La consommation d'une ville comme Nantes pour... les serveurs de Google : le pacte fou signé avec TotalEnergies

La consommation d'une ville comme Nantes pour... les serveurs de Google : le pacte fou signé avec TotalEnergies

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Imaginez la consommation électrique de toute la ville de Strasbourg ou Nantes pendant une année entière : c'est le volume colossal (1,5 TWh) que TotalEnergies fournira à Google sur 15 ans pour alimenter les serveurs du géant américain dans l'Ohio. Cet accord, basé sur la production d'une nouvelle centrale solaire, confirme la stratégie des titans de la tech : sécuriser des volumes très importants d'énergie verte à long terme pour soutenir une croissance de l'intelligence artificielle dont la consommation énergétique devient un enjeu planétaire.

Un pacte de géants entre TotalEnergies et Google

L'annonce, officialisée ce 12 novembre 2025, est à la hauteur des deux protagonistes. TotalEnergies et Google ont signé un contrat d'achat d'électricité (ou PPA, pour Power Purchase Agreement) d'une durée de 15 ans. L'objectif : fournir 1,5 térawattheure (TWh) d'électricité renouvelable certifiée pour alimenter les data centers de Google dans l'Ohio, aux États-Unis.

Cette énergie proviendra directement de la centrale solaire "Montpelier", un projet développé par TotalEnergies dans le même État et actuellement en phase finale de construction. Une fois raccordée au réseau PJM, le plus vaste des États-Unis, cette centrale contribuera directement à décarboner une partie de l'infrastructure numérique dont dépendent des milliards d'utilisateurs. Comme l'a souligné Will Conkling, Directeur de l'énergie propre chez Google, cette collaboration vise à "déployer une énergie plus fiable et propre" pour soutenir cette infrastructure essentielle.

Pour TotalEnergies, cet accord s'inscrit dans une stratégie plus large visant à devenir un fournisseur clé des grandes entreprises technologiques. Le géant français déploie actuellement un portefeuille de 10 gigawatts (GW) d'énergies renouvelables aux États-Unis et a déjà signé des contrats similaires avec d'autres titans comme Microsoft et Amazon.

Des data centers plus gourmands que jamais

Ce contrat n'est pas anodin. Il est la réponse à un problème qui prend une ampleur exponentielle : la consommation énergétique des data centers. Ces derniers représentaient déjà près de 3 % de la demande énergétique mondiale en 2024, et l'explosion de l'intelligence artificielle ne fait qu'accélérer la tendance. L'entraînement et le fonctionnement de modèles comme GPT-5 ou Gemini nécessitent une puissance de calcul et donc une quantité d'électricité colossale.

Cette réalité place les géants de la tech dans une position délicate. Ils sont au cœur d'une "guerre de la communication énergétique". Récemment, Google a tenté une opération de transparence en publiant l'empreinte carbone de son IA Gemini, annonçant des chiffres très bas. Une communication aussitôt qualifiée de "trompeuse" par des experts, qui estiment que l'entreprise omet une grande partie de la consommation réelle, notamment l'eau utilisée pour refroidir les centrales électriques qui alimentent les serveurs.

Même si les puces deviennent plus efficaces, la consommation globale explose. C'est le fameux "paradoxe de Jevons" : plus un service est performant, plus on l'utilise, et sa consommation totale augmente. La signature de contrats d'énergie verte à long terme est donc devenue vitale pour ces entreprises, à la fois pour sécuriser leur approvisionnement et pour tenter de maîtriser une empreinte carbone qui ne cesse de croître.

Une course mondiale aux data centers "verts"

La bataille pour attirer et alimenter ces infrastructures critiques est devenue un enjeu stratégique mondial. Alors que Google et TotalEnergies s'allient dans l'Ohio, la France tente elle aussi de tirer son épingle du jeu. 

Début 2025, EDF a lancé des appels à projets pour proposer des terrains "prêts à l'emploi" pour de futurs data centers, notamment sur d'anciens sites de centrales thermiques déjà raccordés au réseau.

"Just plug, baby, plug !"

Lors du sommet de l'IA à Paris en février dernier, le président Emmanuel Macron avait lui-même vanté l'attractivité de l'électricité française, largement décarbonée grâce au nucléaire : "Ici il n’y a pas besoin de forer. Just plug, baby, plug ! L’électricité est disponible. Vous pouvez vous brancher. C’est prêt". Un appel direct aux géants du numérique pour qu'ils installent leurs infrastructures en France.

Cette course à l'accueil des data centers "bas-carbone" révèle la tension de notre époque. D'un côté, une prise de conscience de la nécessité de produire une énergie plus propre. De l'autre, une explosion des besoins tirée par une numérisation de la société qui semble sans fin. 

Des accords comme celui entre TotalEnergies et Google sont une partie essentielle de la solution, mais ils sont aussi le symptôme d'un défi énergétique dont nous ne faisons que commencer à mesurer l'ampleur.

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