Baisse des consommations d'énergie en Europe : quel bilan pour 2022 ?

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En juin 2022, les États membres de l’Union Européenne ont convenu d’une réduction importante des consommations d’énergie pour les années à venir. Quels sont les résultats début 2023, et quels pays européens remplissent le mieux ces objectifs ?

Baisse de la consommation énergétique : les objectifs européens

En Juin 2022, les États membres de l’Union européenne (UE) ont convenu d’une réduction de 36 % de la consommation finale d’énergie et de 39 % de la consommation d’énergie primaire d’ici 2030 (par rapport à un scénario de 2007).

Bon à savoir La consommation d’énergie primaire correspond à la demande d’énergie d’un pays, soit l’énergie produite et importée pour couvrir les besoins des utilisateurs finaux (ménages, industries, services, etc). La consommation finale d’énergie correspond quant à elle au total de l’énergie consommée par ces utilisateurs finaux. La tonne équivalent pétrole (tep) est l’unité de référence utilisée pour mesurer la quantité d’énergie produite ou consommée.

Ce plan de limitation de la consommation énergétique répond à plusieurs enjeux :

  • Réduire la dépendance de l’Union Européenne aux approvisionnements extérieurs : aujourd’hui, l’UE importe 53 % de l’énergie qu’elle consomme. Cette dépendance concerne principalement le pétrole brut (90 %) et le gaz naturel (66%) ;
  • Limiter les risques de pénurie ou de coupures en allégeant la tension sur les réseaux de transport et de distribution ;
  • Préserver les ressources naturelles limitées et s’inscrire dans une dynamique de transition énergétique.

Diminution des consommations d’énergie en Europe : le bilan 2022

L’année 2022 est marquée par une réduction globale de la consommation d’énergie au sein de l’Union Européenne. Cette tendance reste cependant inégale selon les pays, et certains d’entre eux ont même vu leur consommation d’énergie augmenter par rapport aux années précédentes.

D’après le bilan énergétique 2023 d’Eurostat, la consommation de gaz naturel a baissé de 20,1 % pour l’ensemble de l’Union européenne sur la période d’août à novembre 2022 en comparaison avec les données moyennes entre 2017 et 2021. Pour 18 pays, la baisse de la consommation de gaz a dépassé la barre des - 15%. La Finlande est en tête avec - 52,7 %, suivie de près par la Lettonie et la Lituanie, avec respectivement - 43,2 % et - 41,6 %. Six pays ont baissé leur consommation sans atteindre ce palier, c’est le cas notamment de l’Espagne ou de l’Irlande. Deux autres pays ont même vu leur consommation de gaz naturel augmenter : + 7.1 % pour Malte et +2.6 % pour la Slovaquie.

À en croire les données de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), la demande d’électricité européenne a quant à elle diminué de 3,5 % en 2022. En cause : un hiver doux, des mesures de sobriété mises en place par les États, mais également une flambée des prix de l’électricité entraînant une réduction contrainte de la consommation.

Consommation d’énergie : le cas de la France

Côté Français, la consommation d’énergie s’est également réduite de manière significative. Selon les données d’Eurostat, la consommation de gaz naturel a chuté de 20 % en 2022, ce qui place le pays dans la moyenne européenne. Quant à la consommation électrique, elle a également baissé en 2022, et cette tendance se poursuit début 2023. D’après le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE, la consommation électrique française était 8,8 % plus faible la semaine du 13 au 19 février par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019 hors crise sanitaire).

Les causes de ce mouvement baissier sont difficiles à mesurer. La mobilisation nationale en faveur des économies d’énergie, appuyée par le plan de sobriété énergétique que le Ministère de la Transition Énergétique a publié en octobre 2022, a une certaine importance dans cette dynamique. Il faut cependant également considérer le rôle central de la hausse des prix de l’énergie dans cette baisse de la consommation. RTE admet à ce propos qu’il “demeure difficile de distinguer dans ce mouvement les parts respectives de sobriété choisie et de contrainte économique”.

Consommation d’énergie en baisse : est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

Une diminution de la consommation d’énergie est encourageante si elle est motivée par une dynamique de sobriété énergétique. Le problème est qu’une partie de la baisse constatée en 2022 serait en réalité due à un phénomène de destruction de la demande énergétique. Cette tendance correspond à une baisse permanente de la demande d’un produit en réponse à des prix élevés persistants ou à une offre limitée. Les prix de l’énergie sont tellement élevés que les consommateurs finaux n’ont d’autre choix que de limiter leur consommation, aux dépens de leurs besoins.

Cette sobriété énergétique “subie” n’est pas sans conséquences, en particulier pour le secteur de l’industrie. Un repli de l’activité industrielle peut en effet fortement affecter la croissance et l’emploi. D’autres risques pèsent également, tels qu’une délocalisation des industries ou encore une baisse brutale de la production. Les industries verrières et sidérurgiques, dont le gaz est un élément essentiel du procédé industriel, sont particulièrement touchées. La société Aluminium Dunkerque, qui emploie 650 salariés, annonçait ainsi en septembre dernier réduire sa production de 22 % au quatrième trimestre 2022 pour faire face à la hausse des prix du gaz.

Du côté des particuliers, la baisse de la consommation pourrait également indiquer des problématiques de précarité énergétique. D’après le dernier tableau de bord de l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE), 20 % des Français déclarent en effet avoir souffert du froid au cours de l’hiver, et 60 % déclarent avoir restreint le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées. Une réduction forcée de la consommation qui peut être lourde de conséquences pour ces ménages déjà en difficulté.

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