L'électricité est-elle vraiment plus taxée que le gaz ?
Sortie du bouclier tarifaire oblige, le gouvernement s’attelle à un dégel progressif des taxes sur l’électricité, en commençant par le rétablissement partiel de taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TIFCE). À partir du 1ᵉʳr février 2024, celle-ci va ainsi remonter de 1 à 21 € par mégawattheure. Une réévaluation qui n’a pas manqué de susciter l’indignation de certains, qui estiment que l’électricité sera désormais plus taxée que le gaz naturel. Mauvais signe à l’heure où la transition énergétique est au cœur de toutes les préoccupations. Mais qu’en est-il réellement ?
Une hausse partielle des taxes sur l’électricité
Dimanche 21 janvier, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a confirmé la hausse tant redoutée du prix de l’électricité. Une augmentation comprise entre 8,6 % et 9,8 % pour les professionnels et les ménages, et une décision prise conformément à la volonté du gouvernement de sortir du coûteux dispositif de bouclier tarifaire, mis en place aux prémices de la crise énergétique, plus de deux ans auparavant.
Parmi les actions déployées à l’époque, en vue de ménager le pouvoir d’achat des Français, la taxe sur l’électricité (TICFE) avait également été réduite dès le 1ᵉʳr février 2022, passant ainsi de 32 €/MWh à 1 €/MWh pour les ménages (0,5€/MWh pour les professionnels). D’ici quelques jours, celle-ci devrait partiellement être rehaussée, pour enfin revenir à son niveau “pré-crise” d’ici au 1er février 2025. Elle passera donc de 1 à 21 € par mégawattheure, comme l’autorise la loi de finances pour 2024.
Une évolution qui a pour effet d’alerter certains spécialistes, qui pointent notamment des taxes de l’électricité supérieures à celles du gaz. Et il est vrai que ce constat a à de quoi interroger, compte tenu des objectifs de décarbonation français. Conformément à la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), l’Hexagone devrait atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français. Pour ce faire, le Pays tend à réduire les consommations de gaz naturel au profit d’une électrification des usages.
Sur X (ex Twitter), on s’insurge donc, à raison, de cette disparité estimée à +28 % entre les taxes sur l’énergie bas-carbone qu’est l’électricité et celles appliquées sur le gaz. Mais est-ce véritablement le cas ?
La consommation d’électricité est désormais plus taxée que celle de gaz.
De 28%.
On privilégie une énergie importée et émettrice de gaz à effet de serre par rapport à une énergie locale bas carbone… https://t.co/3pb70YqwgX pic.twitter.com/3bdCiDZVI3— Cobra effect (@Cobra_FX_) January 22, 2024
Le gaz plus taxé que l’électricité ?
Pour s’assurer du bien fondé de ces inquiétudes, le mieux reste encore de s’adonner à un calcul des taxes respectives appliquées sur le gaz et l’électricité. Voyons plutôt :
Critères | Electricité | gaz |
---|---|---|
CTA estimée (€/an) | 19,13 € | 34,49 € |
Accise (€/MWh) | 21 € | 16,37 € |
TVA sur l'abonnement | 5,50 % | 5,50 % |
TVA sur la consommation | 20 % | 20 % |
Montant d'abonnement annuel HT | 141,5 € | 243,77 € |
Prix du kWh HT | 0,2097 € | 0,0821 € |
Conso annuelle moyenne | 5518 kWh | 13000 kWh |
TVA annuelle pour le foyer moyen | 239,21 € | 226,87 € |
Accise annuelle pour le foyer moyen | 115,878 € | 212,81 € |
CTA annuelle pour le foyer moyen | 19,13 € | 34,49 € |
Facture annuelle pour le foyer moyen | 1537,83 € | 1537,94 € |
Taxes annuelles pour le foyer moyen | 374,22 € | 474,17 € |
% de taxes pour le foyer moyen | 24,33 % | 30,83 % |
À compter du 1er février 2024, le montant annuel moyen des taxes sur l’électricité s’élèvera donc à 374,22 €. Celui du gaz sera quant à lui de 474,17 €. Autrement dit, les taxes sur le gaz seront encore 22 % supérieures à celles appliquées sur l’électricité. Néanmoins, si l’on se réfère aux objectifs du gouvernement et à la volonté d’un retour de la TICFE à son niveau d’avant-crise, à savoir 32 €/MWh, cet écart devrait s’amoindrir d'ici à l'année prochaine. En effet, au 1er février 2025, les taxes sur l’électricité devraient environ s’élever à 468,79 €/an, ce qui ne représentera plus qu’une différence de 5 % avec celles du gaz.