Conclusion d'un appel d'offres géant dans l'éolien off-shore

Suivant la recommandation de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), le gouvernement clôt le dernier appel d'offres en cours pour des champs d'éoliennes offshores. Un processus qui a mis de nombreux mois à aboutir.


A l'origine, 4 appels d'offres

Eoliennes offshores

GDF Suez a remporté un appel d'offre concernant l'exploitation d'un parc d'éoliennes off-shore d'une capacité de production de 1000 MW.

Ségolène Royal, ministre du Développement Durable et de l'Energie vient d'attribuer au consortium mené par GDF Suez et Areva la concession de deux champs d'éoliennes d'une capacité de production de 1 000 MW. Ce n'est pas vraiment une surprise, mais c'est un dénouement heureux pour le groupe français, et une victoire personnelle pour Gérard Mestrallet, emblématique PDG de l'énergéticien. En effet, dans cette histoire d'éolienne, tout ne se passait pas pour le mieux pour l'ancien établissement public du gaz…

Au début de l'année 2012, deux appels d'offres étaient programmés. Le premier, dont la mise aux enchères était prévue pour le printemps 2012, concernait quatre parcs d'une capacité de 500MW chacun. L'autre projet ne portait que sur deux parcs d'une même taille, dont l'appel d'offres devait suivre de quelques mois le premier projet. Sur 5 champs d'éoliennes, pour un total de 2 000 MW de capacité de production, EDF et Alstom en raflaient 3 ! Un autre était remporté par l'espagnol Iberdrola et Areva, un dernier parc restait non attribué. GDF Suez ne remportait donc rien.

A la fin de l'année 2013, le gouvernement Ayrault a lancé le processus de mise aux enchères pour le second lot. Cette fois-ci, la Commission de régulation de l'énergie, chargée de peser le pour et le contre de chaque candidature selon des critères précis (prix de l'électricité, implantation industrielle, écologie), a déclaré être favorable au tandem GDF Suez - Areva. Les deux champs qui composent ce second appel d'offres totaliseront une capacité de production de 1 000 MW et seront motorisés par des turbines d'une capacité de 8MW, construites par Areva.

Le consortium poussé par la CRE finalement désigné

Il restait un doute pour les équipes de GDF Suez. En 2012, le gouvernent Fillon avait choisi de ne pas suivre totalement les recommandations de la CRE : deux ans après, les ministères pouvaient également décider de contredire la CRE. Mais ce n'est pas le cas, et les deux nouveaux parcs d'éoliens seront effectivement construits par GDF Suez, associé à EDP Renewables, groupe portugais leader des énergies renouvelables, et au français Neoen Marine. De nombreuses sociétés locales seront également impliquées dans ce projet, qui devrait créer 6 000 emplois.

La ministre s'est félicitée de l'appel d'offres qui s'achève. "Grâce à l'attribution de ces différents appels d'offres, de nouveaux parcs commerciaux seront érigés au large des côtes françaises pour une capacité totale de 1.000 mégawatts qui s'ajoutent aux 4 parcs éoliens en mer déjà attribués. C'est donc au total 3 000 mégawatts aujourd'hui qui sont portés par les entreprises ici représentées et par les différents partenaires » a-t-elle rappelé devant un parterre d'industriels. Ségolène Royal a même annoncé vouloir aller plus avant dans le développement de l'énergie éolienne. Un avis qu'elle a déjà eu l'occasion de partager avec ses homologues européens, au cours d'un sommet des ministres de l'énergie du G7. La tonitruante ministre a également élevé l'ambition du gouvernement dans la filière, et a annoncé le lancement de nouveaux projets.

Pour cela, son ministère devrait établir la liste des nouvelles zones capables d'accueillir des parcs éoliennes. Les premiers résultats de cette étude devraient être disponibles avant cet été. A cette fin, Ségolène Royal a rencontré récemment les industriels de la filière, pour "faire ensemble de la France, le chef de file en Europe dans ce secteur d'avenir." Il faut dire que cette filière d'excellence industrielle française promet bien des créations d'emplois et de nombreux investissements. Ils devraient s'élever à près de 3,5 milliards d'euros et générer 10 000 emplois dans les prochaines années.

Les habitants montrent peu d'entrain

L'enthousiasme de madame Royal réjouit les alliés écologistes du gouvernement, mais ne fait pas que des heureux. En effet, pendant ce temps, au Tréport, site choisi pour le nouveau champ d'éoliennes, on s'enthousiasme et on se congratule. Mais pas trop. Les habitants rejettent massivement ce projet, qui s'il ne doit être livré qu'en 2021, se traduira tout de même par l'installation, à quelques encablures des côtes, de 60 à 100 éoliennes. 15 kilomètres exactement sépareront le port de pêche des premiers géants des mers.

Une présence visible, qui menace également l'économie locale, assise sur la pêche artisanale. « Si on n'a plus de port de pêche, on perd notre âme, on perd notre cœur » déplore une restauratrice, tandis que Olivier Becquet, gérant de la coopérative des pêcheurs (CAPA) souligne l'analogie existante entre la situation de Tréport et la situation danoise, où les éoliennes offshores ont envahies les côtes : « Cela va être un désastre écologique et ce sera la mort de la pêche artisanale. Au Danemark, elle n'existe plus. »

Les raisons de cette inquiétude tiennent en quelques mots : la zone où seront implantées les éoliennes se confond avec la zone de pêche. Il n'est pas sûr que les soles, coquilles Saint-Jacques, seiches, turbots, tellines, crevettes, et autre pétoncles qui y abondent aient le bon goût de migrer… GDF Suez a beau assurer que les pêcheurs pourront jeter leurs filets entre les éoliennes, au port, on y croit pas. Les éoliennes ne sont espacées que d'un kilomètre : « jamais le préfet des affaires maritimes n'acceptera [la pêche], pour des raisons de sécurité ». Pour ceux-là, malheureusement, l'écologie prend une définition très ministérielle…

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