Comment une simple erreur informatique a fait monter les prix de l'électricité jusqu'à 15.000€ en Europe
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Comment une simple erreur informatique a fait monter les prix de l'électricité jusqu'à 15.000€ en Europe

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La semaine dernière, un vent de panique silencieux a soufflé sur les marchés de l'électricité en Europe. Sur les écrans des traders, des chiffres d'une absurdité déconcertante sont apparus, affichant des prix habituellement réservés aux pires scénarios de crise énergétique. Pourtant, dehors, pas de vague de froid sibérienne, pas de centrale à l'arrêt, rien. Le réseau tenait bon. Alors, que s'est-il passé pour que le système s'emballe à ce point, transformant une journée ordinaire en un véritable thriller numérique ?

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Le grain de sable dans la machine Picasso

Au cœur de cette tempête, un nom digne d'un grand maître : Picasso. Il ne s'agit pas du peintre, mais de la plateforme européenne chargée d'assurer l'équilibre du réseau électrique en temps réel.

C'est en quelque sorte le système nerveux central de notre approvisionnement, celui qui, chaque seconde, ajuste la production à la consommation pour éviter le black-out. Un outil d'une complexité inouïe, conçu pour être le garant de notre stabilité.

Pourtant, comme le révèle Montel News, le jeudi 23 octobre 2025, la plateforme Picasso a connu une grosse défaillance. Le problème provient d’une erreur d’interprétation des offres sur le marché. En temps normal, certains acteurs proposent d’être rémunérés pour réduire leur production ou augmenter leur consommation lorsque le réseau doit être soulagé, c’est ce qu’on appelle une offre négative.

Mais en raison du bug, le système a mal lu ces offres : il a inversé leur sens et les a traitées comme s’il fallait payer des montants exorbitants pour obtenir ce service, comme si le réseau faisait face à une situation d’urgence.

En raison de cette grave défaillance, selon des sources de marché relayées par Montel, en Allemagne, la courbe des offres a soudainement présenté un plancher artificiel de 15.000 € par mégawattheure. En se moyennant avec d'autres prix, le coût de l'équilibrage a grimpé jusqu'à environ 7500 €/MWh, tandis que d'autres marchés européens affichaient des pics dépassant les 4000 €/MWh. Des niveaux stratosphériques, totalement déconnectés de la réalité physique du réseau.

Une contagion qui révèle la fragilité du système

L'incident ne s'est pas limité à l'Allemagne. Par un effet domino, la vague de prix insensés s'est propagée à travers l'Europe centrale, illustrant la profonde interconnexion de nos réseaux. En Finlande, le gestionnaire du réseau Fingrid a immédiatement diligenté une enquête interne pour comprendre l'origine de ces "prix exceptionnels". Maria Joki-Pesola, l'une de ses responsables, a rapidement pointé du doigt un problème initié en Allemagne et propagé via Picasso.

Chez les acteurs du marché, l'incompréhension a vite laissé place à une certaine lassitude. « On dirait encore un cas où le marché Picasso agit de manière mystérieuse », a glissé, non sans ironie, Adam Erki Enok, un cadre de l'opérateur estonien Sunly. 

Cette remarque en dit long sur la méfiance qui s'installe progressivement autour de cet outil paneuropéen. Conçu pour harmoniser et sécuriser, il est de plus en plus perçu comme une source de volatilité extrême et imprévisible.

Face à l'urgence, les gestionnaires de réseau allemands, qui opèrent la plateforme nationale connectée à Picasso, sont passés en mode de secours, utilisant des prix de substitution pour les activations, et ont demandé aux fournisseurs de vérifier manuellement leurs offres automatiques. Un retour en arrière qui sonne comme un aveu de faiblesse pour une technologie censée tout automatiser.

Retour à une gestion manuelle temporaire

Par ailleurs, les opérateurs du réseau allemand (50Hertz, Amprion, TenneT et TransnetBW) ont confirmé une "erreur dans le transfert des offres" entre minuit et 11 heures du matin le 23 octobre. En attendant la résolution complète du bug, les activations se feront sur la base de prix de secours planifiés pour éviter de nouvelles anomalies, et les conséquences financières de cette erreur sont en cours d'analyse.

Des incidents à répétition qui ébranlent la confiance

Ce bug n'est malheureusement pas un incident isolé. Il vient nourrir un dossier déjà bien chargé contre la plateforme Picasso. L'Italie, par exemple, avait pris la décision radicale de se retirer temporairement du système en mars 2024 suite à des "événements de prix anormaux". Son retour, prévu pour novembre 2025, se fera dans un climat de suspicion, après que des modifications ont été apportées à l'algorithme.

Plus récemment, l'intégration de la Pologne et des pays baltes a donné lieu à des montagnes russes financières. Les prix y ont connu de très fortes fluctuations, passant d'une centaine d'euros à plus de 5500 euros en négatif en l'espace de quelques instants. Pour les traders, anticiper les prix sur cette plateforme est devenu un exercice périlleux, que certains comparent désormais à "un jeu de hasard".

Le mode de fonctionnement de Picasso, avec des ajustements demandés toutes les quatre secondes mais des données de marché mises à jour seulement toutes les heures, crée un décalage qui semble être à l'origine de cette instabilité chronique. 

Le dernier bug en date ne fait que renforcer l'urgence de repenser en profondeur la fiabilité de ces outils qui, en voulant optimiser nos réseaux à l'extrême, les exposent peut-être à des risques d'un genre nouveau.

Suivre le prix de l'électricité sur les marchés en temps réel

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