GDF Suez augmente sa production en mer du Nord

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L’énergéticien français entend augmenter sa production de gaz de 20% d’ici 2 ans. A cette date, le groupe devrait produire environ 63 millions de barils équivalent pétrole (bep) par an.

L’ouverture d’un champ géant

Il y a quelques jours, un drôle de navire a quitté le port de Hartlepool : une plate-forme pétrolière habituée aux superlatifs. Haute comme un immeuble de 5 étages et pesant 1 650 tonnes, elle est partie à 200 km des côtes anglaises, exploiter une poche de gaz géante : Cygnus. Il fallait bien un tel engin pour la plus grande découverte en mer du Nord méridionale depuis les années 1990 : 18 milliards de mètres cubes de réserves ! Une mise en exploitation peu banale, quand on sait que le champ, connu depuis les années 1980, avait été jugé peu prometteur. Le groupe GDF Suez dispose d’une participation de 38,75% dans Cygnus, au côté de Centrica, propriétaire de 48,75% du champ et de Bayerngas (12,5 %). Avec ses partenaires, le groupe a investi 1,4 milliard de livres (1,7 milliard d’euros). Lorsqu’en 2015, GDF Suez aura achevé de relier par pipeline la plateforme à la terre ferme, Cygnus livrera ses premiers barils de gaz. Progressivement, la production devrait monter à 45 000 bep par jour.

Les ambitions du groupe dans l’exploration-production

En 2013, la mer du Nord ne représentait que 3% de la production de gaz de l’énergéticien français et participait à son approvisionnement en gaz. Avec les 45 000 bep de Cygnus, l’exposition du groupe à cette zone géographique va augmenter. Et le mouvement n’est pas près de s’arrêter : le gouvernement britannique pousse, par des incitations fiscales, les entreprises à forer au large de ses côtes. Par ailleurs, alors que la production de gaz du Royaume-Uni a décru de 25% en 5 ans, les réserves potentielles des petits gisements sont encore importantes. Jean-Claude Perdigues, directeur général de la branche exploration production de GDF Suez au Royaume-Uni, rappelle bien sûr quelques réalités « Notre ambition n'est pas de devenir une major, mais de compter parmi les gros indépendants, avec un portefeuille équilibré entre les zones matures et les zones à fort potentiel ». Et pour cela, il faut exploiter les champs délaissés par les leaders du secteur : « il y a en mer du Nord des potentialités importantes de développement, sur des petits gisements que l’on ne savait pas forcément exploiter avant et qui intéressent moins les majors du secteur ». L’objectif ambitieux de GDF Suez est tout de même d’augmenter de 20% sa production de gaz d’ici deux ans, pour la porter de 52 millions de bep en 2013 à 59-63 millions en 2015. Les investissements suivent : ils sont passés de 636 millions d’euros en 2011 à 954 millions d’euros en 2013.

Les nouveaux champs de plus en plus complexes à exploiter

Les techniques de production des puits mis en services font appel à des technologies de plus en plus avancées. Pour Cygnus, Olivier Burger, le coordonnateur du projet, indique qu’il faut parfois même utiliser la technique de la fracturation, celle utilisée pour le gaz de schiste : « Nous sommes sur des réservoirs compacts où il faut fracturer la roche, suivant des techniques assez proches de celles utilisées pour le gaz non-conventionnel ». Les projets de GDF Suez au Royaume-Uni sont nombreux à faire l’objet de licences d’exploration pour ce type de gaz décrié de ce côté-ci de la Manche. Après Gudrun, en Norvège, et d’autres champs de taille moyenne en Grande-Bretagne (Juliet, Orca ou Amstel), c’est vers l’Algérie (Touat) et plus encore vers les îles Shetland, au Nord de l’archipel britannique que se tourne GDF Suez, qui dispose encore de sept licences d’exploration en mer du Nord. Le large de l’Ecosse pourrait ainsi receler des champs « d’une taille deux à trois fois supérieures à celle de Cygnus » explique Jean-Claude Perdigues. Pas de quoi rivaliser avec les 850 millions de barils équivalent pétroles par jour du groupe Total, mais largement de quoi assurer de beaux jours à la production du groupe. A titre de comparaison, en 2012, 3435 milliards de mètres cubes de gaz naturel ont été produits dans le monde.

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