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Jeux, sports, divertissements : premières victimes de la crise énergétique ?

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L’appel à la sobriété énergétique et les prix fous de l’électricité et du gaz, ont déjà des conséquences importantes sur certains secteurs. Ceux du divertissement, de la culture et du sport doivent d’ores et déjà repenser leur activité. Piscines et patinoires fermées temporairement. Économie d’électricité dans les stations de ski ou dans les stades de football. L’hiver 2022 ne sera visiblement pas à la fête.

Les piscines font le grand plongeon

Les augmentations soudaines et conséquentes des factures de gaz et d’électricité ont dores et déjà poussé bon nombre d’établissements sportifs et de loisirs à fermer leurs portes.

À ce titre, la société française Vert Marine, qui exploite des piscines municipales, des parcs aquatiques ainsi que des patinoires a déjà été contrainte de fermer une trentaine d’établissements, a-t-elle annoncé ce lundi 5 septembre. En cause ? Une facture énergétique exponentielle.

L’addition s’est avérée trop salée pour les 90 établissements gérés par l’entreprise. Ce sont principalement les piscines qui ont fait l’objet de cette mise à l’arrêt, même si quelques patinoires sont également concernées par cette mesure draconienne.

Ces équipements aquatiques - pourtant publics - peuvent être gérés par des sociétés délégataires qui assurent l’entretien des bassins pour les collectivités et assument les coûts annuels que ceux-ci représentent. Parmi les dépenses majeures on compte donc le gaz consommé en grande quantité pour chauffer les piscines.

La facture énergétique payée par Vert Marine serait ainsi passée de “15 millions à 100 millions d’euros”, ce qui représente “la totalité du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise”, qui ne peut pas répercuter ces coûts supplémentaires sur les tickets d’entrée, au risque de tripler leur prix.

Vert Marine s’est justifié dans un communiqué de presse transmis à l’AFP, assurant que ces fermetures étaient prévues pour “une durée temporaire" et que les personnels des établissement concernés seraient "en chômage partiel”, en attendant de pouvoir dialoguer avec les collectivités quant à la marche à suivre pour gérer cette explosion des frais.

Auparavant, l’agglomération de Montpellier avait également décidé de réduire les jours d’ouverture de quelques-unes de ses piscines. À Paris, le choix de fermer des piscines est davantage lié au besoin de rénovation énergétique, afin d’économiser sur le long-terme, a expliqué Pierre Rabadan, adjoint au maire chargé du sport au journal Ouest-France.

Les fêtes foraines éteignent les lumières

Les fêtes foraines aussi doivent s’adapter à la crise énergétique. Les augmentations des prix de l’énergie forcent ces espaces ludiques à réviser leur manière de travailler. Celles-ci fonctionnant de jour comme de nuit avec beaucoup d’électricité, ont dû se rendre à l’évidence : pour poursuivre leur activité il s’avère indispensable de surveiller leur consommation.

Plusieurs reportages publiés par Le Parisien ou encore TF1 rapportent les témoignages de forains contraints de réduire leur éclairage sur les attractions, quitte, parfois, à éteindre entièrement leur manège entre deux tours afin de s’assurer d’économiser sur leur facture d’électricité qui s’annonce astronomique. La crainte de pénurie d’énergie cet hiver pousse donc bon nombre de forains à utiliser avec parcimonie cette denrée devenue rare et surtout, essentielle à leur activité professionnelle.

On imagine que les parcs d’attraction ouverts toute l'année sont également concernés par la crise énergétique. Le parc Walibi prévoit par ailleurs de répercuter le nouveau poids financier de la facture énergétique sur les tickets d’entrée pour la saison 2023. L’entrée adulte passera de 42 à 45 euros et celle pour les enfants de 37 à 40 euros. Pour Jean-Christophe Parent, patron du parc :

“Aujourd'hui, nous faisons face à des factures d'énergie qui flambent, mais il faut aussi compter la hausse des prix des denrées dont nous avons besoin dans nos restaurants, ou encore tous les produits que nous vendons dans nos boutiques qui nous coûtent plus cher au niveau de la production. En fait, nous sommes comme la majorité des secteurs…”

Les sports d’hiver remis en question

Les sports d’hiver, qui attirent en moyenne chaque année pas moins de 10 millions de touristes, suscitent également une vive préoccupation. Les stations de ski auront-elles les épaules pour assumer l’explosion des prix de l’énergie, après plusieurs hivers perturbés par la pandémie ?

C’est l’inquiétude qui règne au cœur des montagnes françaises. Le 3 septembre, Sébastien Giraud, le directeur général de la régie des remontées mécaniques de la station de ski de Villard-de-Lans partageait au micro de France 3 Régions sa crainte face à la perspective de ne pas pouvoir assurer la prochaine saison, il expliquait alors :

"Nous sommes dans l'incapacité de signer un nouveau contrat avec EDF au vu des propositions qui nous sont faites."

Chaque automne, les stations de ski négocient leur contrat d’électricité. Mais cette année les pourparlers s’avèrent tendus. Pour évoquer ce dilemme, les maires des stations de ski françaises ont rencontré le ministre de la Ruralité, de la Cohésion du territoire et le cabinet de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances à Bercy le 6 septembre.

A l’issue de la rencontre, Jean-Luc Boch, le maire de La Plagne et le président de l'association nationale des maires des stations de ski a assuré que l’activité se poursuivrait. L’arrêt du ski de nuit, pour stopper les remontées mécaniques avant 18h pourrait toutefois être envisagé, ainsi que des délestages momentanés.

À en croire ces conclusions, il sera donc - semble-t-il - possible de skier, mais à quel prix ? Faut-il par conséquent s’attendre à une forte augmentation des forfaits de ski ? Aucune mesure n’a été communiquée à ce propos.

Musées, médiathèques et événements impactés par la crise énergétique

Des lieux et des événements culturels ont également été touchés de près par cette course à l’économie. La ville de Strasbourg, gérée par une maire Europe Ecologie Les Verts, a déjà pris des décisions radicales avant même que l’automne n’arrive.

La municipalité a autorisé la fermeture de certains musées deux jours par semaine, par souci d’économie. De même pour les médiathèques dont les jours d’ouverture sont réduits. La décision de la mairie devrait ainsi permettre de ne pas avoir à répercuter cette hausse des prix de l’énergie sur les tarifs d’entrée dans les musées.

Côté événements, Strasbourg hésite également à reconduire un rendez-vous très apprécié par les Strasbourgeois : “l’événement des Rues libérées”.

Un Noël sans illuminations ?

L'Eurométropole de Strasbourg a donc fait la promesse de diminuer de 10% sa facture énergétique. S’il n’est pas question pour l’heure d’annuler son célèbre marché de Noël, qui attire environ 2 millions de personnes chaque année, quelques illuminations pourraient être remises en question durant la nuit, afin d’atteindre l’objectif visé. Parmi celles-ci, on présage un débat autour de l’incontournable sapin géant, illuminé chaque année. Siamak Agha Babaei premier adjoint à la maire de Strasbourg, se confiait ainsi auprès de France Bleu Alsace :

"Personne ne comprendrait aujourd'hui avec ce prix de l'électricité, quand il y a un risque de délestage pour les ménages, qu'on garde par exemple un sapin de Noël qui soit illuminé tous les jours, tout le temps et à toute heure."

D’autres collectivités planchent déjà sur un Noël moins énergivore. Sonia Brau, maire de Saint-Cyr-l'Ecole dans les Yvelines, expliquait à ce titre sur le plateau de BFM TV, que les décorations de noël pourraient être supprimées. L’urgence étant de conserver un approvisionnement en énergie des écoles avant tout autre chose.

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