Voiture électrique à 100 euros par mois : trop beau pour être vrai ?

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En 2022, Emmanuel Macron avait annoncé la mise en place d’une location de longue durée de voitures électriques à seulement 100 euros par mois. L’objectif : faciliter l’accès à ce mode de transport à tous les budgets. Ce dispositif devait voir le jour en 2023, mais reste pour le moment à l’état de promesse. Que sait-on de cette offre de location ?

Une offre de location de voitures électriques normalement prévue pour l’automne 2023

La France a décidé d’accélérer le développement des voitures électriques sur le marché de l’automobile. Comme l’ensemble des pays de l’Union Européenne, elle s’est engagée à mettre un terme à la production de véhicules à moteur thermique (essence et gazole) à l’horizon 2035. Les Vingt-Sept veulent atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et pensent donc d’ores et déjà à la promotion d’alternatives de transport plus propres.

La voiture électrique est une option fortement valorisée, mais encore faut-il trouver le moyen de la rendre accessible. En effet, le prix des voitures électriques est bien plus élevé que celui des voitures thermiques : il faut compter en moyenne entre 20 000 et 90 000 € pour l’acquisition d’une voiture électrique neuve. En 2023, la voiture électrique la moins chère du marché français est la Dacia Spring, dont le prix démarre à 20 800 €. Les véhicules d'occasion affichent quant à eux plutôt des prix allant de 5000 à 20 000 € en moyenne, d’après Engie. Ces budgets assez élevés restreignent donc l’accès à ce type de véhicule.

Emmanuel Macron a ainsi évoqué l’an dernier le désir du gouvernement de proposer une "offre abordable de voitures électriques pour tous grâce à une filière 100% française". Ces véhicules seraient accessibles sous la forme de location de longue durée (LLD), une pratique déjà utilisée par des concessionnaires automobiles.

Comment fonctionne une location de longue durée ? Cette pratique consiste à louer un véhicule pour une durée déterminée et avec un nombre limité de kilomètres chaque année. Certains services sont également intégrés : assurance, entretien, réparations, etc. Des mensualités sont payées par l’utilisateur du véhicule tout au long de la location, avec un éventuel surcoût en cas de dépassement du kilométrage.

Pour l'heure, la location de voitures électrique promise l’an dernier n’a toujours pas vu le jour. Toutefois, mercredi 26 avril, la Première Ministre Élisabeth Borne a tenu à rassurer l’opinion en rappelant que ce projet figure toujours dans les objectifs du gouvernement. “Concernant la voiture, nous lancerons dès l'automne une offre de location de véhicules propres à prix accessible", a-t-elle annoncé.

Le retard pour la mise en route de la location à longue durée serait principalement dû au manque de production de véhicules électriques issus de la filière française. En effet, les voitures électriques produites en dehors de l’Union Européenne sont plus nombreuses et surtout plus accessibles financièrement. Pour le moment, les constructeurs français et européens proposent relativement peu d’offres de véhicules électriques à bas coût. Or l’intérêt de ce dispositif est justement de privilégier l’industrie automobile française.

Quel prix pour cette location à longue durée ?

Les premières annonces d’Emmanuel Macron concernaient une offre à 100 euros par mois. Le loyer mensuel n'a toutefois pas été précisé par Elisabeth Borne dans sa dernière annonce, la Première Ministre évoquant simplement un “prix accessible”.

On sait néanmoins qu’un budget de 50 millions d’euros est prévu par l'État pour atteindre l’objectif de 100.000 véhicules électriques en LLD par an. Un problème majeur subsiste : il faudra trouver des véhicules correspondant sur le marché, or les offres de location à un prix autour d’une centaine d’euros sont très rares. Le gouvernement espère toutefois soutenir la conversion de la filière automobile française pour atteindre l’objectif de 2 millions de véhicules électriques produits en France à l’horizon 2030.

Espérons que ce prix puisse être aussi bas que prévu, car une location à longue durée à seulement 100 euros mensuels serait une aubaine et un vrai moyen de démocratiser l’accès à la voiture électrique. En effet, le loyer minimal auquel il est actuellement possible de louer un modèle français auprès d’un concessionnaire est de 150 euros. Il s’agit du montant proposé pour la Renault Zoé et la Peugeot e-208. De plus, il s'agit d’un prix de départ qui peut évoluer en fonction des options choisies dans le contrat de location.

Par ailleurs, les offres de location de véhicules électriques restent bien plus chères que pour des véhicules thermiques. D’après l’ONG Transport & Environment (T&E), qui a étudié “2,7 millions de prix de véhicules d’occasion dans les cinq plus grands marchés automobiles européens” sur la période de janvier 2017 à juin 2022, la LLD d’une voiture électrique représenterait environ “233 euros de plus par mois, ou 8 370 euros supplémentaires pour un contrat de location de 36 mois”. Dans ces conditions, difficile d’inciter les consommateurs à se tourner vers des véhicules électriques sans une alternative suffisamment intéressante.

Conditions d’attribution de l’offre de location

À ce jour, peu d’informations sont disponibles sur les conditions d’accès à cette offre de location. Le gouvernement a évoqué une cible composée avant tout de ménages précaires aux ressources financières limitées. Le dispositif devrait également concerner les professions libérales, certains professionnels du secteur socio-médical (aide-soignant, ambulancier, auxiliaire puériculture, etc) ainsi que les jeunes.

En revanche, le plafond de revenus pour pouvoir bénéficier de l’aide n’a pas encore été précis.

Quelles aides pour l’achat d’une voiture électrique ?

En attendant la mise en place du dispositif, il est possible de bénéficier de plusieurs autres aides à l’achat de voitures électriques. Ces aides dépendent du profil de l’automobiliste et du véhicule concerné.

La prime à la conversion

La prime à la conversion permet aux particuliers comme aux professionnels d’acheter un véhicule neuf ou d'occasion, en échange de la mise au rebut de leur ancien véhicule. Celui-ci doit nécessairement être un diesel d’avant 2011 ou un modèle essence d’avant 2006.

Le montant de l’aide dépend ensuite du nouveau véhicule acheté :

  • Jusqu’à 4 000 euros pour un véhicule thermique dont les émissions de CO2 sont inférieures ou égales à 122 g/km (ou 132 g/km si le véhicule a plus de 6 mois) ;
  • Jusqu’à 6 000 euros pour un véhicule électrique ou hybride rechargeable dont l’autonomie en mode électrique est supérieure à 50 km.

Le montant exact de la prime dépend en outre :

  • Du prix du véhicule acquis ;
  • De la nature du demandeur (particulier ou personne morale) ;
  • De son revenu fiscal de référence par part ;
  • D’une condition “portant sur la distance séparant son domicile de son travail ou la distance qu'il parcourt annuellement avec son véhicule personnel dans le cadre de son activité professionnelle”.

À noter La prime à la conversion peut être cumulée avec le bonus écologique et le bonus occasion. Il existe également une surprime - d'un montant maximum de 1 000 € - lorsque le bénéficiaire habite ou travaille dans une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) et qu’il a bénéficié d’une aide similaire attribuée par une collectivité territoriale.

Par ailleurs, depuis janvier 2023 seuls les Français dont le RFR/part est inférieur à 22 983 euros pourront bénéficier de ce dispositif. De plus, les foyers les plus modestes pourront quant à eux désormais profiter d’une prime plus avantageuse, notamment les ménages dont le RFR/part est inférieur à 14 089 euros.

Le bonus écologique

Le bonus écologique est une aide à l’achat qui s’adresse également aux particuliers comme aux professionnels. Elle vise à soutenir les consommateurs dans l’achat ou la location d’un véhicule exclusivement électrique, à hydrogène, ou fonctionnant par combinaison des deux. Le véhicule en question doit :

  • Peser moins de 2,4 tonnes. Les véhicules de catégorie M2 bénéficiant d'une dérogation de poids, et avec un poids total autorisé en charge inférieur ou égal à 3,5 tonnes sont également éligibles ;
  • Coûter moins de 47 000 euros ;

Le montant de l’aide est fixé à 27 % du coût d’acquisition TTC et plafonné à 5 000 euros pour les particuliers et 3 000 euros pour les personnes morales. Par ailleurs, les particuliers dont le revenu fiscal de référence par part (RFR / part) est inférieur ou égal à 14 089 euros peuvent bénéficier d’une augmentation de 2 000 euros de leur bonus.

Bon à savoir Le bonus écologique concerne également les voitures électriques sans permis. L’aide accordée est alors de 900 € maximum.

Le microcrédit véhicule propre

Ce dispositif s’adresse aux “personnes exclues du système bancaire classique, à faibles revenus ou en situation professionnelle fragile” qui souhaiteraient acquérir un véhicule neuf ou d’occasion peu polluant, que ce soit en LLD ou en location avec option d’achat (LOA). Les véhicules éligibles sont les mêmes que ceux pouvant bénéficier d’une prime à la conversion.

Le montant du prêt est calculé selon les revenus du demandeur et peut atteindre 8 000 euros, cumulables avec le bonus écologique et la prime à la conversion. Les ménages souhaitant faire la demande de ce microcrédit doivent s’adresser à un service d’accompagnement social. Le service se chargera alors de monter le dossier afin de le présenter à une banque agréée. Il peut s’agir de :

  • L’Adie ;
  • Les chambres régionales du surendettement social (Cresus) ;
  • La Fédération des familles rurales ;
  • La Fondation agir contre l’exclusion (Face) ;
  • Les Restos du cœur ;
  • Une mission locale ;
  • L’Union nationale des associations familiales (Unaf) ;
  • La Croix-Rouge ;
  • Le Secours catholique ;
  • L’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas) ;
  • Toute autre structure locale d’accompagnement.

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