Rénovation énergétique : les foyers les plus modestes passent à côté des aides financières

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La rénovation énergétique fait partie des axes majeurs du plan de sobriété nationale lancé en 2022. Afin de réduire la facture d'énergie hexagonale, l’État ne cesse de promouvoir les aides financières versées aux foyers français afin qu’ils entament les chantiers nécessaires à l’amélioration des performances énergétiques de leurs domiciles. Pourtant, en se concentrant sur la rénovation globale, il semblerait que ces dispositifs soient à l’origine de fortes inégalités.

Davantage d’aides, mais moins de chantiers de rénovation énergétique

La politique en faveur de l’accélération de la rénovation énergétique ne fournit pas les effets escomptés. En effet, la bonification de certaines aides financières mises en place afin de soutenir les ménages français dans l’amélioration des performances énergétiques de leur logement, serait à l’origine de fortes disparités.

D’après un rapport de PrimesEnergies.fr - spécialiste des aides à la rénovation énergétique - le nombre de chantiers de rénovation ayant bénéficié de primes a chuté de pas moins de 66 % en seulement deux ans. Cette conclusion est le résultat d’une comparaison de 150 000 chantiers de rénovation que PrimesEnergie.fr a accompagnés lors des premiers trimestres des années 2021, 2022 et 2023. Étonnamment, cette chute des travaux de rénovation énergétique intervient au moment où plusieurs dispositifs de financement ont été renforcés par le Gouvernement.

C’est le cas notamment de Ma PrimeRénov’, l’un des dispositifs phare en matière d’aides à la rénovation énergétique et qui a récemment fait l’objet d’un renforcement des plafonds du montant des travaux.

Ma PrimeRénov’ Sérénité, qui concerne les propriétaires occupants à revenus modestes ou très modestes, a bénéficié en 2023 d’un revalorisation de son plafond, passant ainsi de 30 000 à 35 000 €. Les forfaits de “rénovation globale” sont quant à eux passés de 7 000 à 10 000 €, pour les foyers à ressources intermédiaires et de 3 500 à 5 000 €, pour ceux aux revenus supérieurs. Il en est de même pour les copropriétés qui effectuent des travaux sur les parties communes. Les plafonds de Ma Prime Rénov’ ont été relevés de 15 000 à 25 000 €.

Le montant moyen des aides Ma PrimeRénov’ versées aux foyers français a vu son seuil passer de 1 331 € en 2021, à 1 697 € cette année. Alors comment justifier le recul du nombre de chantiers chez les Français ?

Cette tendance, Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr, l’explique dans les colonnes du Parisien par le fait que le renforcement des coups de pouce financiers n’a concerné que les gros chantiers de rénovation. Par conséquent, on observe une baisse des projets de rénovation, tandis que leur financement a été bien plus important aux trimestres 2022 et 2023.

L’étude PrimesEnergie.fr citée par Le Parisien révèle également que même si les rénovations globales ne représentent que 2,6 % des chantiers du premier trimestre 2023, elles ont toutefois consommé pas moins de 39 % des primes versées.

Les rénovations ciblées de moins en moins financées

À l’inverse, les travaux ciblés sur des appareils particuliers ou sur un seul pan énergétique des domiciles ont souffert d’une baisse d’aides. Parmi ces rénovations, on compte notamment :

Le gouvernement a mis l’accent sur des chantiers globaux mais a baissé ou parfois mis un terme aux aides financières aux travaux dits “mono-tâches”. Or, le public qui a le plus pâti de ces réaménagements financiers est composé des foyers les plus modestes.

Concrètement - toujours sur le volet de Ma PrimeRénov’ - les remplacements de chaudières ou de chauffages ne sont plus financés au même niveau que les années précédentes. Depuis le 1er février 2023, ces aides destinées aux foyers modestes et très modestes ont perdu pas moins de 500 €.

Ainsi, les primes pour l’installation d’un poêle à granulés sont passées à 2000 € pour les ménages modestes et à 2 500 € pour les ménages très modestes. Tandis que l’installation d’une VMC double flux ne bénéficie plus que d’une aide de 2 000 € pour les ménages modestes et de 2 500 € pour les ménages très modestes.

Il est également à noter que les travaux suivants ne sont désormais plus éligibles à Ma PrimeRénov’ en 2023 :

  • L'achat d'une chaudière à gaz, y compris celles à très haute performance énergétique (condensation) depuis le 1er janvier 2023.
  • Le remplacement d'une chaudière au fioul ou à gaz par un équipement d'énergie renouvelable ne bénéficie plus du bonus de 1 000 € depuis le 1er avril 2023.

D’après Nicolas Moulin, les profils plus modestes n’ont ainsi pas les moyens de financer des travaux de rénovation globale. L’installation de chaudières à haute performance énergétique était l’un des travaux les plus récurrent au sein des ménages français, toutefois le soutien financier qui était de 916 € en 2021 ayant subi une baisse de 71% (il est désormais de 263 € en moyenne) a eu raison de ce type de chantier. L’étude de PrimesEnergie.fr révèle ainsi que “seuls 35 % des montants ont en effet été versés aux ménages ayant les plus faibles revenus au premier trimestre 2023, contre 63 % au premier trimestre 2021”.

Ces petits travaux offraient les moyens aux foyers aux ressources limitées de rénover leur logement par étape plutôt que de se diriger vers une la rénovation globale. Comme l’a fait savoir au Parisien, Nicolas Moulin, ces chantiers permettent certes une économie d’énergie de 55 %, donc un rendement énergétique plus intéressant et plus durable, mais d’après l’organisme, ce sont des travaux dont le coût global moyen est de 80 000 €.

“Même si les aides pour ce type de chantier sont plus importantes qu'avant, en moyenne de 20 000 à 30 000 €, ça exclut les plus modestes, car ils n'ont pas les moyens de sortir plusieurs milliers d’euros”, estime Nicolas Moulin.

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