Heures creuses

Heures creuses à -30% : c'est faux !

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Emmanuel Lechypre affirme hier sur RMC - Apolline Matin que les heures creuses sont 30% moins chères. Une affirmation qui ne résiste pas aux calculs et surtout qui est trompeuse, car il faut comparer les coûts de l'électricité en heures creuses au coût en base et non en heures pleines. Mais surtout l'occasion de soulever la faible compétitivité de l'option heures creuses.

Combien économise-t-on vraiment en heures creuses ?

Au tarif réglementé, les heures creuses coûtent 0,2068€ par kWh, contre 0,27€ par kWh pour les heures pleines et 0,2516€ par kWh en option base (l'option dans laquelle le prix du kWh est toujours le même, quelle que soit l'heure).

Ainsi si vous êtes en option heures pleines heures creuses et que vous décalez votre lave-vaisselle en heures creuses, vous économiserez 23,4%.

Extrait d'une émission de RMC annonçant -30% en heures creuses

Mais si vous hésitez entre l'option base et l'option heures pleines heures creuses, la différence est encore plus faible. En heures creuses, le kWh est seulement 17,8% moins cher que le prix du kWh en base. Et ce alors que le prix du kWh en heures pleines est 7% supérieur au prix en base.

Bref, dans le meilleur des cas, compte-tenu du surcoût d'abonnement, l'option heures creuses fera économiser à ses abonnés les plus assidus un petit 10% sur la facture par rapport à l'option base. Mais il faut vraiment être un stakhanoviste et décaler 71% de sa consommation sur les 8 heures creuses. Le ballon d'eau chaude ne suffira pas, il faudra des équipements de chauffage à forte inertie pour permettre de ne solliciter le chauffage qu'en heures creuses. Pour les consommateurs qui n'ont ni chauffage électrique ni borne de recharge, c'est tout bonnement impossible.

Les heures creuses sont-elles vraiment avantageuses ?

La question sous-jacente est celle de l'intérêt des heures creuses. Longtemps reléguées au rang d'option de seconde zone, elles ont même fait l'honneur en 2020 d'un article de 60 Millions de Consommateurs intitulé "Électricité : le mauvais plan des heures creuses". Depuis 2022, les heures creuses sont revenues en grâce et pour la plupart des consommateurs (30% de la consommation en heures creuses), leur impact est neutre par rapport à l'option base.

Quel dommage ! Cette option si utile à l'équilibre du réseau électrique, et essentielle pour faciliter l'intégration du solaire photovoltaïque dans le mix énergétique n'est donc pas particulièrement avantageuse. On ne s'étonne pas qu'une majorité de foyers ait choisi l'option base. Il va falloir une politique volontariste du régulateur pour remettre les heures creuses à la mode. La réforme en préparation, qui va introduire des heures creuses saisonnières, devrait en être l'occasion.

D'autres erreurs !

On entend dans la même émission diverses d'erreurs ! 

"Ca concerne 3 ménages sur 4" : non les chiffres de la CRE indiquent qu'en 2022, 45% des foyers clients du tarif réglementé étaient en heures pleines heures creuses, contre 50% en base et le reste réparti entre Tempo et EJP.

"Ca a été créé en 1960, donc on parlait de tarification dynamique ..." : on ne doit pas avoir la même définition de tarification dynamique ! Chez nous, cela désigne des prix qui varient à court terme en fonction de l'offre et de la demande sur le réseau.

"On peut choisir ses heures creuses, moi je sais que j'avais choisi 23h - 5h" : argh ! Non, c'est Enedis qui assigne les heures creuses au niveau du compteur pour lisser le basculement et on ne peut absolument pas choisir !

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