5,8 millions de Français pourraient bientôt perdre leur chèque énergie : voici pourquoi

5,8 millions de Français pourraient bientôt perdre leur chèque énergie : voici pourquoi

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Déjà sous le feu des critiques pour son montant stagnant face à l'explosion des factures et pour un chaos administratif qui prive près d'un million de bénéficiaires de leur droit, le chèque énergie est désormais attaqué sur un nouveau front : l'écologie. Un rapport officiel de l'Inspection générale des finances (IGF) et de l'Inspection générale de l'environnement (IGEDD), publié en mai 2025, qualifie le dispositif d'aide comme "dommageable" à la biodiversité et propose de le réformer en profondeur. Une charge qui vient s'ajouter à un constat d'échec social et économique déjà dressé par la Cour des comptes en 2022.

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Le chèque énergie ne protège plus assez

Avant même les critiques écologiques, le chèque énergie est un dispositif qui montre de sérieux signes d'essoufflement. Conçu pour aider les 5,8 millions de ménages les plus modestes, son efficacité s'érode d'année en année. La raison est simple : alors que son montant de base est gelé depuis 2019 dans une fourchette de 48 € à 277 €, le coût de l'énergie a explosé.

Depuis la dernière revalorisation, la facture d'électricité a bondi de 33,2 % et celle du gaz de 56,8 %. Conséquence directe : la part de la facture couverte par le chèque énergie s'effondre. Pour l'électricité, le chèque maximal couvrait 21,5 % de la facture annuelle en 2019 ; il n'en couvre plus que 16,1 % en 2025. Le constat est encore plus sévère pour le gaz, où ce taux de couverture a chuté de 28,7 % à 18,3 %.

Un ciblage défaillant : une aide qui rate sa cible, selon la Cour des comptes

Dès février 2022, un rapport de la Cour des comptes pointait du doigt le principal défaut de conception du chèque énergie : son manque de précision. En se basant uniquement sur le revenu, le dispositif est à la fois trop large et pas assez ciblé

La moitié des ménages qui reçoivent le chèque ne sont pas en situation de précarité énergétique, tandis qu'inversement, un quart des foyers qui en souffrent réellement ne le perçoivent pas.

Cette situation a transformé le chèque énergie en une "aide sociale de soutien au pouvoir d’achat" plutôt qu'en un véritable outil de lutte contre la précarité énergétique. 

Chèque énergie : une aide qui subventionne les énergies fossiles

Cette critique sur l'inefficacité du chèque énergie n'est pas nouvelle. Le rapport de la Cour des comptes de 2022 soulignait déjà que "le fait que le chèque puisse financer de façon indiscriminée tout type d’énergie va à l’encontre des objectifs climatiques de la France".

Le nouveau rapport de l'IGEDD et de l'IGF de mai 2025 enfonce le clou en qualifiant le dispositif de "dommageable à la biodiversité". Pour les inspecteurs, le chèque énergie est à "approfondir en priorité" car il va à l'encontre des objectifs de sobriété. En ne faisant aucune distinction entre les sources, il "aboutit à subventionner pareillement l'usage d’énergies carbonées et décarbonées". La position officielle est sans ambiguïté :

La mission considère que tout soutien à la consommation d’énergie va à l’encontre de la sobriété énergétique [...] et que sans précision sur la nature de l’énergie, elle a un impact potentiellement défavorable à la biodiversité pour la part relative aux énergies carbonées.

Rapport IGF/IGEDD « Moyens publics et pratiques dommageables à la biodiversité », Mai 2025

Autrement dit, l'aide de l'État, d'un montant de 795 millions d'euros, finance indirectement la consommation de gaz et de fioul, des énergies fossiles dont la combustion est une cause directe du changement climatique, lui-même identifié comme une des pressions majeures sur la biodiversité.

Quelle alternative est proposée par les rapports officiels ?

Face à ce triple constat d'échec — social, économique et environnemental — les hauts fonctionnaires préconisent de transformer radicalement le dispositif. La Cour des comptes esquissait déjà en 2022 plusieurs scénarios, dont celui de "rendre cette aide libre d’emploi" ou de la "recentrer sur les énergies domestiques les moins carbonées".

Le rapport de l'IGEDD de 2025 va plus loin en proposant une refonte complète :

  • Substituer au chèque énergie des "aides aux revenus non conditionnées à la consommation d’énergie". Il s'agirait d'une aide directe versée aux ménages modestes, déconnectée de leurs factures, qui ne les inciterait plus à consommer.
  • Conditionner les compléments de revenus à des "objectifs de baisse de consommation d’énergie". Le versement de l'aide pourrait ainsi être lié à un engagement du ménage dans une démarche de sobriété, alignant enfin l'objectif social de lutte contre la précarité et l'objectif écologique.

Alors que le Gouvernement Bayrou est à la recherche de 43,8 milliards d'euros d'économies et s'est engagé à supprimer les dispositifs « improductifs », une aide de près de 800 millions d'euros, jugée inefficace par la Cour des comptes et « dommageable » par l'IGEDD, apparaît comme une cible évidente. 

La convergence de ces critiques techniques et de l'impératif budgétaire actuel pourrait donc bien sonner le glas du chèque énergie tel que nous le connaissons, offrant au gouvernement la justification parfaite pour le remplacer par un dispositif jugé plus juste et plus sobre.

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