Flat tax : vos placements bientôt taxés à 36% ? Ce que prépare le gouvernement

Flat tax : vos placements bientôt taxés à 36% ? Ce que prépare le gouvernement

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La rumeur enfle, et elle inquiète déjà les épargnants. Selon plusieurs sources proches de Matignon, le gouvernement envisagerait une hausse de la flat tax, ce fameux Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 % appliqué aux revenus du capital depuis 2018. Objectif affiché : renflouer les caisses de l’État et ramener progressivement le déficit public sous contrôle. Mais derrière cette décision budgétaire, ce sont des millions de détenteurs d’assurance-vie, de PEA ou de comptes-titres qui pourraient voir la rentabilité nette de leurs placements fondre.

🔎 Petit rappel : qu’est-ce que la flat tax ?

Mise en place par Emmanuel Macron dès 2017, la flat tax – officiellement appelée prélèvement forfaitaire unique (PFU) – regroupe deux composantes :

  • 12,8 % d’impôt sur le revenu,
  • 17,2 % de prélèvements sociaux.

Résultat : un taux unique de 30 % appliqué aux dividendes, plus-values, intérêts ou encore gains issus de contrats d’assurance-vie et autres comptes épargne. Le but initial ? Simplifier la fiscalité, attirer les investisseurs et encourager l’épargne.

Problème : huit ans plus tard, le contexte budgétaire a changé. Avec un déficit public attendu à 5,4 % du PIB en 2025, l’exécutif cherche de nouvelles recettes. Et la flat tax pourrait bien être dans son viseur.

📈 Quelle hausse est envisagée ?

Deux scénarios circuleraient aujourd’hui dans les couloirs du pouvoir :

  1. Un relèvement à 33 % dès 2025, évoqué dans plusieurs documents budgétaires transmis au Conseil d’État.
  2. Un passage à 36 %, option plus radicale sondée auprès de certains acteurs économiques.

Dans tous les cas, le surplus de recettes attendu dépasserait un milliard d’euros. Mais pour les épargnants, la différence est loin d’être anodine : 3 à 6 % de fiscalité en plus sur leurs placements financiers.

🏦 Qui serait concerné par cette hausse ?

Tous les placements ne seraient pas logés à la même enseigne.

✅ Les épargnants protégés

Les livrets réglementés (Livret A, LDDS, Livret Jeune, LEP) resteraient sanctuarisés. Exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux, ils continueraient de générer des intérêts nets (ex. 300 € par an pour 10 000 € placés à 3 %).

⚠️ Les placements directement visés

  • Assurance-vie : les contrats de plus de 8 ans bénéficient toujours d’un abattement annuel (4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple). Mais la hausse du taux pèserait sur les contrats récents ou fortement alimentés.
  • PEA (Plan d’épargne en actions) : exonéré d’impôt après 5 ans, mais pas des prélèvements sociaux. Si ces derniers augmentent, l’avantage net du PEA serait réduit.
  • PEL et CEL : depuis 2018, les intérêts des nouveaux plans sont soumis à la flat tax. Ils subiraient donc pleinement la hausse. Les anciens PEL (avant 2018) pourraient être partiellement épargnés, sauf si le gouvernement choisit aussi d’augmenter les cotisations sociales.
  • Comptes-titres ordinaires : les grands perdants. Dividendes et plus-values subiraient intégralement la hausse, réduisant les performances nettes des portefeuilles boursiers.
  • Livrets bancaires fiscalisés : eux aussi directement impactés, avec un rendement net encore plus faible qu’aujourd’hui.

📉 Exemple concret : combien ça change ?

Prenons le cas d’un épargnant qui réalise 1 000 € de gains imposables via son assurance-vie ou son compte-titres.

  • Avec la flat tax actuelle (30 %) : il conserve 700 € net.
  • Avec une flat tax à 33 % : il tombe à 670 € net.
  • Avec une flat tax à 36 % : il ne garde plus que 640 € net.

Dit autrement : 60 € de perdus pour 1 000 € de gains. À l’échelle de portefeuilles de plusieurs dizaines de milliers d’euros, la facture grimpe très vite.

⚖️ Le débat politique : entre justice fiscale et désaveu pour Macron

Politiquement parlant, la mesure serait explosive. Pour Emmanuel Macron, augmenter la flat tax reviendrait à renier l’une de ses réformes phares, symbole de sa politique de l’offre et de l’attractivité économique.

Mais le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu insiste sur la nécessité "d’efforts partagés et justes". Selon lui, certains impôts augmenteront, d’autres diminueront. La flat tax pourrait donc devenir l’un des piliers de cette "justice fiscale".

Problème : dans un contexte de tensions sociales et de menace de dissolution de l’Assemblée, toute hausse de la fiscalité sur l’épargne risque de crisper davantage l’opposition… et les épargnants.

💡 Quelles stratégies pour les épargnants ?

En attendant une décision officielle (le projet de loi de finances doit être présenté d’ici mi-octobre), les épargnants cherchent déjà des solutions.

  • Diversifier ses supports : l’or physique est de nouveau sur le radar, certains investisseurs y voyant une protection contre le durcissement fiscal.
  • Profiter des abattements existants : notamment en assurance-vie pour les contrats de plus de 8 ans.
  • Arbitrer ses placements : privilégier les livrets réglementés pour la sécurité, garder une poche boursière pour le rendement long terme malgré la fiscalité.

⏳ Prochaines étapes

Le projet de loi de finances 2026 doit être :

  • présenté au Conseil des ministres début octobre,
  • examiné par le Conseil d’État et le Haut Conseil des finances publiques,
  • déposé à l’Assemblée nationale au plus tard le 13 octobre.

Le Parlement aura alors 70 jours pour trancher. Si aucune décision n’est prise, le texte pourra être mis en vigueur par ordonnance. Autant dire que les débats promettent d’être animés.

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