Déploiement de la fibre : le nouveau plan d’Altice-SFR expliqué

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Une semaine après sa proposition au gouvernement de fibrer la France entière sans aide de l’Etat, Altice-SFR revient sur ce projet qui a tant chamboulé l’univers des télécoms. Explications sur les raisons d’une telle initiative.

La promesse d’Altice-SFR : 100% du territoire couvert en fibre optique en 2025

Suite à une réunion interministérielle le 7 juillet, appelant les opérateurs à accélérer le déploiement du très haut débit en France, Altice-SFR a envoyé une lettre au gouvernement le 12 juillet, proposant de :

  • déployer la fibre optique sur 100% du territoire français d’ici 2025 (avec un objectif intermédiaire de 80% en 2022)
  • seul, et sans aide de l’état

Pour atteindre ces objectifs, l’opérateur prévoit de déployer environ 2,5 millions de prises par an, en s’appuyant sur une enveloppe annuelle de 2 milliards d’euros dédiée au déploiement et à l’amélioration de ses réseaux (mobile et fixe). Il s’agit ainsi d’une accélération des déploiements déjà en cours par l’opérateur. Des projets de déploiements confiés à une société dédiée, Altice Infrastructures.

Michel Combes, Directeur général d'Altice : Altice Infrastructures a vocation à détenir l’infrastructure.

Cependant, l’ambition de ce réseau ne serait pas de créer un nouveau monopole. Si l’opérateur s’engage déjà à ce que son réseau fibre soit ouvert aux autres opérateurs, aux conditions fixées par l’Arcep pour les Réseaux d’initiative publique, il ne manque pas de rappeler que des installations concurrentes pourront également être mises en place par les opérateurs. Un scénario qui se profile déjà, Altice-SFR étant décidé à déployer son propre réseau en parallèle du Plan France Très Haut Débit (THD).

Une rupture avec le plan national France Très Haut Débit

Lancé en 2013, le Plan France THD vise à couvrir l’ensemble du territoire d’ici 2022, soit théoriquement 3 ans plus tôt que le plan d’Altice-SFR. Cependant, ces derniers mois, il a fait l’objet de plusieurs critiques, que ce soit par la Cour des Comptes - qui estime que les objectifs fixés en termes de délai et d’investissement ne sont pas tenables - ou par Altice-SFR.

Le Plan France THD en bref : Destiné à couvrir l’ensemble du territoire en très haut débit d’ici 2022, le plan repose sur un découpage de la France en 3 types de zones. Les zones très denses, où les opérateurs sont libres de déployer leurs propres réseaux. Les zones moyennement denses (ou zones AMII) où le déploiement est effectué par Orange ou SFR suivant un accord de répartition. Les zones moins denses, où des Réseaux d’initiative publique (RIP) sont déployés par les collectivités locales, via une délégation de service public. Dans ce dernier cas, des subventions sont accordées à l’opérateur retenu pour effectuer le déploiement.

Le Plan France THD constitue un modèle unique qui, contrairement aux modèles les plus courants à l’étranger, vise à séparer les infrastructures de l’exploitation par les opérateurs. Un modèle unique, mais aussi obsolète selon le directeur d’Altice. Selon lui, le contexte aurait changé depuis la mise en place du plan France THD et celui-ci ne tiendrait plus ses promesses. Le plan actuel favoriserait notamment une inflation des coûts, sans pour autant favoriser un déploiement rapide.

Pour l’opérateur, la solution est simple : revenir à l’initiative privée et laisser les opérateurs déployer eux-mêmes les réseaux qu’ils exploitent, sans intervention de l’Etat.

Un changement de position qui rend sceptique ?

Risque de doublons des réseaux, engagements surréalistes, simple stratégie politique… les critiques vont bon train depuis la proposition envoyée par le groupe au gouvernement. Pour Michel Combes, ces débats masquent le fond du sujet et reflètent davantage la surprise des acteurs des télécoms quant au revirement de l’opérateur. Un changement de direction qu’il reconnaît pleinement et justifie par le parcours du groupe Altice (rachat de SFR, réorganisation) et des priorités qui ont évolué.

En effet, l’opérateur a préféré mettre d’abord l’accent sur son réseau mobile, à la fois pour rattraper son retard en 4G et pour mettre en avant ses capacités techniques et financières à déployer rapidement un réseau. En janvier dernier, Altice-SFR annonçait des déploiements records de son réseau en 2016, notamment en ce qui concerne son réseau mobile 4G. Une évolution qui a d’ailleurs placé l’opérateur en 1ère position dans le classement de l’Arcep en termes de couverture 4G.

Désormais, l’ambition d’Altice-SFR n’est pas tant de remettre en question l’intégralité du Plan France THD (même si c’est le cas pour les zones AMII), que de déployer son propre réseau en parallèle.

Quel intérêt pour Altice-SFR ?

Si Altice-SFR projette désormais un tel investissement dans le déploiement de la fibre optique, ce n’est pas simplement pour le bénéfice des consommateurs. L’opérateur a bien l’intention d’y trouver son compte. Les principaux enjeux :

  • Être propriétaire de ses propres infrastructures. Un enjeu pour le très haut débit fixe, mais également pour les futurs réseaux mobiles (notamment la 5G) qui s’appuieront également sur le réseau fibre.
  • S’émanciper des autres opérateurs, et ne plus devoir louer les réseaux détenus par d’autres. En effet, Orange étant propriétaire du réseau cuivre, Altice-SFR lui reverse environ 800 millions d’euros par an pour accéder au réseau. Un montant que l’opérateur souhaiterait économiser en connectant tous ses clients à son propre réseau fibre.

Si l’ambition du groupe est claire, les modalités restent cependant à préciser. Que ce soit en zone AMII ou sur les RIP où Altice-SFR est déjà présent, de nombreux cas particuliers vont demander l’attention de l’opérateur et d’autres acteurs sur le marché.

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