Covid-19 : la BCE annonce un plan d’urgence de 750 milliards d’euros
Face à l’ampleur de l’impact économique de la pandémie de Covid-19 en cours et à venir, la Banque centrale européenne se trouve au cœur d’une bataille pour tenter de calmer les marchés de la zone euro. Après des premières mesures qui n’avaient pas franchement rassuré les experts il y a quelque temps, la BCE a annoncé une enveloppe exceptionnelle de 750 milliards d’euros d’achats de dette d’ici la fin de l’année 2020.
- En bref : Covid-19 et BCE : situations exceptionnelles, mesures exceptionnelles
- Le 12 mars 2020, une première enveloppe de 120 milliards d’euros avait été annoncée par la Banque centrale européenne pour de l’achat de dettes – publique et privé –, une somme jugée insuffisante par beaucoup ;
- Quelques jours plus tard, le 18 mars 2020, la BCE a annoncé une nouvelle enveloppe d’un montant six fois supérieur, avec 750 milliards d’euros déployés d’ici la fin de l’année 2020 ;
- Plusieurs mesures ont ainsi été partagées par la BCE dans ce qu’elle a qualifié de « programme d’achats d’urgence face à la pandémie ».
Covid-19 : la pandémie fait trembler les marchés financiers
Alors que la pandémie de Covid-19 vient bouleverser nos quotidiens et le fonctionnement entier de nos sociétés, certaines institutions sont mises à rude épreuve. Avec une nouvelle crise économique menaçant la zone euro, la Banque centrale européenne – ou BCE – a décidé de mettre en place un plan d’urgence et de sauvetage conséquent, et surtout inédit. Elle joue donc à la fois le rôle de pompier et de gardienne de l’euro.
L’annonce s’est faite un peu avant minuit le mercredi 18 mars 2020. Ce « programme d’achats d’urgence face à la pandémie » consistera donc à de l’achat de titres pour un montant de 750 milliards d’euros d’ici la fin de l’année – c’est-à-dire de l’achat de dette publique et privée. La BCE rachètera les obligations d’entreprises et celles d’État.

De la part de la BCE, le ton devient plus ferme, rapporte Le Monde : « Le conseil des gouverneurs va faire tout ce qui est nécessaire, dans la limite de son mandat. [Il] est tout à fait prêt à augmenter le programme d’achat de titres et à ajuster sa composition, autant que nécessaire et aussi longtemps que nécessaire. Toutes les options et tous les plans de sauvetage seront considérés pour soutenir l’économie pendant ce choc. » Une déclaration qui s’est accompagnée d’un tweet de la présidente de Banque centrale européenne, Christine Lagarde : « Les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire. Il n’y a pas de limites à notre soutien à l’euro. Nous sommes déterminés à utiliser le plein potentiel de nos outils, dans le cadre de notre mandat », a-t-elle écrit sur le réseau social ce jeudi 19 mars.
Pour autant, les marchés tremblent et font preuve d’une grande nervosité. Au niveau mondial, les Bourses plongent sur la durée, créant l’inquiétude généralisée.
Covid-19 : une pression généralisée mise sur la BCELe 12 mars 2020, la BCE avait déjà annoncé un programme de prêts pour soutenir les petites et moyennes entreprises – ou PME –, ainsi que 120 milliards d’euros débloqués en achats de titres d’ici la fin de l’année. Un montant six fois inférieur à celui annoncé le 18 mars, qui avait fait grincer quelques dents, y compris celles du président Emmanuel Macron.
Covid-19 : calmer les marchés, un enjeu incontournable pour la BCE
Entre les 20 milliards d’euros mensuels annoncés à l’automne, les 120 milliards d’euros et derniers 750 milliards d’euros, le total s’élève à 1 050 milliards d’euros sur les neuf prochains mois, précise Le Monde, qui rappelle que « jamais, même au plus fort de la crise de la monnaie unique, la banque centrale n’avait injecté autant d’argent aussi vite. »
Le but d’un tel plan est évidemment d’essayer de limiter les répercussions de la pandémie de Covid-19 sur l’économie mondiale. Le rachat de dettes des états et des entreprises de la zone euro vise à rassurer et soulager les institutions bancaires, afin que ces dernières continuent leur activité. Concrètement cela a pour but de les inciter à relancer leurs prêts aux entreprises, mais aussi aux ménages et donc maintenir la production et l’emploi, rappelle l’Agence France Presse – ou AFP.
Le 18 mars, le président Emmanuel Macron a publiquement affiché son soutien à l’initiative de la BCE sur Twitter : « Plein soutien aux mesures exceptionnelles prises ce soir par la BCE. À nous États européens d’être au rendez-vous par nos interventions budgétaires et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro. Nos peuples et nos économies en ont besoin. »
Dans son communiqué de presse officiel, publié suite à une réunion téléphonique du conseil des gouverneurs, la BCE précise sa décision et les modalités de son action, soit trois points spécifiques que nous reprenons ici :

- Lancer un programme d’achats de titres temporaires pour les secteurs public et privé afin de contrer les risques de la pandémie de Covid-19 sur la zone euro ;
- Élargir les catégories d’actifs éligibles au programme d’achat de titres secteur des entreprises aux billets de trésorerie du secteur non financier ;
- L’assouplissement normes en matière de garanties par l’ajustement des principaux paramètres de risque du dispositif de garanties.
La Banque centrale européenne l’affirme : « la phase de crise du coronavirus Covid-19 est terminée, mais en tout cas pas avant la fin de l’année. »
Dans une tribune publiée dans plusieurs journaux européens, Christine Lagarde écrit au sujet de la situation de crise : « Contrairement aux années 2008-2009, le choc auquel nous sommes confrontés est universel : il frappe tous les pays et l’ensemble de la société. Chacun doit réduire ses activités quotidiennes, et donc ses dépenses, aussi longtemps que dureront les mesures de confinement. En fait, une grande partie de l’économie est temporairement à l’arrêt. Par conséquent, l’activité économique dans la zone euro va se contracter considérablement. Les politiques publiques ne peuvent empêcher une telle évolution. Ce qu’elles peuvent faire, en revanche, c’est veiller à ce que le ralentissement ne soit pas plus long ou plus profond que nécessaire. La situation actuelle crée de vives tensions pour la trésorerie des entreprises et des employés, mettant en danger la survie des entreprises et la sauvegarde des emplois. Les politiques publiques doivent les aider. »
Le jeudi 19 mars 2020, les places financières européennes reprenaient des couleurs suite à l’annonce du plan d’urgence de la Banque centrale européenne. La Bourse de Paris a affiché +3,83 % à l’ouverture.