Consolidation télécom : vers un retour inévitable à 3 opérateurs dès 2019 ?

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SFR, Bouygues Telecom, Free et Orange sont en grande réflexion estivale sur le remaniement des opérateurs télécoms de réseaux avec l'appui de l'ARCEP. Composé de quatre opérateurs, le marché des télécoms pourrait passer à trois mais qui va racheter qui ? Pourquoi et quand un tel changement est-il nécessaire ?

Bouygues Telecom prêt à racheter un concurrent

C'est Bouygues Telecom qui est aux aguets et prêt pour un achat. Depuis plusieurs mois, la société créée en 1994 par la famille Bouygues ne cache plus ses ambitions d'être parmi les trois opérateurs restants en 2019. Son PDG, Olivier Roussat a précisé que l'objectif du groupe est de renforcer ses activités dans les télécoms et que pour ce faire, ils sont prêts à racheter un de leurs concurrents. Déjà en avril dernier, des rumeurs de négociations avec SFR se profilaient, provoquant notamment une hausse notable de l'action d'Altice, soit 9%.

Ce rachat permettrait au groupe de Patrick Drahi de commencer à rembourser une dette, évaluée à 50 milliards d'euros. Or, un petit détail de taille se glisse dans cette hypothèse : d'après Alain Weill, le Directeur Général de SFR, s'il croit en une consolidation à l'avenir, ils ne sont pas à vendre pour le moment. C'est ce qu'il a annoncé le 7 juillet dans une interview aux Echos relative à l'union dont SFR Altice fait preuve entre les télécoms, son activité originelle et les médias.

Illustration d'un contrat
Le groupe Altice-France possède aujourd'hui SFR, BFM TV, RMC, RMC Sport, «Libération» et «L'Express» pour ne citer qu'eux. Altice souligne vouloir faire de ses clients une priorité. En 2015, l'opérateur avait perdu un million d'abonnés, tandis qu'au premier trimestre 2018, Alain Weil annonçait avoir gagné 239 000 abonnés, une performance qui, même si elle ne rattrape pas encore le retard de SFR, n'avait pas été aussi élevée depuis 2014.

Altice ne s'était pas porté candidat pour les droits de la Ligue 1, abandonnés par Canal + et finalement rachetés par le plus grand groupe espagnol d'audiovisuel, Mediapro. La société au logo rouge et blanc a néanmoins confié qu'un partenariat avec la Ligue 1 serait envisageable plus tard.

Orange prône la consolidation

Stéphane Richard, PDG d'Orange, explique sans équivoque qu'une consolidation va être nécessaire pour le bien-être des télécommunications en France. Il déclarait en effet au quotidien Monde, en juin 2018 :

Je reste convaincu que la taille du marché français et l’importance des investissements à réaliser dans les années qui viennent, pour terminer le déploiement de la fibre optique et préparer la 5G, rendent difficile la viabilité de quatre opérateurs.

Le terme consolidation désigne le regroupement financier de plusieurs sociétés afin qu'elles ne forment qu'une seule et même entité économique. Cette consolidation permet en général de retrouver une certaine force et une crédibilité auprès des fournisseurs et des actionnaires.

Si l'on en croit ses déclarations dans les médias, cela fait des années que Stéphane Richard parle de cette importante consolidation, dont les projets - rapprochement entre les opérateurs - ont tous échoué jusqu'à ce jour. Pour le directeur de l'opérateur historique français, une union entre deux opérateurs ou plus devient incontournable au vu des investissements des opérateurs lancés sur le long terme. Parmi ces financements, il y a la fibre optique qui continue d'être déployée et dont la facture totale s'élève à 35 milliards d'euros mais aussi les futurs travaux pour l'installation de la 5G.

Photo de Stéphane Richard, le PDG d'Orange
Stéphane Richard, le PDG d'Orange. Crédits : PHILIPPE DESMAZES/AFP

Le groupe Orange se porte plutôt bien puisqu'il a affiché un Ebitda (Earnings before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortizatio) pour le deuxième trimestre de 3,38 milliards, soit 1,4% de plus que le trimestre précédent. Le PDG a par ailleurs expliqué que la consolidation était impossible sur le court terme.

Si Stéphane Richard insiste sur le fait qu'une situation à quatre opérateurs ne sera plus tenable sur le long terme, il précise que "la difficulté de la consolidation française, c’est qu’elle requiert un minimum de confiance entre les uns et les autres, qui n’existe pas aujourd’hui.". Pour ces dires, l'homme d'affaires s'appuie sur la concurrence réalisée entre chacun des opérateurs et des promotions qui sont inadaptées au marché français pour gagner toujours plus de clients.

Les échecs successifs de rachats entre opérateurs

L'improbable rachat de Bouygues Telecom par SFR

Un rachat qui a été évoqué et a pris de l'ampleur est celui de Bouygues Telecom par SFR, c'était en 2015. En effet, Altice, société appartenant à Patrick Drahi, venait de racheter SFR un an auparavant pour 13,5 milliards d'euros. Profitant de leur succès, SFR a proposé en 2015 de racheter Bouygues Telecom avec une enveloppe de 10 milliards d'euros. SFR, qui comptait déjà à l'époque 23 millions d'abonnés, aurait récupéré les 11 millions de clients de Bouygues Telecom et serait devenu le premier opérateur français avec 34 millions d'abonnés, devant Orange (27 millions) et Free (10 millions). Une opération qui n'a finalement pas abouti.

L'union d'Orange et Bouygues Telecom rendue impossible par Free et l'Etat

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En 2016, Martin Bouygues est le PDG de Bouygues Telecom et suit les traces de son homologue chez Orange en indiquant qu'une fresque à quatre opérateurs en France est obsolète. Ce sont les négociations qui ont été les plus détaillées. Orange joue alors cartes sur table pour s'unir avec la branche télécoms de Bouygues. Malheureusement, ce rapprochement très attendu a échoué en avril 2016 alors que les négociations étaient en cours depuis décembre 2015.

Bouygues Telecom et Orange n'étaient pas les seuls acteurs dans cette union, d'autres entités se sont jointes à eux afin d'éviter les interdits de l'autorité de la concurrence et de l'ARCEP :

  • L'Etat a pris part aux négociations (actionnaire à 23% du capital d'Orange)
  • SFR devait récupérer des actifs de Bouygues Telecom pour équilibrer la transaction
  • Free devait également participer à l'acquisition d'actifs de Bouygues Telecom

Malheureusement Martin Bouygues, Stéphane Richard et Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie et donc co-décisionnaire, n'ont pas réussi à se mettre d'accord. C'est Free qui aurait fait blocage avec un problème de répartition des actifs de Bouygues Telecom. D'après Martin Bouygues, la société de Xavier Niel voulait prendre part à cette union stratégique "en payant le moins possible". L'autre frein concernait l'Etat qui a limité l'entrée d'Orange au capital de Bouygues Telecom à 12% comme l'explique ici Martin Bouygues :

La vision de l'Agence des participations de l'Etat nous réduisait à un rôle d'actionnaire minoritaire, avec très peu de droits, tout en nous demandant de payer le prix d'une participation majoritaire.

La rumeur du rachat de SFR par Bouygues Telecom et Free

Enfin, au début de l'année 2018, une rumeur avait parcouru les clients des télécoms, celle de la disparition de SFR qui aurait pu être racheté par Bouygues Telecom et Free. C'est ce qu'affirmait le cabinet d'analystes Raymond James mais les négociations n'ont jamais eu lieu.

L'ARCEP croit désormais en une consolidation

Alors que l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes montrait clairement les dents quant à une possible consolidation, ils ont maintenant décidé de se positionner autrement. Depuis l'arrivée de la 5G pour très bientôt, l'ARCEP a déclaré qu'elle n'était plus contre une consolidation et félicite les quatre opérateurs pour leurs investissements respectifs dans l'innovation et le traitement de leur clientèle.

Cela montre qu'ils ne sont pas forcément pour mais qu'ils reconnaissent qu'elle est nécessaire pour le bon fonctionnement des télécoms en France : clients, investisseurs et actionnaires compris ainsi que le déploiement de la 5G, grande priorité des années à venir.

image d'un puzzle
Crédits : GGB magazine

En ce qui concerne les clients de ces différents opérateurs, soit des dizaines de millions de Français, d'après Stéphane Richard, la consolidation ne pourra être que bénéfique car ils ne seront plus perdus dans toutes ces promotions mises en place par les opérateurs.

Mais il se pourrait que certains clients n'apprécient pas le rapprochement qui pourrait être réalisé entre deux opérateurs et décident de partir chez un concurrent. Une hausse des prix des offres et forfaits est également à craindre. En Autriche par exemple, ils sont passés de quatre opérateurs à trois - Orange, l'un des principaux opérateurs sur place avait cédé sa filiale - en 2014 et la population a subi une hausse du prix des forfaits mobiles de 18,7%.

 

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