Le tarif réglementé d'électricité d'EDF évolue en 2025 et 2026. Ce qui va changer
À partir de cette fin d'année et jusqu'en 2026, le tarif réglementé de l'électricité s'apprête à subir d'importantes transformations. La Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) a ainsi dévoilé une série de changements majeurs, destinés à impacter presque tous les consommateurs. Dans cet article, découvrez les principales évolutions à venir, depuis la nouvelle répartition des heures creuses jusqu'au remaniement du mode de calcul et l'élargissement de l'offre, afin de mieux anticiper l'avenir du marché de l'électricité en France.
De nouvelles heures creuses
De nouvelles heures creuses arriveront dès 2025. Ce changement devrait concerner près de 14,5 millions de foyers en France d'ici à 2027, soit presque la moitié des ménages, et vient remanier l'organisation traditionnelle des plages tarifaires.
Jusqu'à présent, le système Heures Pleines/Heures Creuses prévoyait 16 heures en heures pleines et 8 heures en heures creuses, la majorité de ces dernières étant concentrée durant la nuit. Désormais, une partie des heures creuses sera déplacée en après-midi afin de mieux exploiter la production solaire, particulièrement en été. Concrètement, la nouvelle répartition prévoit :
- Minimum 5 heures creuses consécutives la nuit, entre 23h et 7h, pour que les appareils à grosse consommation programmés (comme le chauffe-eau) fonctionnent toujours à tarif réduit pendant le sommeil.
- Jusqu'à 3 heures creuses en après-midi, réparties idéalement entre 11h et 17h, surtout lorsque le soleil est à son zénith, et ce, notamment pendant la saison estivale (du 1ᵉʳ avril au 31 octobre).
Une répartition différenciée selon la saison
La répartition des heures creuses variera en fonction des saisons :
- En hiver (saison haute, du 1ᵉʳ novembre au 31 mars), les heures creuses resteront intégralement positionnées pendant la nuit.
- En été (saison basse, du 1er avril au 31 octobre), elles seront réparties entre la journée et la nuit.
Par ailleurs, les plages horaires actuellement attribuées aux heures creuses entre 7h et 10h et entre 18h et 23h en été, ainsi qu'entre 7h et 11h et 17h et 21h en hiver, seront progressivement supprimées.
Mise en application progressive
Le déploiement des nouveaux horaires se fera progressivement à partir du 1ᵉʳ novembre 2025 et s'échelonnera jusqu'à fin 2027. Enedis, principal gestionnaire du réseau électrique français, communiquera aux fournisseurs d'électricité les futurs horaires environ six mois avant leur mise en œuvre. Ceux-ci devront informer leurs clients au moins un mois à l'avance, que ce soit par le biais de la facture, par courrier dédié ou via leur espace client en ligne.
Parmi les 14,5 millions de foyers ayant souscrit à l'option Heures Pleines/Heures Creuses, 11 millions verront leurs horaires modifiés, en priorité les foyers bénéficiant actuellement d’heures creuses en soirée ou en début de matinée, tandis que 3,5 millions ne connaîtront aucun changement.
Ainsi, d'ici à 2027, environ 13,1 millions de ménages bénéficieront d'heures creuses réparties en deux périodes (l'après-midi et la nuit), tandis qu'environ 1,4 million conserveront des heures creuses exclusivement nocturnes.
Une offre qui ne sera plus exclusive d'EDF ?
Historiquement, EDF était le seul fournisseur national en charge du tarif réglementé et le Tarif Bleu était étroitement associé à l'image de l'opérateur historique. Cependant, le paysage concurrentiel évolue et le gouvernement pourrait envisager de rendre cette offre accessible à un plus grand nombre de fournisseurs.
Le gouvernement souhaite évaluer si d’autres concurrents d'EDF peuvent proposer également le tarif réglementé. Cette évolution ne vise pas à compromettre la protection offerte aux consommateurs, mais à dynamiser le marché en favorisant une réelle concurrence sur le segment résidentiel.
Un changement important dans le mode de calcul
Le tarif réglementé d'électricité est historiquement construit en intégrant, entre autres éléments, le dispositif de l’ARENH, l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique. Concrètement, l’ARENH permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter une part déterminée de l’électricité produite par le parc nucléaire d’EDF à un prix fixe et avantageux. Ce mécanisme a toujours servi de bouclier contre la volatilité des marchés de gros, en garantissant aux consommateurs une part de leur approvisionnement à un coût stable, et ainsi en contribuant à la prévisibilité et à la sécurité tarifaire.
Or, l’ARENH prendra fin le 31 décembre 2025. Sa disparition entraîne une révision importante du mode de calcul du tarif réglementé. Désormais, le tarif ne bénéficiera plus d’une composante « fixe » basée sur le coût de production nucléaire historique et reposera en grande partie sur les prix de marchés de gros de l’électricité.
Le tarif réglementé deviendra plus sensible aux variations des prix de gros. Même si un mécanisme de lissage sur 24 mois sera maintenu pour atténuer certaines variations, l'absence de l’ARENH signifie que le tarif pourra évoluer plus rapidement en fonction des conditions du marché.
Disparition progressive de l'option Base
L'option Base, qui permettait auparavant de consommer l'électricité au même tarif tout au long de la journée, que ce soit le jour ou la nuit, est amenée à disparaître progressivement. Cette option, historiquement appréciée pour sa simplicité, ne propose pas de signal différencié incitant les consommateurs à adapter leur consommation en fonction des périodes de moindre demande, contrairement aux offres Heures Pleines/Heures Creuses ou Tempo.
À compter de février 2025, les logements neufs équipés d'un compteur d'une puissance comprise entre 9 et 15 kVA ne pourront plus souscrire, dans le cadre du tarif réglementé, à l'option Base. Ils devront impérativement opter pour l'option Heures Pleines/Heures Creuses.
Dès le 1ᵉʳ février 2026, l'option Base sera définitivement supprimée pour les ménages équipés d'un compteur affichant une puissance comprise entre 18 kVA et 36 kVA, soit les très gros consommateurs. En pratique, près de 50 000 foyers devront obligatoirement passer au système des heures creuses.
Par ailleurs, la Commission de Régulation de l'Énergie envisage d'expérimenter l'instauration d'une ou deux heures supplémentaires à tarif plus onéreux dans la journée pour quelques dizaines de milliers de ménages équipés d'un compteur de 3 kVA ou 6 kVA. Les modalités précises de cette expérimentation seront définies ultérieurement.
Un changement de nom à venir ?
Afin d'éviter toute confusion entre les offres réglementées et les offres commerciales d'EDF, la CRE recommande à EDF de travailler à la création d'une nouvelle marque pour commercialiser le tarif réglementé d'électricité. Cette démarche viserait à distinguer clairement les « tarifs bleus », encadrés par l'État, de ses offres de marché dont les tarifs sont choisis librement par EDF.
Par ailleurs, les interfaces de vente actuelles, qui présentent les deux catégories de contrats sur une même page et risquent ainsi de confondre le consommateur, devraient être repensées avec la mise en place de canaux de souscription en ligne distincts pour les offres réglementées.