommateurs en assurant la stabilité des prix. Dans un rapport publié le 17 février 2025, le gouvernement tranche officiellement la question.
Les arguments en faveur de la disparition du tarif réglementé d'électricité

Plusieurs arguments plaident en faveur de la suppression du tarif réglementé d'électricité, comme le montrent notamment les analyses de l'Autorité de la Concurrence.
Un tarif réglementé toujours majoritaire, frein à la concurrence
Dans son rapport publié fin 2024, l'Autorité de la Concurrence relève que le tarif réglementé d'électricité ne respecte plus le caractère transitoire imposé par le droit européen. À l'origine, la régulation des prix devait être exceptionnelle et limitée aux consommateurs vulnérables, alors que le dispositif s'étend désormais à un éventail bien trop large d'usagers, ce qui va à l'encontre d'un marché libéralisé.
Le tarif réglementé excède son rôle d'offre de référence au point de ne pas le remplir pleinement. Au lieu de servir de simple référence pour le marché – ce qui pourrait stimuler la concurrence – le tarif réglementé capte une grande partie de la demande et son existence substitue à la concurrence, l'administration des prix.
Par ailleurs, le fait que 59 % des particuliers restent soumis à ce tarif (au 3ᵉ trimestre 2024) constitue un frein majeur au développement de la concurrence. En effet, le tarif réglementé sert de prix de référence pour les concurrents d'EDF. Leurs offres tendent alors à s'y aligner, limitant ainsi l'émergence de propositions véritablement innovantes et compétitives.
Une stabilité apparente, mais trompeuse
La fixation actuelle des tarifs repose sur un lissage des coûts sur deux ans, ce qui donne aux consommateurs l'impression d'une stabilité tarifaire. Toutefois, ce mécanisme masque les fluctuations réelles du marché de gros en atténuant les variations effectives des coûts d'approvisionnement.
Ainsi, au lieu de déclencher une adaptation de la consommation et des offres, le lissage maintient artificiellement un niveau de consommation élevé, même si les conditions réelles du marché n'encouragent pas cette surconsommation.
De surcroît, la crise énergétique de 2021 - 2023 a démontré que cette stabilité illusoire ne protégeait pas suffisamment contre d'importantes hausses tarifaires. Malgré le lissage, les prix se sont finalement envolés, obligeant le gouvernement à recourir à des mesures d'urgence, telles que le bouclier tarifaire, pour limiter l'impact sur le pouvoir d'achat.
La réponse du gouvernement

Dans son rapport du 17 février 2025, le gouvernement tranche en faveur du maintien des tarifs réglementés pour les consommateurs résidentiels et les microentreprises.
Le gouvernement insiste, entre autres, sur le rôle crucial de ce dispositif, qui, grâce à un lissage sur 24 mois, atténue les fluctuations brutales des prix du marché de gros et protège ainsi les ménages contre la volatilité tarifaire.
Le tarif réglementé assure la stabilité des prix
Le gouvernement rappelle que, malgré les critiques, le tarif réglementé constitue un rempart indispensable contre les variations du marché de gros. Ce mécanisme de lissage des prix sur 24 mois permet de stabiliser la facture d'électricité des consommateurs, notamment en période de crise énergétique, comme observé entre 2021 et 2023.
Ainsi, sans ce mécanisme de lissage, le tarif réglementé aurait dû augmenter de 44,5 % en 2022 puis 79,7 % en 2023. Bien que le tarif réglementé n'ait pas été suffisant pour protéger les consommateurs face à ces hausses inédites, il a permis d'en absorber une bonne partie.
Le tarif réglementé favorise la cohésion sociale et territoriale
Le maintien des tarifs réglementés contribue à la cohésion sociale et territoriale en offrant un prix de référence uniforme sur l'ensemble du territoire. Cette harmonisation permet de réduire les disparités tarifaires entre les zones urbaines, économiquement dynamiques, et les régions isolées ou non interconnectées, où les coûts de production et de distribution de l'électricité sont souvent plus élevés.
Ainsi, ce mécanisme de tarification évite la création d'un fossé économique entre les régions, soutenant donc une politique territoriale inclusive et solidaire, essentielle pour le tissu social national.
Garantie de la sécurité d'approvisionnement
Les autorités françaises soulignent que le tarif réglementé joue un rôle moteur dans le développement de la flexibilité des petits consommateurs. Grâce notamment aux options « heures pleines/heures creuses » et « Tempo », ces tarifs favorisent l'adaptation de la consommation en fonction du niveau de tension sur le réseau, ce qui permet d'amortir les pics de demande et d'optimiser la gestion du système électrique.
Ainsi, sans le tarif réglementé et en l'absence d'offres compétitives similaires chez les concurrents d'EDF, la capacité du système électrique à répondre efficacement aux fluctuations de la demande pourrait être compromise, mettant ainsi en péril la sécurité d'approvisionnement à court et moyen terme.
Que demande le gouvernement en échange du maintien du tarif réglementé ?
Le gouvernement impose plusieurs exigences afin de garantir la pérennité et la transparence du tarif réglementé. Il souhaite, d'une part, que les acteurs historiques renforcent leurs processus de souscription pour clarifier les offres et, d'autre part, qu'ils favorisent l'émergence d'une concurrence accrue, notamment dans les zones couvertes par des fournisseurs locaux.
Enfin, le gouvernement soutient une demande de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) afin de faire évoluer l'option base.
Clarification et séparation des parcours de souscription
Le gouvernement exige que les fournisseurs historiques, tels qu'EDF et les fournisseurs locaux, révisent leurs processus de souscription en ligne afin d'éviter toute confusion entre les offres réglementées et les offres de marché.
Les premières étapes du parcours de souscription devront permettre d'identifier clairement l'option choisie par le consommateur et, avant le 1ᵉʳ juillet 2025, ces opérateurs devront soumettre à la CRE un bilan détaillé des mesures mises en œuvre.
Plus de concurrence dans les zones desservies par les ELD
Le gouvernement insiste pour mettre en œuvre des mesures spécifiques visant à lever les obstacles à l'entrée de concurrents sur les territoires desservis par les Entreprises Locales de Distribution (ELD). Dans ces zones, regroupant environ 2 millions de consommateurs résidentiels, 99,6 % des clients restent sous contrats avec les fournisseurs historiques, ce qui démontre une quasi-absence de concurrence sur ces territoires.
Pour dynamiser la concurrence, le gouvernement demande une automatisation des échanges de données entre les différents gestionnaires de réseaux locaux, en ciblant notamment ceux desservant plus de 100.000 clients.
Suppression et évolution de l'option Base
Le gouvernement demande également une révision de l'option Base, qui propose un même prix de l'électricité à tout moment de la journée.
Le gouvernement soutient ainsi la demande de la CRE qui propose la mise en extinction de l'option Base pour les puissances souscrites de 9 à 15 kVA dès février 2025, et sa suppression pour les puissances de 18 à 36 kVA à partir de 2026.
Quel est le prix du tarif réglementé en 2025 ?
Le tarif réglementé d'électricité est commercialisé au niveau national uniquement par EDF. Son prix actuel est de 0,2016 € en option base, 0.2146 € en heures pleines et 0.1696 € en heures creuses.
Pour un logement de 70 m² avec 3 habitants équipés avec des radiateurs électriques, il faut compter un budget de 212 € par mois avec le tarif réglementé (Budget calculé en heures pleines / heures creuses, 6 kVA, 11.900 kWh par an).
Retrouvez ci-dessous notre simulateur pour calculer votre budget avec le tarif réglementé :
Ma facture d'électricité avec l'offre Tarif Réglementé d'EDF
Offre Tarif Réglementé
115
€/mois
soit 1374 €/an TTC
Electricité verte non-incluse
Pas de blocage des prix
Offre :
Tarif Réglementé
Prix du kWh :
0,2016 €
Prix de l'abonnement :
165 €/an
Total :
1374 €/an (115 €/mois)
- Offre sans engagement
- Résiliation gratuite
- Pas de coupure
Tarif Réglementé vérifié le 10/02/2025
Pour souscrire au tarif réglementé d'EDF, il est nécessaire d'appeler de 3404 (prix d'un appel local)