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Le gaz naturel israëlien : une nouvelle manne pour l’Europe ?

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À l’étude depuis plusieurs mois par Jérusalem, la perspective de l’Israël de vendre du gaz à l’Europe semble se concrétiser. Dans un contexte de plus en plus tendu avec le Kremlin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen - en visite en Israël - a affirmé explorer “des voies pour renforcer [sa] coopération énergétique avec Israël” et ainsi se libérer du “chantage” Russe.

Une indépendance inévitable

En pleine visite en Israël, Ursula von der Leyen a rappelé qu’il était plus nécessaire que jamais pour l’Europe de s’affranchir de sa dépendance au gaz Russe qui fait, selon elle, l’objet de tous les chantages de la part du géant soviétique.

“Le comportement du Kremlin ne fait que renforcer notre volonté de nous libérer de notre dépendance aux énergies fossiles russes.”
gaz

Alors que le 31 mai dernier, un embargo sur le pétrole russe a été approuvé par les différents chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE (les importations pétrolières venues de Russie devraient prendre fin à 90% d'ici la fin de l'année 2022), la question du gaz reste épineuse. En effet, bon nombre de pays font les frais d’une dépendance exacerbée à cette ressource importée de Russie.

C’est le cas notamment de l’Allemagne, ou encore de l’Italie. Preuve en est, la décision du fournisseur transalpin Eni de répondre aux exigences du Kremlin, en réglant ses livraisons de gaz en roubles. Même son de cloche du côté de son homologue français Engie et ce, en dépit des recommandations de la Commission sur ce sujet.

Néanmoins - malgré une permission tacite accordée à ces fournisseurs - compte-tenu des coupures d’approvisionnement ordonnées par le géant Gazprom et la menace de cessation des exportations, l’objectif de la Commission réside bien dans l’indépendance totale vis-à-vis de la Russie. Et ce, de façon rapide. Reste pour l’Europe à trouver de nouvelles alternatives afin de pallier ses besoins en gaz naturel. C’est donc l’objectif principal de la visite d'Ursula von der Leyen en Israël.

La coopération avec Israël

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Lundi soir, la présidente de la Commission européenne a rencontré les ministres israéliens des Affaires étrangères et de l'Energie, Yaïr Lapid et Karine Elharrar. Elle devrait également s’entretenir dès ce mardi soir avec Naftali Bennett, Premier ministre.

Selon l’un des portes-parole de Karine Elharrar, von der Leyen a affirmé à plusieurs reprises que “l'UE [avait] besoin du gaz israélien”.

À en croire Dana Spinant, porte-parole de la Commission, des annonces concernant cette toute nouvelle coopération avec Israël, ainsi que d'autres partenaires dans la région devraient être formulées “dans les prochains jours”. Précisant au passage que la Présidente devrait se rendre en Egypte après sa visite en Israël.

1.000 BCM de réserves gazières

Face à la situation critique opposant l’Europe au régime du président russe Vladimir Poutine, il semblerait qu’Israël travaille d’arrache-pied afin d’être en mesure d’exporter ses ressources gazières en direction du vieux continent, par voie maritime. Cette rencontre semble donc augurer l’aboutissement des efforts déployés par le pays en vue de remplacer les achats de combustibles fossiles russes, prévu pour 2027, selon la Commission.

Pour rappel, Israël est entré dans le cercle des pays producteurs et exportateurs de gaz au début des années 2010, suite à la découverte de plusieurs réservoirs gaziers - par l’entreprise américaine Noble Energy - au large de ses côtes, en mer Méditerranée. Ces réserves sont aujourd’hui chiffrées à environ 1.000 BCM (milliard de mètres cubes). Une opportunité de taille pour l’Europe. À ce jour, le total des découvertes du bassin levantin (subdivision du bassin oriental de la mer Méditerranée) s'élève à environ 2.000 BCM, dont la moitié en Israël.

Deux problématiques essentielles

Toutefois, malgré des ressources colossales, le pays est confronté à deux problématiques de taille :

  • L'absence de gazoduc qui relierait ses plateformes de forage méditerranéennes aux marchés d’Europe du Sud.
  • Des tensions avec le Liban, à propos de la délimitation d’une partie de sa zone de droit exclusif. La plateforme installée par l’État Hebreu, censée extraire le gaz du champ de Karish, se trouverait en zone disputée entre les deux pays.

“Toute la difficulté est de trouver le bon compromis entre la technologie, la rapidité d'extraction et le coût des investissements.”

Eric Danon, ambassadeur de France en Israël

Du côté de l'exportation, trois possibilités s'offrent donc à l’Israël :

  1. Acheminer son gaz naturel en direction de l'Egypte, pays voisin déjà relié à l'État hébreu au moyen d’un pipeline, puis le liquéfier et le transporter par voie maritime en Europe ;
  2. Construire un gazoduc vers la Turquie qui est, elle, reliée à l’Europe ;
  3. Construire une nouvelle route des hydrocarbures en direction du sud de l’Europe.

Concernant ce dernier point, le projet EastMed avait déjà été inscrit en 2015 par la Commission européenne dans la liste de 195 projets d'infrastructures énergétiques essentiels, dits “projets d'intérêt commun”. Il s’agirait du plus long pipeline sous-marin de gaz naturel au monde. Celui-ci devrait impliquer quatre pays : l'Italie, Israël, Chypre et la Grèce.

“La crise ukrainienne nécessite de soutenir davantage l’exploitation des champs gaziers en Méditerranée orientale […] et les grands projets régionaux comme le gazoduc Eastmed.”

Thanassis Davakis, chef de la mission grecque à l’OTAN

En attendant l’éventuelle réalisation de ce projet d’envergure, il semblerait donc que l’objet de l’accord se concentre sur l’exportation du gaz produit en Israël vers l’Egypte via un pipeline. Le combustible sera ensuite exporté en direction des pays de l’Union Européenne.

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