Centrale hydraulique
Ilek met en relation les producteurs locaux d'énergie renouvelable et les consommateurs.

Entretien avec Julien Chardon, CEO d'ilek

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Selectra s'est entretenu avec Julien Chardon, CEO d'ilek (voir leur site), premier fournisseur d'électricité 100% renouvelable qui propose une mise en relation entre producteurs locaux et consommateurs. Il nous présente ilek, la particularité de ses offres et nous expose ses ambitions et sa vision actuelle et future du marché de l'électricité.

Selectra : Pouvez-vous nous présenter ilek en quelques mots ?

Producteur ilek
Martial Estebe, producteur vert vend son électricité aux consommateurs par l'intermédiaire d'ilek.

Julien Chardon : ilek est un fournisseur qui met en contact les producteurs d'énergie renouvelable et les consommateurs. Nous créons une offre dédiée pour chaque nouveau fournisseur à qui nous achetons l'électricité afin de lui permettre de commercialiser l'énergie qu'il a produite.

Selectra : Comment cette histoire est-elle née ?

Julien Chardon : Notre histoire est née de la rencontre avec un producteur d'hydroélectricité qui cherchait depuis une dizaine d'années à vendre son électricité aux personnes à qui il faisait visiter sa centrale. Il nous est venu l'idée de le faire pour lui et pour l'ensemble des producteurs qui se trouvaient dans la même situation. De nombreux producteurs d'énergie renouvelable réfléchissent à comment se positionner sur l'aval de la chaîne. Ce n'est pas leur métier de le faire et l'idée de développer un outil pour leur permettre de vendre leur électricité à des particuliers nous a semblé nécessaire. Nous avons lancé l'offre il y maintenant un an, début novembre 2016, avec les deux premières centrales du producteur hydroélectrique à côté de Toulouse.

Selectra : Qu'est-ce qui vous différencie de fournisseurs collaboratifs comme Enercoop ou Ekwateur ?

Julien Chardon : Nous sommes le tiers de confiance qui permet au consommateur de verser son argent et de savoir combien il verse au producteur qu'il choisit. C'est une question de tracabilité et de circuit court dans le domaine de l'énergie.

Selectra : ilek propose une solution renouvelable avec un tarif de consommation moins cher mais un abonnement plus cher que les tarifs réglementés. C'est avec l'abonnement que vous vous rémunérez ?

Julien Chardon : Oui, l'abonnement est plus cher, c'est en effet notre part de rémunération et nous l'affichons, ce que nous sommes les seuls à faire aujourd'hui. Nous affichons ce que nous coûte la gestion de nos clients au sens large et notre rémunération pour cela.

Selectra : ilek propose également des solutions d'autoconsommation. Quel est votre intérêt économique de proposer ce type d'offres au lieu de développer la vente des producteurs locaux ?

 

Notre vision du marché est de développer les circuits courts dans l'énergie grâce au web.

 

Julien Chardon : Notre vision du marché est de développer les circuits courts dans l'énergie grâce au web. Vendre de l'autoconsommation en fait partie, nous sommes cohérents. Installer des solutions d'autoconsommation chez les particuliers leur permet d'être plus indépendants, de profiter de leur production sous leur toit ou d'acheter de l'énergie à 20 kilomètres de chez eux.

Selectra : Un consommateur à Paris peut-il choisir d'acheter l'énergie verte d'un producteur située dans la Loire par exemple ou faut-il être de la région ?

Julien Chardon : De nombreux consommateurs croient au modèle et le soutiennent depuis le début. Ils soutiennent finalement plus le modèle que le producteur lui-même. Des consommateurs de Paris achètent l'énergie de producteurs partout en France. Ils espèrent de cette façon donner une impulsion au modèle, qu'il se développe et que l'on puisse trouver de plus en plus de producteurs dans toute la France.

Selectra : Vos offres sont nommées par leur localité géographique, vous ne craignez pas que consommateurs pensent qu'ils ne peuvent pas y souscrire ?

Eoliennes
Le parc éolien de Treilles permet d'alimenter 3000 foyers.

Julien Chardon : Pour le moment nous n'avons pas eu écho de ce type de problématique, au contraire, il y a un attrait pour ces offres.

Selectra : La fin des tarifs réglementés approche. Prenez-vous des mesures particulières ou cela ne change-t-il rien à votre modèle ? 

Julien Chardon : Nous ne prenons pas de mesures spécifiques, non. Je pense que les consommateurs s'interrogeront simplement sur l'avenir de la fourniture d'énergie.

Selectra : Avec combien de producteurs travaillez-vous aujourd'hui et combien espérez-vous en convaincre d'ici 2020 ?

Julien Chardon : Nous en avons aujourd'hui une dizaine et en visons plusieurs centaines d'ici trois ans afin de couvrir l'ensemble du territoire.

Selectra : Comment comptez-vous les convaincre ? En les démarchant ?

 

Les producteurs réfléchissent de plus en plus à des solutions alternatives.

 

Julien Chardon : Aujourd'hui c'est l'inverse ! Ce sont les producteurs qui réfléchissent de plus en plus à des solutions alternatives, à comment intégrer les citoyens dans des démarchent participatives. Il y a deux sujets : le financement et la vente d'électricité participative, revendue directement aux territoires sur lesquels est implanté chaque projet. Ce sont plus les producteurs qui viennent à nous qu'à ilek de les démarcher.

Selectra : Votre vision du fournisseur d'énergie dans dix ans, c'est cette mise en relation entre producteurs et consommateurs ?

Dans les années à venir, le fournisseur sera de plus en plus une interface intermédiaire permettant de mettre en relation les acteurs et les consommateurs.

Julien Chardon : J'imagine que pour les consommateurs, le marché fonctionnera de moins en moins par "marques". Dans les années à venir, le fournisseur sera de plus en plus une interface intermédiaire permettant de mettre en relation les acteurs et les consommateurs. Nos producteurs sont assez gros, demain, ils seront de plus en plus petits pour que des communautés d'achat et de vente d'électricité émergent.

Selectra : C'est cela l'ubérisation de l'énergie ?

Julien Chardon : Exactement oui !

Selectra : Envisagez-vous de vous étendre en Europe pour faire travailler des producteurs ailleurs qu'en France ?

Julien Chardon : Oui, c'est prévu à moyen terme.

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