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Opérateurs télécoms : des fusions au sein de l'UE sont-elles envisageables ?

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21 opérateurs téléphoniques européens plaident leur cas à Bruxelles pour la constitution de champions transnationaux. Ces opérateurs, dont Orange, ont co-signé une lettre demandant à l'Union européenne de revoir les règles de potentielles fusions entre opérateurs. Retour sur ce nouveau développement et les raisons de la complexité de ces projets européens.

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Consolidation des opérateurs européens : la lettre de 21 opérateurs à l'Union européenne

Parlement européen

Ce n'est pas moins de 21 opérateurs téléphoniques européens qui ont co-signé une lettre ouverte à l'attention de l'Union européenne lundi dernier. Cette lettre appelle à un assouplissement des règles décrétées par Bruxelles pour permettre de faciliter le potentiel rapprochement, voire la fusion de différents opérateurs européens et ainsi constituer de grands groupes capables de rivaliser, sur un pied d'égalité, avec les géants chinois et américains.

Comme le rapporte le Figaro, le constat des opérateurs européens relève d'un truisme on ne peut plus pragmatique, "Pris individuellement, aucun d’entre eux ne peut atteindre les objectifs fixés par la nouvelle Présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, en termes d’innovation et d’investissement". Les opérateurs profitent ainsi de la récente entrée en fonction de Mme von der Leyen (qui a officiellement entamé ses fonctions le 1er décembre dernier) afin de faire part de leurs inquiétudes et soumettre leurs doléances.

Le message de la Présidente lors de son communiqué intitulé "La Commission von der Leyen : pour une Union plus ambitieuse" du 10 septembre 2019 n'a ainsi pas souffert de problème de connexion. En effet, elle déclara "Nous devons faire en sorte que notre marché unique soit adapté à l'ère du numérique, nous devons tirer le meilleur parti de l'intelligence artificielle et des mégadonnées, nous devons améliorer la cybersécurité et nous devons lutter âprement pour notre souveraineté technologique."

Pour cette Europe plus ambitieuse qui entend défendre sa souveraineté technologique, difficile de faire la sourde oreille aux réclamations de 21 opérateurs européens dont font partie Orange, Deutsche Telekom, BT, Telefonica, KPN ou bien encore Vodafone. Comme le souligne le Figaro :

À l’aube de la 5G, l’Europe se prépare à déployer autant de réseaux mobiles qu’elle a d’opérateurs. Soit une centaine pour 512 millions d’habitants. De son côté, la Chine a autorisé deux de ses trois opérateurs nationaux à mutualiser leur réseau 5G, pour ses 1,3 milliard de consommateurs. Ce qui permettrait à China Telecom et China Unicom d’économiser 28 à 38 milliards de dollars d’investissement.

On voit là très bien la logique économique réaliste de la plupart des opérateurs européens. À l'aube de la commercialisation de la 5G, ceux-ci voient ici l'opportunité de réduire des coûts d'investissement en infrastructure et dans l'achat de bandes de fréquences qui se chiffrent en milliards d'euros.

L'exception européenne : les raisons des difficultés de regroupement des opérateurs téléphoniques

Drapeau européen endommagé

Historiquement, la complexité européenne d'une union entre 28 pays membres et la présence de plus d'une centaine d'opérateurs sur le vieux continent semblent jouer en sa défaveur lors du déploiement de grands chantiers technologiques comme la 5G. Les régulations contraignantes de l'Union européenne s'avèrent être un frein aux rapprochements des différents opérateurs déplorent les opérateurs.

Stéphane Richard, le PDG d'Orange, avait d'ailleurs déjà déclaré en octobre 2018, lors du sommet annuel de l'ETNO (Association européenne des exploitants de réseaux de télécommunications) :

Le seul domaine dans lequel l’Union européenne est un leader incontesté, c’est la régulation. Je n’ai rien contre les régulateurs. Ce sont généralement des gens intelligents et sympathiques – à quelques exceptions près. Mais nous sommes tellement loin d’être des monopoles.

Ces doléances ne datent donc pas d'hier. Ce sommet annuel avait ainsi déjà été l'occasion pour les opérateurs européens de protester contre les régulations, à leur sens, trop restrictives de l'Union européenne. Les divergences et décalages des pays européens dans le secteur des télécoms sont d'ailleurs flagrants actuellement avec l'arrivée de la 5G. Que ce soit aussi bien au niveau de l'attribution des fréquences de chaque état que les réserves et soupçons autour du constructeur chinois Huawei, il existe presque autant de sons de cloches que de pays. Il ne faut pas oublier néanmoins que l'Europe n'est pas seulement au service des entreprises mais avant tout des citoyens et que l'Union européenne a aussi permis la fin des frais d'itinérances en juin 2017, ce qui n'aurait certainement jamais été proposé et mené à terme par les opérateurs.

Il est aussi bon de rappeler que la concentration des opérateurs et la politique libérale des États-Unis, souvent prises comme exemple, produisent aussi des tarifs prohibitifs pour les consommateurs. À titre d'exemple, le cabinet Arthur D. Little (ADL) dans une infographie avait montré que le prix moyen d'un forfait mobile en France était de 10€ contre 51€ aux États-Unis.

Orange et Deutsche Telekom : l'histoire sans fin

Récemment une rumeur de fusion, voire de rachat, entre Orange et Deutsche Telekom (depuis démentie) a fait couler beaucoup d'encre mais ce genre de rapprochement semble impossible pour le moment pour les opérateurs européens.

Deutsche Telekom et Orange ont d'ailleurs déjà réalisé des synergies, dans le cadre de leurs achats groupés, pour réduire les coûts comme beaucoup d'autres opérateurs européens. Le rapprochement entre ces deux géants avait aussi été tenté en 2017 mais était resté lettre morte après des mois de négociations. De trop nombreuses problématiques concurrentielles et les parts importantes détenues par la France et l'Allemagne dans ses deux entreprises ont mis un terme à leurs échanges.

Comme l'explique simplement le syndicat CFC-CGC d'Orange dans un article du quotidien Les Échos, "les synergies entre Orange et Deutsche Telekom sont déjà réalisées au travers de leur filiale commune d'achats. Compte tenu des réglementations pays par pays, il n'y a pas d'autres synergies possibles dans le secteur des télécoms".

Il semblerait d'ailleurs que cette fusion ne soit pas du tout dans les projets d'Orange, en tout cas pour les 5 prochaines années. L'opérateur a en effet présenté son plan de croissance "Engage 2025" mercredi dernier et il semblerait bien qu'Orange n'envisage aucun plan de fusion-acquisition. Comme le rapporte Les Échos, Stéphane Richard l'a confirmé en déclarant, "ce plan n'intègre aucune hypothèse de croissance externe".

Seulement quelques jours après la lettre co-signée avec 20 autres opérateurs exhortant l'UE à favoriser les rapprochements transnationaux, il semblerait que les fragmentations ne soient pas que du côté de l'administration européenne.

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