L’atmosphère européenne polluée par le gaz de schiste américain !

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Une université belge a constaté une hausse de la pollution à l’éthane dans le ciel européen. Le coupable est sans doute l’extraction de gaz de schiste… aux Etats-Unis. Cette augmentation ruine des années d’efforts sur la réduction des fuites d’éthane, un gaz toxique pour l’environnement et l’homme.

En faisant leurs mesures dans les Alpes bernoises, les chercheurs de l’Institut d’Astrophysique et de Géophysique de l’université de Liège ne s’attendaient sans doute pas à de telles conclusions. Depuis le début des années 1990, ils exploitent un spectromètre installé à 3580 mètres d’altitude, dans l’observatoire météorologique suisse de Jungfraujoch (photo ci-dessus). L’instrument mesure l’abondance et la répartition d’une trentaine de gaz dans l’atmosphère

Augmentation soudaine de l’éthane dans l’air

Depuis 2009, les scientifiques constatent une augmentation importante du taux d’éthane dans l’atmosphère, de l’ordre de 5% par an. Problème : au cours des deux décennies précédentes, ce taux a diminué de 1% chaque année. L’éthane est un gaz dont la provenance est facilement identifiable, puisqu’il est uniquement issu des fuites générées par l’exploitation de champs gaziers et la circulation de gaz dans le réseau de pipelines. Depuis vingt-cinq ans, de nombreuses décisions avaient été prises avec succès pour réduire cette pollution au minimum possible. En quelques ans, tous ces efforts ont été ruinés. L’éthane est un gaz irritant favorisant la formation d’ozone dans la basse couche de l’atmosphère et responsable d’inflammations des voies respiratoires.

Le gaz de schiste américain présumé coupable

Puit de gaz de schiste au Canada

Un puits de gaz de schiste au Canada. Les champs d'extraction nord-américain sont sans doute à l'origine d'une pollution importante de l'atmosphère.

Les scientifiques ont mobilisé un réseau mondial de stations de mesure pour tenter de déterminer la cause de cette augmentation. Leur enquête les a amenés à constater des hausses de la quantité de gaz aux Etats-Unis, au Canada et au Groenland, mais pas en Nouvelle-Zélande. Ils en ont déduit que la source d’éthane se situait dans une région au climat tempéré et que les émissions étaient massives. 

Dès lors, le coupable ne fait guère de doute : il s’agit du gaz de schiste américain, dont l’exploitation a bondi entre 2005 et 2009. Les fuites constatées sur les puits d’extraction aux Etats-Unis font l’objet de débats, mais les estimations les plus basses situent les pertes à 4% de la quantité totale de gaz de schiste extrait. Avec les conséquences que l’on sait pour le ciel européen. Sur le continent nord-américain, le gaz de schiste est à l'origine de nombreuses polémiques. En 2014, la méthode de fracturation hydraulique utilisée pour récupérer le gaz a provoqué plusieurs séismes au Canada.
 

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