Économiser l'énergie grâce au télétravail : oui, mais sous certaines conditions

Diminuez votre consommation avec Selectra !
Réduisez vos factures en optant pour l'offre la moins chère :

Vente privée Ekwateur
-14% sur le prix du kWh HT de l'électricité !
Ce lundi, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, a réuni une soixantaine d’entreprises françaises, afin de partager le bilan des mesures de sobriété énergétique mises en place ces derniers mois. Il apparaît que la consommation d’énergie des grandes entreprises a diminué de 13% cet hiver. Pour mieux identifier les axes favorables aux baisses de consommation, une expérience a été menée au cœur des bâtiments publics, afin - notamment - d’évaluer l’impact du télétravail.
Un test en situation réelle dévoile le véritable impact du télétravail
Le télétravail était l’une des mesures phares suggérées dans le plan national de sobriété énergétique. Afin de lutter contre la menace des coupures d’électricité, certaines grandes entreprises ont conseillé à leurs employés de travailler depuis leur domicile.
Un rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) rendu public le 4 avril 2022 préconisait déjà l’application du télétravail comme levier pour limiter le réchauffement climatique. Cette solution permettrait de réduire les déplacements et donc l’utilisation des transports, qui représentent une part importante de la consommation d’énergie. Le gouvernement a décidé de reprendre ce conseil dans son plan de sobriété énergétique.
En parallèle de la nouvelle stratégie de réduction des consommations d’énergie, une expérimentation en situation réelle a été organisée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’IFPEB (Institut français pour la performance du bâtiment).
Cette expérience a été mise en place en novembre 2022, pour une durée de cinq mois. Elle implique dix bâtiments publics, dont des ministères, situés en Île-de-France, en Centre-Val-de-Loire et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cent agents volontaires travaillant sur ces sites ont accepté que leurs consommations d’électricité et de gaz (des sites de bureau, de leur domicile et de leur transport) soient relevées et décortiquées durant cinq mois.
Une observation des deux premiers mois de ce test a déjà permis de présenter quelques conclusions intéressantes. En bref : il semblerait que les effets du télétravail restent relativement minimes. “L'impact de la non-présence des travailleurs sur site sur les consommations d'électricité (ordinateur, éclairage) est négligeable”, précise le rapport présentant les premiers résultats. En réalité, les véritables économies sont liées en priorité à la sobriété, notamment en ce qui concerne le chauffage. Elles sont "imputables à la sobriété et non au télétravail", assure l’étude en question.
Le télétravail : efficace uniquement sous certaines conditions ?
C’est finalement en cumulant plusieurs mesures que l’on peut réellement économiser sur la consommation d’énergie. À moins d’associer le télétravail à d’autres gestes économes, comme une réduction conséquente des trajets en transports ou la fermeture totale des lieux de travail, il est difficile de réaliser des économies d’énergie satisfaisantes.
Ce sont donc les mesures d’économie d’énergie les plus radicales qui font réellement pencher la balance, c’est-à-dire la fermeture totale des sites.“Les fermetures de site sur une journée présentent un potentiel intéressant pour gérer les tensions sur le réseau électrique”, précise l’étude de ces deux premiers mois de test. L’économie d’énergie moyenne observée sur les journées de fermeture des sites du ministère et de l’Ademe est ainsi de 25 à 40 % par rapport aux autres journées du mois où les sites étaient ouverts.
Pour que les résultats obtenus soient satisfaisants, il est par ailleurs nécessaire que le chauffage et l'éclairage soient maintenus à un niveau très faible durant cette période d’absence. De plus, les économies d’énergie dépendent fortement de la performance énergétique du bâtiment. Le rapport indique ainsi que les économies d’énergie par agent peuvent varier de 3 à 5 fois entre un “bâtiment performant très occupé et un bâtiment peu performant faiblement occupé”.
Le télétravail déplace-t-il la consommation énergétique au domicile des employés ?
En parallèle de cette expérimentation sur les économies d’énergie dans les bâtiments publics, la présence d’un éventuel “effet rebond” au domicile des agents qui ont essayé le télétravail a également été étudiée. Cette démarche a pour objectif d’observer si les gains d’énergie réalisés par la fermeture des bureaux sont ou non annulés par la hausse des consommations dans les foyers des travailleurs.
L’effet rebond est étudié par l’ADEME et l’IFPEB en comparant les consommations d’énergie supplémentaires provoquées par le télétravail dans le domicile des travailleurs aux gains d’énergie réalisés en n’utilisant pas les transports. En conclusion, l’effet rebond reste minime pour les sites étudiés. Il est estimé à 1,4 kWh par jour de travail en moyenne, pour des économies réalisées dans les transports comprises entre 5 et 15 kWh. Par ailleurs, ces économies sont plus conséquentes en province qu’à Paris, car l’usage de la voiture est plus fréquent. L’étude estime que la réduction des transports en région représente deux à quatre fois plus d’économies qu’en région parisienne.
En revanche, l'étude ne prend pas en compte le coût financier supporté par les télétravailleurs. Leur consommation d’énergie pour le télétravail s’ajoute à celle qu’ils ont pour leurs besoins personnels. La consommation moyenne d'un foyer oscille entre 20 à 40 kWh par jour, à laquelle il faut donc rajouter les 1,4 kWh produits par l’effet rebond. Cette augmentation est relativement modérée mais peut tout de même peser sur les factures d’énergie des particuliers qui travaillent à leur domicile.
En novembre 2022, l’avocate spécialiste du droit social Isabelle Ayache-Revah interpellait à ce propos les pouvoirs publics dans une tribune publiée dans Le Monde à propos de l’impact du télétravail. “Nul ne peut ignorer que le télétravailleur va devoir chauffer et éclairer la pièce où il travaillera, seul. Ces nouvelles dépenses énergétiques devront nécessairement faire l’objet d’une discussion plus globale pour les prendre en charge”, estimait l’avocate.