Quand le trop-plein d'énergie verte menace la France d'un blackout : l'alerte du patron de RTE

Quand le trop-plein d'énergie verte menace la France d'un blackout : l'alerte du patron de RTE

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Produire trop d'électricité verte, au point de devoir la couper... et de risquer une panne géante. Ce scénario paradoxal n'est plus une simple théorie. Le patron de RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, a tiré la sonnette d'alarme ce 16 octobre 2025. La manière, trop brutale, dont la France débranche ses éoliennes et panneaux solaires en cas de surplus met en danger la stabilité de tout notre système électrique.

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Le "choc électrique" qui a fait trembler le réseau français

Le message est porté par Xavier Piechaczyk, président de RTE, plus haute autorité du réseau électrique français. Il a révélé un incident qui illustre parfaitement le danger. Le 1er avril dernier, en une seule fois, 9 gigawatts de production verte ont été débranchés du réseau. Pour se faire une idée, c'est comme si l'on arrêtait brutalement neuf réacteurs nucléaires en même temps.

Cette coupure a provoqué des "sauts de fréquence" sur le réseau. En clair, le système électrique, qui a besoin d'un équilibre parfait pour fonctionner, a subi un choc violent. "Le réseau ne peut pas gérer des changements aussi abrupts", a martelé le président de RTE. Le risque, à terme, si ces pratiques se répètent, est celui de la désynchronisation et de la panne à grande échelle.

Le 1er avril dernier, en quelques minutes, 9 GW de production d'énergie renouvelable se sont arrêtés sur le réseau français.9 GW, c'est l'équivalent en puissance de 9 tranches nucléaires. Cela provoque des sauts de fréquence majeurs.

Xavier Piechaczyk, président de RTE -Colloque National de France Renouvelables 2025, 16 octobre 2025

Pour entendre le président de RTE détailler lui-même ce "choc électrique", son intervention est disponible ci-dessous (le passage clé débute à 1h11).

Le paradoxe des prix négatifs : pourquoi coupe-t-on l'électricité ?

Mais pourquoi en arrive-t-on à débrancher des sources d'énergie propres ? La raison est économique et physique. Certains jours, notamment au printemps, quand il y a beaucoup de vent, de soleil et une faible demande, la France produit plus d'électricité qu'elle n'en consomme. L'offre dépasse tellement la demande que les prix sur le marché de gros deviennent négatifs : il faut payer pour injecter son électricité sur le réseau.

Face à cette situation, les producteurs d'énergies renouvelables préfèrent logiquement arrêter leurs installations pour ne pas perdre d'argent. Le phénomène prend de l'ampleur : sur la première moitié de l'année 2025, la France a dû "effacer" 2 TWh d'énergie verte, soit une hausse de 80 % en un an. Le problème n'est donc pas de couper, mais de le faire tous en même temps.

La solution : "freiner en douceur" plutôt que de piler net

Face à ce danger, RTE ne demande pas d'arrêter de couper la production excédentaire, mais de le faire de manière intelligente et coordonnée. L'image est simple : il faut "rendre la rampe moins raide", c'est-à-dire freiner en douceur plutôt que de piler net. Cela implique de trouver des solutions pour étaler les arrêts des éoliennes et des parcs solaires sur plusieurs minutes ou heures, et non en quelques secondes.

Plusieurs pistes sont à l'étude : des mécanismes économiques pour inciter à un arrêt progressif, de nouvelles réglementations ou des outils techniques de pilotage à distance. L'objectif est de lisser ces variations pour que le réseau puisse les absorber sans vaciller.

Le blackout ibérique, un avertissement pour l'Europe

Cette crainte n'est pas que théorique. Certains experts estiment que la récente panne de courant massive qui a touché l'Espagne et le Portugal pourrait être liée à un excès de production d'énergie verte qui a déstabilisé leurs réseaux. Un exemple concret qui montre que la gestion des surplus est un enjeu de sécurité majeur pour tout le continent.

L'autre menace : la "saturation administrative" qui bloque les projets

Le paradoxe est d'autant plus grand que pendant que l'on peine à gérer les surplus, des gigawatts de projets renouvelables sont bloqués, attendant de pouvoir se connecter au réseau. Xavier Piechaczyk a pointé un autre problème : le réseau est "rarement saturé physiquement", mais il est souvent "saturé administrativement".

Aujourd'hui, 46 gigawatts de capacité renouvelable sont en file d'attente pour un raccordement, bloqués par une simple règle : "premier arrivé, premier servi". Des projets prêts à être construits sont ainsi coincés derrière d'autres qui ne sont encore qu'au stade de l'idée. 

Pour débloquer la situation, RTE propose de changer les règles du jeu : passer à une logique bien plus pragmatique de "premier prêt, premier servi". Une réforme indispensable pour éviter que la bureaucratie ne devienne le principal frein à la transition énergétique.

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