Engie, EDF... Ce qu'ils préparent en coulisses ces 5 fournisseurs pour nourrir l'appétit insatiable de l'IA

Engie, EDF... Ce qu'ils préparent en coulisses ces 5 fournisseurs pour nourrir l'appétit insatiable de l'IA

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L'intelligence artificielle est partout. Dans nos téléphones, nos applications, nos conversations. Son image est celle d'une technologie immatérielle, une sorte de cerveau numérique flottant dans le cloud. Pourtant, chaque requête sur un chatbot, chaque image générée, chaque calcul complexe se déroule dans d'immenses centres de données qui consomment autant d'énergie que des villes entières. Alors que la demande d'électricité en provenance de l'intelligence artificielle explose, certains fournisseurs d'énergie européens sont en train de devenir les véritables pivots de cette révolution numérique.

La face cachée de l'IA : des centres de données aux appétits démesurés

Invisible au premier abord, le moteur physique de l'IA, ce sont les centres de données. Des bâtiments gigantesques, remplis de milliers de serveurs informatiques qui tournent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et ces serveurs ne font pas que calculer : ils chauffent. Énormément. Une part considérable de leur consommation électrique est d'ailleurs dédiée à leur propre refroidissement, pour éviter la surchauffe généralisée.

Les chiffres donnent le vertige. Selon les analystes, la demande en électricité de ces centres représente déjà environ 3 % de la consommation totale en Europe. Un chiffre qui peut paraître modeste, mais qui explose dans certaines régions, dépassant les 20 % en Irlande, devenue une plaque tournante pour les géants de la tech. 

Les projections sont encore plus saisissantes : les demandes de raccordement de nouveaux centres de données au réseau européen atteindraient 280 gigawatts, soit 90 % de la demande de puissance actuelle de l’UE. Bien qu'il s'agisse ici de dossiers de demande et non de projets déjà sortis de terre, cette pression administrative illustre le choc électrique colossal qui se prépare.

Des géants de l'énergie en première ligne pour nourrir la bête

Face à cette demande explosive, la question n'est plus de savoir s'il faut produire plus d'électricité, mais qui est capable de le faire. Les géants de la tech ne cherchent pas n'importe quelle énergie : ils ont besoin de volumes très importants, d'une fiabilité à toute épreuve, et, de plus en plus, d'une source bas-carbone pour verdir leur image. Seuls quelques acteurs en Europe sont armés pour répondre à ce cahier des charges colossal.

Pour sécuriser leur approvisionnement sur le long terme, les "Big Tech" signent des contrats spécifiques, les PPA (Power Purchase Agreements). Il s'agit de contrats d'achat d'électricité à très long terme, directement auprès des producteurs. Cette tendance redessine le paysage énergétique et place une poignée d'énergéticiens au cœur du réacteur de l'IA. Les analystes s'accordent sur cinq noms qui sortent du lot : EDF, Engie, RWE, Elia Group et National Grid

EDF et Engie, au cœur de la stratégie IA

Pour accueillir des centres de données, la France dispose d'un atout de taille : son parc nucléaire. Grâce à lui, le pays dispose d'une production d'électricité massive, décarbonée, fiable et souvent excédentaire. En 2024, la France a exporté près de 89 TWh, ce qui lui donne une marge de manœuvre considérable pour absorber de nouveaux consommateurs XXL.

Et derrière cette puissance, l’acteur incontournable s’appelle EDF. Même si l’entreprise n’est plus cotée, elle reste la clé de voûte du système électrique français : premier producteur d’électricité en Europe, opérateur de l’intégralité du parc nucléaire, et pivot de la stabilité du réseau. EDF est l’un des très rares énergéticiens européens capables d’alimenter des demandes très importantes d'électricité avec une énergie à très faible intensité carbone. C’est précisément ce que recherchent les géants de l’IA.

Le groupe avance d'ailleurs sur plusieurs fronts pour attirer les futurs data centers. EDF a commencé à proposer certains terrains stratégiques, anciens sites thermiques ou fonciers industriels sous-utilisés, déjà bien connectés au réseau, afin d’y accueillir des data centers « clé en main », à proximité immédiate de capacités de production ou de postes électriques lourds. L’objectif est de raccourcir les délais de raccordement, un frein majeur dans le reste de l’Europe.

Cette volonté d’accélérer fait écho au discours appuyé d’Emmanuel Macron, qui a plusieurs fois martelé sa ligne directrice : « plug, baby, plug », autrement dit, il faut raccorder vite, ouvrir les vannes, permettre aux acteurs du cloud et de l’IA de s’installer sans les blocages bureaucratiques habituels. 

Dans ce monde, j’ai un bon ami de l’autre côté de l’océan (Atlantique) qui dit “drill, baby, drill”. Ici il n’y a pas besoin de forer. Just plug, baby, plug ! L’électricité est disponible. Vous pouvez vous brancher. C’est prêt

Emmanuel Macron -Sommet mondial de l'IA à Paris le 11 février 2025

EDF n’est pas seulement nucléaire. Via EDF Renouvelables, le groupe signe désormais des PPAs importants avec des industriels et des acteurs du numérique : solaire, éolien, hybridations… L’idée est d’offrir un mix très bas carbone, mais aussi de répondre aux exigences de ces acteurs qui veulent combiner énergies renouvelables et alimentation 24/7 garantie par le parc nucléaire. 

Dans ce contexte, et même si EDF reste l’opérateur nucléaire central, Engie tire également son épingle du jeu. L’énergéticien s’est imposé comme l’un des poids lourds mondiaux des énergies renouvelables avec plus de 4 GW de nouveaux PPAs signés en 2024, dont une part importante avec les géants de la tech. 

Le groupe fournit déjà de l’électricité verte à Google, Microsoft, Amazon, Meta ou encore à des opérateurs de data centers comme Digital Realty et Iliad/Scaleway, avec des contrats qui se chiffrent souvent en centaines de mégawatts. Engie cumule désormais plus de 14 GW de PPAs renouvelables actifs, un volume rare en Europe, qui le positionne comme un partenaire de choix pour les acteurs du numérique cherchant à sécuriser des approvisionnements en énergie bas carbone sur 10 à 20 ans.

TotalEnergies : l'autre géant français dans la course

Il serait imprudent de résumer cette bataille aux seuls électriciens historiques. TotalEnergies démontre qu'il est désormais un interlocuteur privilégié de la Silicon Valley. Pour preuve, le groupe vient de conclure un accord monumental avec Google : fournir 1,5 TWh d'électricité solaire par an pendant 15 ans pour alimenter ses serveurs aux États-Unis. C'est l'équivalent de la consommation résidentielle d'une ville comme Nantes !

Avec des contrats similaires déjà signés avec Amazon et Microsoft, la major française s'impose comme un fournisseur clé pour l'infrastructure mondiale de l'IA.

RWE : le virage vert de l'Allemagne au service de la tech

L'histoire de RWE est celle d'une transformation spectaculaire. Ancien géant allemand du charbon, l'entreprise a opéré un virage stratégique radical pour devenir l'un des leaders mondiaux des énergies renouvelables. Cette transition la place aujourd'hui dans une position idéale pour répondre aux besoins de la tech.

La preuve en est les contrats déjà signés. RWE fournit déjà de l'énergie verte via des PPA à des acteurs comme Amazon Web Services au niveau mondial. Plus concrètement encore, l'entreprise alimente directement des campus de centres de données, comme celui de Telehouse à Londres. C'est un exemple parfait de la synergie entre la transition énergétique et la révolution numérique.

Elia Group et National Grid : les maîtres des autoroutes électriques

Produire de l'électricité, c'est une chose. L'acheminer jusqu'à ces nouveaux "hyper-consommateurs", c'en est une autre. C'est le rôle crucial des gestionnaires de réseaux de transport, les "autoroutes de l'électricité". Dans ce domaine, le Belge Elia Group (qui opère en Belgique et en Allemagne) et le Britannique National Grid sont des acteurs incontournables.

Leur rôle est de moderniser et de renforcer les réseaux pour supporter ces nouvelles charges massives. National Grid a déjà révélé que plus de la moitié de ses nouvelles demandes de raccordement proviennent de centres de données. Leur position est stratégique : sans eux, pas de connexion possible entre les centrales de production et les serveurs de l'IA.

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