Alerte "accident nucléaire" à Flamanville : voici ce qu'il s'est vraiment passé

Alerte "accident nucléaire" à Flamanville : voici ce qu'il s'est vraiment passé

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Jeudi 16 octobre, à 9h56 précises, des milliers de téléphones ont vibré dans la Manche. Sur l'écran, un message anxiogène envoyé par le système FR-Alert : "EXERCICE - Accident de centrale nucléaire Flamanville". Pendant une demi-heure, les habitants ont été invités à se confiner. Un test globalement réussi, mais qui a délibérément ignoré la phase la plus critique en cas d'accident majeur, celle qui a coûté la vie à 2000 personnes à Fukushima.

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Un scénario catastrophe pour tester la réactivité

L'objectif de cet exercice d'envergure, le premier dans le Cotentin depuis 2022, était de pousser le système dans ses retranchements. Le scénario, imaginé par EDF et gardé secret pour la préfecture, simulait le pire : une fuite sur le réacteur EPR avec des rejets radioactifs menaçant la population dans un périmètre de 20 km.

Selon Energeek, pendant près de neuf heures, plus de 300 personnes ont été mobilisées pour gérer cette crise fictive. Sur le plan technique, les équipes d'EDF ont dû orchestrer les actions pour maîtriser l'incident. En parallèle, les services de l'État ont déclenché le plan de protection des populations, un test grandeur nature de la chaîne de commandement.

Confinement des écoles et alerte SMS : ce qui a fonctionné

Parmi les points positifs, la mise à l'abri des populations a été un succès. 118 établissements, dont environ 200 écoles, ont appliqué les consignes de confinement, mettant en sécurité plus de 2000 élèves et 2100 adultes. Un test logistique qui a permis de vérifier que les procédures étaient bien rodées.

L'autre réussite est le déploiement de l'alerte via le système FR-Alert. Cet outil a permis de diffuser les consignes par SMS à tous les téléphones présents dans la zone. Un dispositif jugé efficace pour informer rapidement les populations concernées par une potentielle catastrophe.

Le message que des milliers de personnes ont reçu

Le message d'alerte envoyé via FR-Alert était volontairement direct : "EXERCICE ALERTE ACCIDENT DE CENTRALE NUCLÉAIRE". Il demandait aux habitants de s'abriter, de fermer portes et fenêtres et d'arrêter la ventilation. 

"Il faut absolument évacuer" : le point faible de l'exercice

Mais derrière ce bilan satisfaisant se cache une lacune pointée du doigt par les experts. L'exercice a totalement occulté la phase la plus complexe et la plus dangereuse : l'évacuation de la population. Pour Paul Poulain, expert en risques industriels interrogé par France 3 Normandie, l'évacuation reste un point clé qui n'a pas été évalué :

Ce type d'exercice permet de sensibiliser la population au risque nucléaire. Mais il faut absolument évacuer la population en cas d'accident majeur, ce qui n'est pas le cas dans ces scénarios.

Paul Poulain, expert en risques industriels -France 3 Normandie

Cette absence est d'autant plus préoccupante qu'elle ignore les leçons tragiques du passé. L'expert rappelle le drame de Fukushima, où "il y a eu environ 2000 morts liés uniquement à l'évacuation". Une évacuation chaotique et mal préparée avait "frappé de plein fouet les personnes âgées et les personnes handicapées", qui n'ont pas pu être correctement prises en charge. Omettre de tester cette phase, c'est ignorer le risque le plus mortel pour les populations civiles.

Et maintenant ? L'obligation d'affronter le fantôme de Fukushima

Cet exercice n'est qu'une étape. Conscientes des enjeux, les autorités prévoient une séance publique de restitution le 11 décembre 2025 à Flamanville. Mais au-delà de la transparence, le véritable défi sera de tirer les leçons de cet "angle mort" qu'est l'évacuation, un point sur lequel plane l'ombre du drame de Fukushima.

Car si l'accident nucléaire japonais en 2011 n'a causé aucun décès direct par radiation, le bilan humain de la catastrophe qui a suivi est effroyable : 2313 morts officiellement reconnus comme "liés à la catastrophe"

Ces décès ne sont pas dus au nuage radioactif, mais au chaos de l'évacuation elle-même : stress, déshydratation, aggravation de maladies préexistantes et manque de soins pour les plus de 100.000 personnes déplacées. Le cas de l'hôpital de Futaba est tragique : 45 patients y sont morts après une évacuation retardée de trois jours, privés de nourriture, d'eau et de soins médicaux.

Cette tragédie soulève même une question dérangeante, comme l'a souligné une étude publiée dans la revue Plos One. Pour les résidents les plus fragiles des maisons de retraite, l'évacuation a conduit à un taux de mortalité si élevé qu'elle n'était pas toujours la meilleure stratégie pour leur sauver la vie.

Comment réagir si demain l’alerte retentit pour de vrai ? Les 5 réflexes qui sauvent

  1. S’abriter rapidement dans le premier bâtiment solide, sans rester dehors.
  2. Fermer portes, fenêtres et toutes les entrées d’air pour limiter tout risque.
  3. Arrêter la ventilation mécanique ou naturelle, sans oublier les grilles d’aération.
  4. Attendre les prochaines consignes officielles, sans succomber à la panique ni à la rumeur.
  5. Si une évacuation encadrée est ordonnée, suivre précisément l’itinéraire indiqué et écouter les autorités.
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