Brexit : quelles conséquences sur les marchés de l'énergie ?

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Alors que les dirigeants de l’Union européenne affichent une fermeté totale à l’égard du Royaume-Uni suite au référendum, la question se pose de l’impact qu’aura le Brexit sur l'économie et la politique au Royaume-Uni et dans l’Union européenne. Dans le secteur de l’énergie, cet événement pourrait singulièrement compliquer la donne.

Bien qu’il s’agisse ici d’une situation inédite, puisque c’est la première fois qu’un Etat-membre prend la décision de quitter l’Union, certaines conséquences sont déjà prévisibles. Tour d’horizon.

Hausse des coûts des grands projets énergétiques

Si le Brexit devrait prendre effet dans un délai de deux ans aux termes du traité de Lisbonne, ses effets se font déjà sentir. Parce qu’il nourrit les incertitudes sur les marchés, en particulier au Royaume-Uni, le Brexit cause une hausse des taux d’emprunt, ce qui a pour effet d’accentuer le coût des projets impliquant un capital important.

Le secteur électrique, dans lequel des investissements massifs sont prévus dans les années à venir pour le remplacement d’ici 2020 de centrales nucléaires et à charbon vieillissantes, semble particulièrement exposé. Sous l’effet de la hausse des risques, certains projets pourraient être tout simplement abandonnés. Le développement du parc éolien maritime, une énergie renouvelable à haut rendement, semble menacé puisqu’il a tendance à mobiliser des capitaux importants.

Des droits de douane en hausse

En quittant l’Union européenne, le Royaume-Uni quittera aussi son marché unique. Par défaut, cela signifie que les taxes pour l’exportation vers l’Union européenne seront dès lors régies par les règles définies par l’OMC, impliquant des frais supplémentaires.

En pratique, ce basculement ne devrait avoir que peu de conséquences, d’abord parce que le Royaume-Uni n’exporte pratiquement pas d’énergie. Par ailleurs, l’électricité, le pétrole et le gaz naturel ne verront pas de hausse des taxes, ces denrées n’étant pas taxées dans le cadre des accords de l’OMC. En revanche certains équipements de production, ainsi que certains produits dérivés et substituts tels que le biodiesel, pourront être plus fortement taxés, à l’instar par exemple des réacteurs nucléaires (à 5,7%), et des turbines à gaz (à 4,5%).

A terme, les droits de douane qui seront appliqués dépendent des accords qui seront noués entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. or il est probable que le Royaume-Uni cherchera à rétablir son accès au marché unique. En fonction des négociations, ces droits de douane pourraient donc être révisés à zéro, des conditions déjà obtenues par la Suisse. Pour cela, il faudra sans doute que le Royaume-Uni accepte de se plier à certaines règles, notamment en contribuant au budget de l’Union européenne.

Le gel des projets d'interconnexion

Pour son approvisionnement en électricité, le Royaume-Uni compte pour 5% sur des importations depuis l’Union européenne. Cela est rendu possible par la connexion de lignes électriques depuis la France, les Pays Bas et d’autres pays. Pour soutenir l’équilibre du réseau, de nouvelles interconnexions sont actuellement en chantier, avec pour objectif de tripler les capacités de livraison d’ici 2024. Du fait du Brexit, ces projets pourraient être gelés pour des raisons réglementaires, ce qui pourrait conduire à une dégradation de la sécurité énergétique sur les îles britanniques.

Pas d’impact sur le projet d’EDF à Hinkley Point

EDF prépare depuis plus de dix ans le lancement d’un chantier de construction pour deux réacteurs nucléaires à Hinkley Point, en Angleterre. Malgré le Brexit, la ligne d’EDF reste la même. Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a précisé que la stratégie d’EDF « n'est pas liée à l'appartenance politique de la Grande-Bretagne à l'Union européenne, donc nous n'avons pas de raison de changer cette politique ».

Ce mercredi, le gouvernement britannique s’est à son tour montré rassurant sur le sujet. Lors d’une audition devant des parlementaires, la ministre de l’Energie a estimé que le projet ne serait pas influencé par le résultat du référendum. Le calendrier devrait donc être maintenu.

Effets à terme sur les politiques de l’Union européenne

Après sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni ne pèsera plus dans les négociations pour la construction du marché intérieur de l’énergie. Ceci pourrait avoir des conséquences notables sur les sujets dont Londres s’était fait l’avocat au sein de l’Union, tels que l’exploitation des gaz de schiste et la libéralisation des marchés de l’énergie.

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