Changement d'heure 2025 : pourquoi vous ne gagnerez que 3€ sur votre facture d'électricité

Changement d'heure 2025 : pourquoi vous ne gagnerez que 3€ sur votre facture d'électricité

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Depuis 1976, la France ajuste ses horloges deux fois par an pour aligner au mieux les heures d'activité sur l'ensoleillement, dans l'objectif initial de réduire l'utilisation de l'éclairage artificiel. Pourtant, alors que le 30 mars 2025 nous conduira à passer à l'heure d'été, force est de se demander si cette pratique, devenue une tradition, permet encore de réaliser des économies d'énergie suffisantes pour justifier ses inconvénients.

3€ par an d'économies réalisées grâce au passage à l'heure d'été

Selon les calculs réalisés par Selectra pour un appartement moyen de 70 m² (3 pièces) tout-électrique, la consommation annuelle atteint environ 11 969 kWh. En nous basant sur ces hypothèses, nos simulations montrent que l'économie annuelle permise spécifiquement par le passage à l'heure d'été s'élève à seulement environ 3,02 €/an, soit une économie négligeable d'à peine 0,12 % sur le montant de la facture annuelle.

Voici selon Selectra l'impact du passage à l'heure d'été pour différents types de logements :

Impact estimé du passage à l'heure d'été selon la configuration réaliste du logement (éclairage uniquement)
Type de logementNombre lampes LED utiliséesÉconomie annuelle d'énergie (kWh/an)Économie financière annuelle (€)Part de l'économie sur facture annuelle (%)
Studio de 30 m²
(6569 kWh/an)
4 lampes LED6 kWh/an1,21 €/an0,07 %
Appartement de 70 m², 3 pièces
(11.969 kWh/an)
10 lampes LED15 kWh/an3,02 €/an0,12 %
Maison de 150 m²
(19.769 kWh/an)
16 lampes LED24 kWh/an4,84 €/an0,12 %

Méthodologie utilisée

Pour réaliser ces calculs, nous avons d'abord estimé la consommation annuelle moyenne d'un ménage habitant un appartement de 70 m² (3 pièces), tout-électrique, à partir de notre outil d'estimation Selectra

Nous avons supposé un équipement type composé de 10 lampes LED de puissance 10 W (puissance totale 100 W). Le passage à l'heure d'été permet de décaler quotidiennement l'allumage de ces lampes d'environ une heure durant les soirées, pendant une période estimée à 150 jours par an. L'économie d'énergie annuelle liée à l'éclairage a ainsi été calculée comme suit : 
10 lampes × 10 W × 1 h/jour × 150 jours = 15 000 Wh, soit 15 kWh économisés par an.

En multipliant l'économie d'énergie annuelle obtenue pour l'éclairage (15 kWh) par le tarif moyen actuel de l'électricité (0,2016 €/kWh), nous obtenons une économie estimée à environ 3,02 € par an.

Quel impact du changement d'heure sur la consommation de chauffage et de climatisation ?

Selon l'étude Impact du changement d'heure menée par l'ADEME en 2010, dans les logements résidentiels, le changement d'heure génère une économie très modeste sur le chauffage, mais engendre parallèlement une hausse presque équivalente des besoins de climatisation, aboutissant quasiment à une neutralité énergétique (impact net résidentiel proche de zéro). 

En revanche, le milieu tertiaire (bureaux, commerces) réalise une économie notable en climatisation. Le bilan global chauffage/climatisation cumulé (résidentiel et tertiaire confondus) reste une économie nette d'environ 130 GWh par an selon les prévisions ADEME à horizon 2030.

Un passage à l'heure d'été toujours en vigueur

Le changement d'heure est instauré en France depuis 1976 et s'inscrit dans une tradition européenne harmonisée depuis 1998. Le passage à l'heure d'été se fait le dernier dimanche de mars. En 2025, ce changement aura lieu dimanche 30 mars à 2 heures du matin : il faudra alors avancer l'horloge d'une heure, ce qui fera passer l'heure légale de 2 h à 3 h du matin.

Cette mesure ne concerne que la France hexagonale. Les territoires d'outre-mer, à l'exception de Saint-Pierre-et-Miquelon, ne changent pas d'heure en raison des faibles variations d'ensoleillement dans ces zones.

Les origines historiques du changement d'heure

L'idée de modifier l'heure pour économiser de l'énergie remonte à Benjamin Franklin, qui, en 1784, suggéra de décaler les horaires afin de profiter davantage de la lumière naturelle, et ainsi économiser sur les chandelles. Toutefois, ce n'est qu'en 1916 que le changement d'heure fut appliqué pour la première fois, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, afin de réduire la consommation de charbon pendant la Première Guerre mondiale.

En France, l'heure d'été fut introduite en 1917, puis abandonnée à la Libération en 1944. Un décret du 14 août 1945 fixa alors l'heure légale avec un décalage d'une heure par rapport à l'heure de son fuseau (UTC+1). Finalement, le décret du 19 septembre 1975 réintroduisit l'heure d'été en France hexagonale pour faire face au choc pétrolier de 1973-1974, visant à réduire les besoins d'éclairage artificiel le soir. À l'origine, cette mesure devait être temporaire, mais elle est toujours en vigueur.

L'harmonisation européenne et l'objectif d'économies d'énergie

Dans les années 1980, chaque pays de l'Union européenne fixait ses propres dates de changement d'heure. Afin de faciliter les échanges et la coordination au sein de l'UE, la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001 a harmonisé ces dates :

Étant donné que les États membres appliquent des dispositions relatives à l'heure d'été, il est important pour le fonctionnement du marché intérieur de continuer à fixer une date et une heure communes pour le début et la fin de la période de l'heure d'été valables dans l'espace communautaire.

Directive 2000/84/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001 concernant les dispositions relatives à l'heure d'été

Selon l'ADEME, en 2009, cette mesure aurait permis d'économiser environ 440 GWh d'électricité, soit l'équivalent de la consommation en éclairage d'environ 800 000 foyers français. Cette mesure aurait permis également d'éviter l'émission de près de 44 000 tonnes de CO₂ par an. Toutefois, ces économies, qui ne représentent qu'environ 0,09 % de la consommation nationale (486 TWh en 2009), tendent à diminuer avec l'amélioration des technologies d'éclairage, telles que les LED. L'ADEME prévoit qu'à l'horizon 2030, le dispositif permettra d'éviter environ 340 GWh par an, un gain réel, mais en nette diminution.

Les économies potentielles : un argument désormais contesté

Le principal objectif du changement d'heure était de réaliser des économies d'énergie en réduisant l'utilisation de l'éclairage artificiel. Historiquement, cette mesure a permis d'économiser jusqu'à 440 GWh par an en 2009. Cependant, à l'ère des lampes basse consommation, ces économies se sont réduites et représentent aujourd'hui moins de 0,1 % de la consommation totale

La Commission européenne estime que, dans l'ensemble de l'UE, les économies réalisées se situeraient entre 0,5 % et 2,5 % de la consommation énergétique, un pourcentage qui, bien que réel, demeure relativement limité.

En parallèle, les économies induites par le changement d'heure permettent également d'éviter l'émission de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO₂ annuellement. Néanmoins, ces gains, bien que tangibles, sont souvent mis en balance avec les inconvénients du dispositif, tels que la perturbation du rythme biologique.

Au final, si le changement d'heure permet de réaliser des économies d'énergie, celles-ci sont désormais jugées modestes par rapport aux coûts non financiers qu'elle impose aux citoyens.

Les critiques et controverses actuelles

Les arguments contre le changement d'heure se multiplient. Outre les économies d'énergie désormais marginales, la perturbation du rythme biologique est de plus en plus pointée du doigt. Par exemple, une étude présentée en 2014 à l'American College of Cardiology indique que le risque de crise cardiaque le lundi suivant le passage à l'heure d'été serait 25 % plus élevé que lors des autres lundis.

De plus, les périodes d'obscurité prolongées, notamment lors du passage à l'heure d'hiver, représentent un danger accru pour les cyclistes, piétons et utilisateurs de trottinettes, augmentant le risque d'accidents. 

D'autres secteurs, comme l'agriculture, voient leurs horaires perturbés par ce changement, avec des heures de récolte décalées, tandis que des entreprises ultramarines, dépendantes d'une communication synchronisée avec Paris, subissent des décalages qui compliquent le télétravail et la télémaintenance.

Vers la fin du changement d'heure ?

Face aux faibles économies réalisées et aux nombreux inconvénients, le changement d'heure est de plus en plus contesté. Lors d'une vaste consultation européenne en 2018, près de 84 % des 4,6 millions de personnes interrogées se sont prononcées en faveur de sa suppression, tandis qu'en France, plus de 83 % des participants à une consultation en ligne en 2019 réclamaient la fin de cette pratique, avec 59 % en faveur d'un maintien permanent de l'heure d'été (UTC+2).

La Commission européenne a repris en 2025 sa proposition de directive visant à supprimer le changement d'heure saisonnier, permettant ainsi à chaque État membre de choisir de rester en heure d'été ou en heure d'hiver. Toutefois, la mise en œuvre effective de cette réforme reste en suspens pour plusieurs raisons. D'une part, la coordination entre les États membres s'avère complexe en raison des divergences culturelles et économiques. D'autre part, des secteurs sensibles, tels que le transport aérien, s'inquiètent de l'impact d'un décalage horaire hétérogène sur leurs opérations.

De plus, la crise sanitaire du Covid-19 a retardé la mise en œuvre de l'abandon du changement d'heure. Initialement prévu dès 2021, le projet d'abandon a été reporté, les priorités politiques et administratives ayant été redirigées vers des mesures d'urgence et de soutien économique durant la pandémie. 

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